Il y a des soirs où le football ressemble à un scénario écrit à l’avance, presque trop beau pour être vrai. Imaginez : vous regardez un match la veille avec les kinés, vous lancez à la blague « mon rêve c’est de mettre un triplé un jour », et vingt-quatre heures plus tard, vous rentrez au vestiaire après en avoir inscrit trois. C’est exactement ce qui est arrivé à Corentin Tolisso.
Quand le destin fait un clin d’œil au foot français
Jeudi soir, en Serbie, l’Olympique Lyonnais a déroulé un festival offensif face au Maccabi Tel-Aviv (6-0). Mais au-delà du score fleuve, c’est l’histoire personnelle de Tolisso qui a marqué les esprits. Le milieu de terrain a signé le premier triplé de sa carrière professionnelle, sans le moindre penalty, et avec une dédicace inattendue à un joueur du PSG : Vitinha.
Oui, vous avez bien lu. Le même Vitinha qui, la veille, avait déjà réalisé l’exploit face à Tottenham en Ligue des Champions. Deux triplés de milieux techniques en deux jours, l’un au PSG, l’autre à l’OL. Le foot français nous a offert un feuilleton digne d’une série Netflix.
La petite phrase qui a tout lancé
Reprenons depuis le début. Mercredi soir, pendant que Paris renversait Tottenham (5-3), Tolisso est avec les kinés lyonnais, en soins ou en récupération. Vitinha plante son troisième but. Et là, presque comme une boutade, Corentin lâche :
« Quand Vitinha a mis trois buts, je leur ai dit que mon rêve c’est de mettre un triplé une fois dans ma carrière, juste une fois. »
Corentin Tolisso, au micro après le match
Moins de vingt-quatre heures plus tard, le rêve devient réalité. Premier but à la 25e, deuxième à la 39e (le 500e but de l’OL en compétitions européennes, rien que ça), troisième à la 53e. Trois gestes différents, trois moments de pure classe. Et surtout, aucun penalty. Tolisso y tenait.
« Souvent on met un triplé avec un pénalty mais aujourd’hui, j’ai réussi à mettre un triplé sans pénalty. Je suis très très content. » On sent la fierté dans sa voix. Et franchement, on le serait à moins.
Un triplé, mais pas n’importe lequel
Parce qu’un triplé, c’est déjà rare. Mais quand on regarde le parcours de Tolisso, ça prend une dimension supplémentaire. Champion du monde 2018, passé par le Bayern Munich, revenu à Lyon comme leader et capitaine… Et pourtant, jamais trois buts dans le même match. Même pas en jeunes.
- Une frappe lointaine précise pour le premier
- Une tête bien placée sur corner pour le deuxième (historique)
- Une reprise de volée clinique pour le troisième
Trois gestes de pur milieu complet. Pas de cadeau, pas de rebond favorable. Juste du talent et une confiance retrouvée après des mois compliqués par les blessures.
D’ailleurs, dans le vestiaire, il s’est pincé pour y croire. « Je me suis pincé quand je suis rentré dans le vestiaire pour être sûr que c’était réel. » Cette phrase résume tout : même lui n’y croyait pas encore.
Le clin d’œil au rival parisien
Ce qui rend l’histoire encore plus savoureuse, c’est cette inspiration venue… du PSG. Dans un championnat où la rivalité Lyon-Paris reste brûlante, voir Tolisso rendre hommage à Vitinha, c’est rafraîchissant.
On imagine la scène : les supporters lyonnais qui chambrent habituellement tout ce qui touche au PSG, et là, leur capitaine qui cite Vitinha comme source d’inspiration. Le football a parfois de ces moments où la beauté du jeu dépasse les couleurs.
Et puis, soyons honnêtes, c’est aussi une petite réponse sur le terrain. Pendant que certains parlaient encore du triplé de Vitinha, Tolisso a rappelé qu’en France, le talent est partout. Pas seulement dans la capitale.
Un capitaine qui montre l’exemple
Mais Tolisso n’a pas oublié l’essentiel. Malgré l’euphorie personnelle, il a immédiatement recentré le débat sur le collectif. Victoire 6-0, clean-sheet, première place du groupe en Ligue Europa, prestation aboutie… Tout y est passé.
« Ça fait plaisir d’avoir gagné, d’avoir mis autant de buts, de ne pas avoir encaissé, d’avoir proposé du bon football. On a pris ce match très sérieusement. »
C’est ça aussi, la marque des grands joueurs. Savoir célébrer sans oublier le groupe. Et en ce moment, Lyon en a besoin. Après quelques matchs sans victoire, cette démonstration arrive au meilleur moment pour relancer la machine.
Parce que oui, l’OL est leader de sa poule en Ligue Europa. Oui, les Français font une belle campagne européenne cette saison. Et oui, voir Tolisso à ce niveau-là change beaucoup de choses pour la suite.
Et maintenant ?
Maintenant, il faut enchaîner. C’est le mot qui revenait le plus dans la bouche du capitaine. Un triplé, c’est magnifique. Mais ça ne vaut que si ça lance une série.
Pour Tolisso, c’est peut-être le déclic tant attendu après des années galères physiques. Pour Lyon, c’est la confirmation que le projet prend forme. Et pour le foot français, c’est la preuve qu’on a encore de sacrés talents capables de faire rêver.
Alors oui, il y a des soirs où tout s’aligne. Une blague lancée aux kinés, un match parfaitement maîtrisé, trois buts magnifiques, et un clin d’œil au rival. Le football, dans ce qu’il a de plus beau.
Et quelque part, Vitinha doit bien rigoler en voyant ça. Parce qu’au final, c’est tout le foot français qui gagne quand deux joueurs de cette classe se répondent comme ça, à distance, avec classe et talent.
Corentin Tolisso a réalisé son rêve. Et nous, on a pris un plaisir fou à le vivre avec lui.
PS : si jamais vous croisez Tolisso dans les couloirs du Groupama Stadium, demandez-lui s’il a déjà pensé à un quadruplé. On ne sait jamais, avec lui, tout semble possible en ce moment…
