Imaginez un instant : un projet pharaonique de 20 milliards d’euros, suspendu pendant plus de quatre ans à cause d’une attaque djihadiste, qui reprend vie dans une région où les tensions sécuritaires et les enjeux climatiques s’entremêlent comme une toile complexe. C’est l’histoire du mégaprojet gazier de TotalEnergies au Mozambique, un pari économique audacieux qui soulève autant d’espoirs que de controverses. Comment une entreprise française se retrouve-t-elle au cœur d’un tel défi, entre promesses de développement et accusations de bombe climatique ? Plongeons dans cette aventure où énergie, économie et environnement s’entrechoquent.
Un Retour Très Attendu, Mais Controversé
Après des années d’incertitude, le géant français de l’énergie a décidé de relancer son projet de gaz naturel liquéfié (GNL) dans la province de Cabo Delgado, au nord-est du Mozambique. Ce projet, stoppé net en 2021 suite à une attaque meurtrière dans la ville de Palma, marque un tournant stratégique pour l’entreprise et pour le pays. Mais cette reprise ne va pas sans défis : elle doit encore obtenir l’aval du gouvernement mozambicain, et les critiques environnementales fusent.
Ce projet pourrait transformer le Mozambique en un acteur majeur du gaz mondial, mais à quel coût pour la planète ?
– Expert en énergie durable
Pourquoi ce projet suscite-t-il tant de débats ? D’un côté, il promet des retombées économiques colossales pour un pays en quête de développement. De l’autre, il est pointé du doigt comme une menace pour l’environnement et la stabilité régionale. Pour comprendre, explorons les multiples facettes de cette initiative.
Un Projet aux Enjeux Économiques Immenses
Le projet Mozambique LNG, porté par TotalEnergies, représente un investissement de 20 milliards d’euros, une somme astronomique qui pourrait redessiner l’économie de ce pays d’Afrique australe. Située à Afungi, dans une région riche en réserves de gaz découvertes au début des années 2010, l’usine de GNL ambitionne de faire du Mozambique l’un des dix plus grands producteurs mondiaux de gaz d’ici 2040. Selon des analyses récentes, ce projet pourrait contribuer à hauteur de 20 % à la production gazière africaine dans les prochaines décennies.
- Emplois locaux : Des milliers d’emplois directs et indirects sont attendus, dynamisant l’économie de Cabo Delgado.
- Infrastructures : Routes, ports, et autres installations verront le jour pour soutenir le projet.
- Revenus fiscaux : Les exportations de gaz pourraient remplir les caisses de l’État mozambicain.
Mais, comme souvent, les promesses économiques s’accompagnent de risques. La région de Cabo Delgado reste instable, marquée par une insurrection armée affiliée à des groupes extrémistes. Cette situation complique non seulement la sécurité des travailleurs, mais aussi la perception du projet par les investisseurs internationaux.
Un Contexte Sécuritaire Explosif
En 2021, l’attaque de Palma a fait plus de 800 morts, selon des organisations spécialisées dans le suivi des conflits. Cet événement tragique a conduit TotalEnergies à déclarer la force majeure, suspendant les opérations pour des raisons de sécurité. Depuis, la situation s’est légèrement stabilisée, notamment grâce à l’intervention de forces rwandaises et mozambicaines, mais l’insurrection reste active. En 2025, les attaques contre les civils ont presque doublé par rapport à l’année précédente, selon des données de l’ONU.
La sécurité est un prérequis pour tout projet d’envergure. Sans stabilité, les investissements risquent de s’effondrer.
– Analyste en géopolitique
Ce climat d’insécurité a également donné lieu à des accusations graves. Des plaintes ont été déposées contre TotalEnergies, pointant du doigt une supposée négligence dans la protection des sous-traitants et des populations locales lors de l’attaque de 2021. Des enquêtes sont en cours, tant au niveau local qu’international, pour faire la lumière sur ces allégations.
Une Bombe Climatique Controversée
Si les enjeux économiques et sécuritaires sont déjà complexes, l’aspect environnemental du projet est peut-être le plus brûlant. Les organisations écologistes qualifient ce type d’initiative de bombe climatique, un terme qui revient souvent pour désigner les projets d’extraction de combustibles fossiles à grande échelle. Pourquoi ? Parce que l’exploitation du gaz naturel, bien que moins polluante que le charbon ou le pétrole, génère des émissions de gaz à effet de serre significatives.
| Aspect | Impact | Critiques |
| Production de GNL | Augmentation des exportations | Émissions de CO2 élevées |
| Développement local | Création d’emplois | Déplacement de populations |
| Infrastructures | Modernisation régionale | Dégradation des écosystèmes |
J’ai toujours trouvé fascinant comment un même projet peut être vu comme une aubaine par certains et une catastrophe par d’autres. Les ONG environnementales, par exemple, estiment que ce projet compromet les engagements mondiaux en matière de réduction des émissions. Pourtant, pour le Mozambique, il représente une chance unique de sortir de la pauvreté. Ce paradoxe est au cœur du débat sur la transition énergétique.
Un Équilibre Précaire avec les Partenaires Internationaux
Le projet de TotalEnergies n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une dynamique régionale où d’autres géants énergétiques, comme ExxonMobil, jouent un rôle clé. La décision de TotalEnergies de lever la force majeure pourrait d’ailleurs influencer la reprise d’un autre projet gazier dans la région, celui de Rovuma LNG, porté par ExxonMobil. Ce dernier attend un signal clair pour finaliser son propre investissement.
Le président mozambicain a récemment effectué une visite aux États-Unis, où des discussions avec des acteurs majeurs de l’industrie pétrolière ont eu lieu. Ce voyage illustre l’importance stratégique du Mozambique dans le paysage énergétique mondial. Mais il soulève aussi une question : comment concilier les intérêts des multinationales, les besoins du pays et les impératifs climatiques ?
Quel Avenir pour le Mozambique et TotalEnergies ?
La relance du projet gazier est une étape décisive, mais elle ne marque pas la fin des défis. Le gouvernement mozambicain doit encore approuver un addendum au plan de développement, ce qui inclut une mise à jour du budget et du calendrier. Par ailleurs, les tensions locales et les préoccupations environnementales continueront de peser sur l’avenir du projet.
- Approbation gouvernementale : Une étape cruciale pour confirmer la reprise des travaux.
- Sécurisation du site : Renforcer la protection pour éviter de nouvelles attaques.
- Dialogue avec les ONG : Trouver un terrain d’entente sur les impacts environnementaux.
En tant que rédacteur, je ne peux m’empêcher de me demander si ce projet est une opportunité historique ou un pari risqué. Peut-être un peu des deux. Ce qui est sûr, c’est que le Mozambique se trouve à un carrefour, entre développement économique et défis climatiques. Et TotalEnergies, en tant que leader, aura un rôle déterminant dans la façon dont cette histoire se déroulera.
Ce projet gazier, c’est un peu comme une pièce de théâtre avec plusieurs actes : l’espoir économique, la tragédie sécuritaire, et le suspense environnemental. Chaque acte soulève des questions qui n’ont pas de réponses simples. Mais une chose est claire : les décisions prises aujourd’hui auront des répercussions pour des décennies. Qu’en pensez-vous ? Le Mozambique peut-il devenir un géant du gaz sans sacrifier son avenir climatique ?
