Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, quand on parle de bras de fer, on imagine toujours des gros bras poilus et des barbes de bucheron ? Moi, pendant longtemps, oui. Et puis j’ai découvert qu’il existait des femmes capables de plier n’importe quel cliché en deux secondes chrono, juste avec la force de leur poignet. Ce samedi 29 novembre à Massy, dans l’Essonne, quelque chose d’historique va se produire : le premier tournoi entièrement dédié au bras de fer féminin en France. Et franchement, il était temps.
Quand une championne décide de faire bouger les lignes
Marie Balon a 32 ans, elle vient de Massy, et en à peine un an et demi de pratique, elle est devenue championne de France bras droit et vice-championne bras gauche. Autant dire que quand elle pose son coude sur la table, ça ne rigole plus. Mais ce qui la motive encore plus que les médailles, c’est le constat qu’elle répète sans cesse : « Personne ne parle de nous. »
En Île-de-France, elle est pratiquement la seule femme à s’entraîner sérieusement pour la compétition. Les clubs existent, les tables aussi, mais les filles ? Quasiment invisibles. Du coup, trouver des partenaires d’entraînement relève du parcours du combattant. C’est là que l’idée du tournoi 100 % féminin a germé : créer un espace où les femmes peuvent enfin se mesurer entre elles, sans pression masculine, sans regard étonné genre « une fille qui fait du bras de fer, vraiment ? »
« Le bras de fer féminin souffre d’un énorme problème de représentation. Rien que pour s’entraîner, c’est compliqué. »
Marie Balon, championne de France
Un programme qui donne envie de pousser la porte
Le rendez-vous est fixé au bar-restaurant Ar Skewell, un lieu chaleureux à l’ambiance bretonne qui prête parfaitement ses tables pour l’occasion. Et le plus beau ? C’est gratuit et ouvert à toutes, absolument toutes.
L’après-midi commence en douceur avec une initiation pour les curieuses, celles qui n’ont jamais osé, celles qui pensent que le bras de fer c’est réservé aux films des années 80. Ensuite, un petit tournoi amateur où même les débutantes peuvent se lancer. Et puis arrive le moment sérieux : la compétition officielle avec les athlètes confirmées, celles qui s’entraînent des heures sur les techniques de hook, de toproll ou de press.
- 14 h : accueil et découverte du matériel
- 14 h 30 – 16 h 30 : initiation gratuite et mini-tournoi ouvert à toutes
- 17 h : début des combats officiels dans plusieurs catégories de poids
- Toute la journée : ambiance conviviale, crêpes, cidre et bonne humeur garantie
Le bras de fer, ce sport beaucoup plus technique qu’il n’y paraît
On a tous en tête l’image du mec bourré qui plaque son pote sur la table du bistrot. Sauf que le bras de fer sportif, c’est une tout autre histoire. C’est un mélange de force brute, oui, mais surtout de technique, de placement, de vitesse et d’endurance. Un peu comme l’échec, mais avec des veines qui explosent.
Les avant-bras, les fléchisseurs, les biceps, les épaules… tout travaille. Et chez les femmes, la puissance est parfois encore plus impressionnante parce qu’elle repose davantage sur la maîtrise que sur la masse musculaire pure. Résultat ? Des combats ultra-serrés où la moindre erreur de positionnement peut tout faire basculer en une fraction de seconde.
D’ailleurs, petite confidence : j’ai essayé une fois. J’ai tenu exactement 4 secondes contre une fille qui faisait deux fois moins de musculation que moi. Leçon d’humilité garantie.
Pourquoi un tournoi 100 % féminin change vraiment la donne
Au-delà de l’événement lui-même, c’est tout un message qui est envoyé. Dans un sport encore très masculin, créer un espace exclusivement féminin, c’est dire : on existe, on est fortes, et on mérite la même visibilité.
Parce que oui, il y a des catégories féminines dans les compétitions mixtes, mais elles sont souvent reléguées en fin de journée, avec trois spectateurs et demi. Là, à Massy, les projecteurs seront braqués uniquement sur elles. Et ça change tout : la pression, la préparation, la médiatisation, l’envie de progresser.
Marie Balon l’espère : cet événement sera le déclencheur. Que d’autres villes suivent, que des clubs ouvrent des créneaux spécifiques, que les jeunes filles osent pousser la porte des salles sans se sentir jugées. Parce que le bras de fer, comme tous les sports de force, n’a pas de genre.
Des athlètes qui cassent tous les codes
Parmi les compétitrices attendues, certaines viennent de loin. Il y a celles qui concilient entraînement intensif et vie de famille, celles qui ont commencé à 40 ans passés, celles qui travaillent dans des métiers physiques et celles qui sont infirmières ou profs. Toutes ont une histoire, toutes ont dû se battre contre les idées reçues.
Et puis il y a les jeunes. Des adolescentes qui découvrent le sport et qui, en voyant des femmes championnes, se disent que c’est possible. C’est peut-être là le plus beau cadeau de ce tournoi : montrer aux générations futures qu’on peut être forte, musclée, déterminée… et féminine.
« Dès que j’ai commencé le bras de fer, j’ai tout de suite su que j’allais continuer. »
Marie Balon
Et après ? Vers un vrai mouvement national ?
Si l’événement rencontre le succès espéré – et tout laisse penser que oui –, Marie Balon ne compte pas s’arrêter là. L’idée d’une ligue féminine, de stages dédiés, de partenariats avec des salles de sport commence à germer. Parce qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, mais un tournoi comme celui-ci peut clairement lancer une révolution.
En attendant, si vous êtes en Île-de-France ce samedi, ou même si vous devez faire un peu de route, passez au Ar Skewell. Venez voir, venez essayer, venez encourager. Parce que parfois, les plus grands changements commencent autour d’une simple table, coude contre coude.
Et qui sait… peut-être que la prochaine championne de France, c’est vous qui la regarderez se révéler sous vos yeux.
Le bras de fer féminin n’a plus envie de rester dans l’ombre. À Massy, ce 29 novembre, il va enfin prendre la lumière qu’il mérite. Et quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’en entendre parler.
