Vous est-il déjà arrivé de vous demander comment, en 2025, un gramme de cocaïne peut arriver chez vous plus vite qu’une pizza ? Moi oui, souvent. Et la réponse se cache aujourd’hui dans nos téléphones, ces petits rectangles qu’on ne lâche plus. Sauf que certains en ont fait une arme bien plus redoutable qu’on ne l’imagine.
Le grand exode numérique des trafiquants
L’année 2024 a marqué un tournant. Une plateforme autrefois intouchable a soudain décidé de coopérer avec la justice française. Résultat ? Des milliers de comptes liés au trafic ont été fermés du jour au lendemain. Panique à bord. Les dealers, habitués à une certaine tranquillité, ont dû faire leurs valises numériques en urgence.
Et là, surprise : ils n’ont pas tous choisi la même destination. Certains se sont rabattus sur des applications déjà très populaires auprès du grand public, d’autres ont découvert de nouvelles pépites ultra-confidentielles. L’une d’elles, au design presque identique à l’ancienne star déchue, a vu son nombre d’utilisateurs exploser en quelques semaines. Les forces de l’ordre, elles, courent toujours derrière.
« Le trafic ne s’arrête jamais, il s’adapte. Toujours. »
– Un enquêteur spécialisé que j’ai croisé récemment
Des profils qui n’ont plus rien à voir avec les clichés
On avait l’image du jeune de quartier en survêtement. Fini. Aujourd’hui, votre livreur de coke peut très bien être une retraitée tirée à quatre épingles, un étudiant en école de commerce ou une mère de famille qui arrondit ses fins de mois. Sérieusement.
Les réseaux recherchent désormais des profils « propres ». Des gens qui ne se font pas repérer au premier contrôle de police. Des personnes âgées pour transporter la marchandise dans le train, des jeunes filles pour livrer en scooter électrique, des graphistes free-lance pour gérer les comptes et créer des visuels alléchants. Le trafic se professionnalise à une vitesse folle.
- Retraitée de 68 ans arrêtée avec 8 kg dans le coffre
- Étudiante en communication qui gère trois « shops » en ligne
- Couple de quarantenaires qui livre uniquement le week-end
- Informaticien en télétravail qui code les bots de commande automatique
Ces exemples ne sortent pas de mon imagination. Ils sont devenus le quotidien des stups dans plusieurs grandes villes françaises.
Le crack, ce fléau qui ne recule pas
Pendant qu’on regarde les évolutions high-tech du trafic, il y a une réalité qu’on oublie trop souvent : celle des consommateurs les plus précaires. Et là, le tableau est noir, très noir.
Dans certaines zones, le crack a carrément remplacé l’héroïne. Pourquoi ? Parce qu’il est moins cher, plus facile à trouver, et surtout parce que la qualité de l’héroïne actuelle est souvent catastrophique. Résultat : des gens déjà en grande difficulté basculent dans une dépendance encore plus destructrice.
Ce qui me frappe le plus, c’est l’aggravation de la précarité. Les structures d’accueil sont débordées, souvent éloignées des centre-villes. Les consommateurs se retrouvent encore plus isolés, encore plus vulnérables. Et le cercle vicieux continue.
Comment les trafiquants recrutent sur LinkedIn (oui, vous avez bien lu)
Il fut un temps où on recrutait ses guetteurs dans la rue. Aujourd’hui, certains passent des annonces déguisées sur les réseaux professionnels. « Recherche graphiste freelance pour projet urgent – rémunération attractive – discrétion absolue ». Vous pensez que j’exagère ? J’aimerais bien.
Le trafic a compris une chose : les compétences numériques valent de l’or. Créer une identité visuelle cohérente, gérer plusieurs comptes simultanément, programmer des messages automatiques… Tout ça demande des talents que les dealers traditionnels n’ont pas. Alors ils vont les chercher là où ils sont : chez les jeunes actifs en galère financière.
La réponse des autorités : entre course-poursuite et impuissance
Les policiers spécialisés que j’ai pu rencontrer sont formels : ils n’ont jamais vu une telle vitesse d’adaptation. À peine une application est-elle infiltrée qu’une nouvelle apparaît. À peine un réseau est-il démantelé qu’un autre prend le relais avec des méthodes différentes.
Le ministre de l’Intérieur a récemment comparé le narcotrafic à une menace équivalente au terrorisme. La formule est forte, mais elle reflète une réalité : la violence explose, les règlements de comptes se multiplient, et l’argent de la drogue gangrène des pans entiers de l’économie.
« On démantèle un réseau, trois nouveaux apparaissent le lendemain. C’est sans fin. »
– Source policière
Et nous, dans tout ça ?
La question qui me taraude, c’est notre propre responsabilité. Quand on commande sa petite ligne le samedi soir via une appli qui ressemble à s’y méprendre à celle qu’on utilise mamie pour envoyer des photos des petits enfants… est-ce qu’on mesure vraiment ce qu’on finance ?
Parce que derrière l’écran, il y a des vies détruites, des quartiers entiers sous tension, des jeunes qui n’ont plus d’autre perspective que ce business mortifère. Et pendant ce temps, l’appli continue de biper tranquillement dans notre poche.
Le trafic de drogue ne s’arrêtera jamais complètement. Mais sa forme actuelle, ultra-connectée, professionnalisée, presque banalisée, devrait nous interpeller bien plus qu’elle ne le fait. Car demain, le livreur qui sonne à votre porte avec votre paquet Amazon pourrait très bien avoir un second job bien moins légal.
La guerre contre la drogue a changé de visage. Elle se joue désormais dans le silence de nos messageries chiffrées et dans l’indifférence d’une grande partie de la société. Et quelque part, ça fait bien plus peur que tous les faits divers réunis.
