Il y a des histoires qui vous prennent aux tripes dès le premier mot. Celle de Mikey Rijavec en fait partie. Un gars simple, passionné, qui partageait chaque semaine ses aventures de pêche sur YouTube… et qui, un matin de novembre, n’est jamais rentré.
Le 11 novembre 2025, quelque part au large de la Basse-Californie, à une quinzaine de kilomètres des côtes, il lance un appel de détresse. Puis le silence. Absolu.
Un créateur adoré, une communauté en choc
Si vous avez déjà passé du temps sur les chaînes de pêche en Californie du Sud, vous connaissiez forcément SD Fish and Sips. Près de 20 000 abonnés, des vidéos relaxantes où Mikey, sourire tranquille et casquette vissée sur la tête, attrapait du thon, du yellowtail ou simplement un poisson lune en sirotant une bière fraîche.
Il incarnait ce rêve américain un peu brut : vivre près de l’océan, sortir en mer dès l’aube, filmer ses prises, partager la beauté sauvage. Rien de tape-à-l’œil. Juste un mec sincère qui aimait ce qu’il faisait. Et ça se voyait.
Moi, je me souviens d’une de ses dernières vidéos – début novembre. Il rigolait parce qu’un phoque lui avait piqué un poisson juste sous le bateau. Ce genre de moment léger qui faisait qu’on se sentait presque à bord avec lui.
Le jour où tout a basculé
Ce 11 novembre, Mikey décide de sortir seul. Comme souvent. Son bateau ? Un petit skiff de 4,25 mètres, parfait pour les sorties rapides, mais franchement limite quand la mer se lève.
Vers le milieu de journée, il appelle les secours. Problème moteur. Il tente de réparer. Le moteur tombe à l’eau. Déséquilibré, le bateau chavire. Il arrive à le redresser – c’est déjà un exploit – mais l’embarcation prend l’eau rapidement.
Et puis… plus rien. Plus de nouvelles. Plus de Mikey.
« Nous ne savons rien de ce qui est arrivé à Mikey après cela »
Message de la famille sur la cagnotte de soutien
Des recherches titanesques
Pendant une semaine entière, c’est une mobilisation comme on en voit rarement.
- Des dizaines de bateaux privés appartenant à des abonnés et amis qui écument la zone
- La marine mexicaine déployée
- Les garde-côtes américains qui surveillent depuis le nord
- Des drones, des hélicos, des avions… tout y passe
Quatre jours après l’appel, on retrouve le bateau. Vide. Bleu turquoise, reconnaissable entre mille. Mais pas de Mikey.
Les recherches officielles s’arrêtent. La famille, elle, continue. Et c’est le lendemain – le 16 novembre – que le pire est confirmé : son corps est repêché près de San Cristóbal.
Il nous avait prévenus, en quelque sorte
Ce qui frappe, dans les messages de la famille, c’est cette phrase qui revient : « Mikey nous avait préparés ».
Il parlait souvent des risques en mer. Jamais pour se plaindre, juste pour rappeler qu’on ne joue pas avec l’océan. Il répétait à ses abonnés : toujours un EPIRB, toujours un gilet, toujours prévenir quelqu’un de son plan de navigation.
Mais ce jour-là, il était seul. Et parfois, même quand on fait tout bien, la mer décide autrement.
La pêche en solitaire : passion ou folie ?
Franchement, je me pose la question. Et je ne suis pas le seul.
Sortir seul à 15 km des côtes dans un bateau de 14 pieds, c’est une pratique courante chez les pêcheurs californiens expérimentés. Ils vous diront que c’est plus pratique, plus tranquille, qu’ils connaissent leur zone comme leur poche.
Mais quand ça tourne mal, il n’y a personne pour vous tendre la main immédiatement.
- Un problème mécanique → minutes précieuses perdues
- Une vague scélérate → chavirage en quelques secondes
- L’hypothermie qui s’installe vite même dans l’eau à 20°C
Mikey n’était pas un inconscient. Au contraire. Il avait tout l’équipement. Mais parfois, ça ne suffit pas.
L’héritage d’un gars vrai
Sa famille a écrit des mots qui restent en tête :
« Mikey était attentif et présent chaque jour, ce qui lui a permis de vivre une vie plus longue que ce qui peut être mesuré sur un calendrier »
C’est beau. Et c’est vrai. Il n’avait même pas 40 ans, je crois, mais il avait vécu à fond. Chaque sortie en mer, chaque vidéo, chaque poisson remonté avec ce sourire timide… c’était du bonheur pur.
Aujourd’hui, sa chaîne s’est arrêtée à la vidéo du 3 novembre. Elle fait mal à regarder. On sait qu’il n’y en aura plus.
Ce qu’on peut retenir, tous
Cette histoire, ce n’est pas juste la tristesse d’une disparition. C’est un rappel brutal.
Si vous pêchez, si vous naviguez, si vous faites du kayak loin des côtes… prenez deux minutes pour vérifier :
- Votre balise de détresse fonctionne-t-elle vraiment ?
- Avez-vous prévenu quelqu’un de votre float plan précis ?
- Votre gilet est-il automatique ou faut-il le gonfler manuellement (et serez-vous capable de le faire en état de choc) ?
- Sortez-vous vraiment seul par gros coefficient de marée ou vent offshore ?
Ce ne sont pas des leçons moralisatrices. Juste des questions qu’on se pose trop tard, parfois.
Mikey, lui, ne reviendra pas. Mais peut-être que son histoire sauvera quelqu’un d’autre. Ce serait la plus belle des victoires.
Repose en paix, capitaine. La mer t’a repris, mais des milliers de personnes se souviendront toujours du gars souriant qui leur a fait aimer la pêche.
Et quelque part, ce soir, je suis sûr qu’il y a un yellowtail énorme qui nage tranquillement… sans se douter qu’il doit sa liberté à un pêcheur qui n’est plus là pour le remonter.
