Imaginez un peu : vous ouvrez un dossier vieux de quarante ans, deux millions de pages jaunies, et là, presque par hasard, un détail minuscule vous saute aux yeux. Un truc qu’on avait tous vu des centaines de fois sans vraiment le voir. Et soudain, tout s’éclaire. C’est exactement ce qui est en train de se passer, en ce moment même, dans l’une des affaires criminelles les plus glaçantes et les plus incompréhensibles d’Europe.
Entre 1982 et 1985, la Belgique a vécu sous la terreur d’un groupe qu’on a fini par appeler les tueurs fous du Brabant. Des braquages ultra-violents, souvent pour des butins ridicules, et surtout une sauvagerie gratuite : ils tiraient dans le tas, sur les clients, sur les enfants. Vingt-huit morts au total. Et puis, un jour, plus rien. Silence radio. L’enquête la plus chère de l’histoire belge qui tourne en rond pendant quatre décennies.
Le plus grand cold case du continent sur le point de basculer
Et voilà qu’en 2025, un indice qu’on croyait insignifiant refait surface. Un petit bout de photo calciné, retrouvé à l’époque sur une scène de crime, avec quelques mèches blondes encore visibles. Personne n’y avait vraiment prêté attention. Jusqu’à aujourd’hui.
Ce fragment pourrait bien être le chaînon manquant entre les tueurs du Brabant et une bande de criminels français particulièrement actifs à la même période, du côté de Charleville-Mézières. Oui, vous avez bien lu : la solution était peut-être juste de l’autre côté de la frontière, à quelques dizaines de kilomètres.
Retour sur une série de crimes qui a marqué des générations
Pour ceux qui n’auraient pas grandi avec cette peur diffuse dans les années 80, un petit rappel s’impose. Les attaques commencent en 1982. D’abord des vols d’armes, puis des braquages de supermarchés Delhaize et autres grandes surfaces. Mais pas n’importe quels braquages.
Les tueurs arrivent en pleine soirée, quand les familles font leurs courses. Ils tirent immédiatement, sans sommation. Le 27 septembre 1985 à Overijse, par exemple, ils tuent trois personnes, dont un enfant de 14 ans, pour… 25 000 francs belges. À peine 600 euros actuels. C’est absurde. C’est terrifiant.
- Mars 1982 : vol d’armes à Wavre
- 1983 : plusieurs attaques de supermarchés, déjà 8 morts
- Septembre 1985 : vague meurtrière à Braine-l’Alleud et Overijse
- 9 novembre 1985 : double attaque à Alost, 8 morts dont 3 enfants, dernier coup connu
Et puis plus rien. Comme si la terre les avait avalés.
Des pistes farfelues et des espoirs déçus pendant quarante ans
L’enquête, elle, a tout exploré. Vraiment tout. On a parlé de trafic d’armes, de règlement de comptes mafieux, de policiers corrompus. La thèse la plus médiatisée pendant longtemps ? Un complot politique orchestré par des extrémistes de droite pour déstabiliser le pays. On a même accusé des gendarmes belges. Des vies brisées, des carrières détruites, et toujours rien de concret.
J’ai suivi cette affaire pendant des années, comme beaucoup de monde de l’autre côté de la frontière. À chaque fois qu’un « rebondissement » était annoncé, on y croyait. Et à chaque fois, déception. On avait fini par se dire que ça resterait à jamais un mystère.
Le détail qui change tout : une photo brûlée et des cheveux blonds
Et puis arrive ce fragment de photo. Retrouvé calciné dans une voiture utilisée par les tueurs après l’un des braquages. À l’époque, on avait bien vu qu’il y avait des cheveux blonds dessus, mais sans plus. Les technologies de l’époque ne permettaient pas grand-chose.
Aujourd’hui, avec les nouvelles techniques de restauration d’image et d’analyse ADN, ce petit bout de papier prend une tout autre dimension. Et surtout, il semble pointer directement vers un groupe de malfaiteurs français bien connus des services de police dans les Ardennes dans les années 80.
Parfois, c’est le plus petit indice qui fait tomber tout l’édifice. Ce genre de détail qu’on a sous les yeux depuis le début, mais qu’on ne voit vraiment que des décennies plus tard.
La connexion française qu’on n’avait jamais vraiment explorée
Du côté de Charleville-Mézières, à l’époque, une bande particulièrement violente faisait parler d’elle. Des braquages à main armée, des fusillades avec les forces de l’ordre, une réputation de ne pas faire de prisonniers. Et surtout, des membres qui correspondaient étrangement bien au profil des tueurs du Brabant.
Ce qui frappe, c’est la proximité géographique. À vol d’oiseau, on est à moins d’une heure de route des lieux des derniers braquages belges. Et pourtant, pendant toutes ces années, la coopération franco-belge sur ce dossier est restée… disons, perfectible.
Aujourd’hui, les enquêteurs reprennent tout à zéro. Les dossiers français des années 80 sont ressortis. Les survivants de cette époque sont réentendus. Et surtout, cette fameuse « fille aux cheveux blonds » dont on aperçoit les mèches sur la photo devient la clé potentielle.
Pourquoi cette piste semble enfin tenir la route
Plusieurs éléments troublants se recoupent :
- Le mode opératoire : violence extrême même pour des petits butins
- Les armes utilisées identiques dans plusieurs affaires des deux côtés de la frontière
- Des véhicules volés en France retrouvés sur des scènes belges
- Et maintenant cette photo avec des cheveux blonds qui pourraient appartenir à une personne liée au milieu criminel ardennais
Ce n’est plus une intuition. C’est une convergence d’indices qui commence à ressembler à quelque chose de solide.
Ce que ça change pour les familles des victimes
Quarante ans. Quarante ans que des parents, des enfants, des frères et sœurs attendent. Certains sont morts sans savoir. D’autres ont consacré leur vie à maintenir la pression pour que l’affaire ne tombe pas dans l’oubli.
Si cette piste aboutit, ce sera bien plus qu’une résolution criminelle. Ce sera une forme de justice tardive, mais réelle. Et peut-être aussi la fin d’un traumatisme collectif qui a marqué toute une génération de Belges.
Et maintenant ?
L’enquête est relancée à plein régime. Les analyses ADN sont en cours. Les derniers témoins encore en vie sont réentendus. Pour la première fois depuis très longtemps, les enquêteurs parlent avec une prudence inhabituelle… mais aussi avec un enthousiasme qu’ils peinent à cacher.
On n’ose pas encore crier victoire. On a été trop souvent déçus. Mais cette fois, quelque chose a changé. L’atmosphère n’est plus la même. On sent que ça bouge. Vraiment.
La fille aux cheveux blonds, ce petit bout de photo calciné, ces mèches qui ont traversé les décennies… Peut-être que c’était ça, la clé. Peut-être que c’est enfin le début de la fin pour le plus grand mystère criminel belge.
Et quelque part, ça fait bizarre de se dire que parfois, la vérité attend patiemment, cachée dans le détail le plus insignifiant, qu’on finit toujours par voir… quand on est enfin prêt à la regarder en face.
