Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il advient des vieilles usines automobiles quand le vent tourne ? Moi oui, souvent. Surtout quand on parle de Poissy, ce site mythique des Yvelines où des générations entières ont fabriqué des Peugeot, puis des Citroën DS, et aujourd’hui des DS3 et des Opel Mokka. Mercredi, la nouvelle est tombée : l’usine ne fermera pas. Soulagement général. Mais en creusant un peu, on sent vite que le répit n’est pas synonyme de sérénité.
Un sursis officiel, mais jusqu’à quand ?
La direction du groupe Stellantis a été claire : il n’y aura ni fermeture, ni plan social à Poissy. Les 2 000 salariés peuvent souffler. Pour l’instant, les lignes continuent de tourner et les petites DS3 comme les Mokka sortent toujours des ateliers. Pourtant, un détail glace le sang : la production automobile « traditionnelle » n’est garantie que jusqu’en 2028. Après ? Mystère. On nous parle de diversification, de nouveaux projets, mais sans jamais nommer précisément ce qui arrivera.
Franchement, ça ressemble à ces communiqués qu’on lit entre les lignes : on sauve les meubles aujourd’hui pour mieux préparer… autre chose demain.
Poissy, une histoire qui pèse lourd dans le paysage industriel français
L’usine a ouvert ses portes en 1937 sous l’enseigne Peugeot. À l’époque, c’était la modernité absolue. Des décennies plus tard, elle reste le dernier site de production automobile en Île-de-France. Symbole fort. Quand on ferme une usine comme celle-là, ce n’est pas seulement 2 000 emplois directs qui tremblent, c’est tout un écosystème : sous-traitants, restaurants du coin, écoles techniques, clubs de foot sponsorisés… Tout vacille.
J’ai grandi pas très loin. Je me souviens des odeurs d’huile chaude et des klaxons des changements d’équipes. Voir ce géant menacé, ça touche.
« Elle ne fermera pas et il n’y aura pas de plan social »
Le directeur du site, lors de l’annonce officielle
Cette phrase a été répétée en boucle. Elle rassure… à moitié.
Diversification : le mot magique qui cache souvent la forêt
On nous promet donc une « diversification des activités ». En clair, l’usine ne fera plus seulement des voitures (ou plus du tout après 2028). Mais quoi alors ? Quelques pistes circulent :
- Reconditionnement de batteries pour véhicules électriques
- Fabrication de pièces détachées pour la mobilité douce
- Centre de logistique avancée
- Possibles activités liées à l’hydrogène ou à la data
Rien n’est acté. Et c’est bien là le problème. Les salariés que j’ai pu croiser récemment me disent tous la même chose : « On est contents de garder notre boulot, mais on aimerait savoir où on met les pieds. » Difficile de leur donner tort.
Dans l’automobile, la diversification a parfois été un joli mot pour dire « on va gentiment réduire la voilure ». J’espère me tromper, sincèrement.
2028, la date butoir qui hante les ateliers
Tout repose sur cette année charnière. D’ici là, les DS3 et Mokka continueront de sortir. Mais ensuite ? Deux scénarios se dessinent :
- Un nouveau modèle 100 % électrique attribué à Poissy (peu probable vu les investissements déjà engagés ailleurs)
- Une reconversion totale du site vers d’autres activités industrielles
Le second semble le plus réaliste. Stellantis a déjà transformé d’autres usines européennes : certaines font désormais des boîtes de vitesse électriques, d’autres du reconditionnement. Poissy pourrait suivre le même chemin.
L’emploi : le vrai sujet qui fâche
Officiellement, pas de plan social. Super. Mais quand une usine change de métier, les compétences aussi doivent évoluer. Tout le monde ne pourra pas (ou ne voudra pas) suivre. Les formations existent, bien sûr, mais elles prennent du temps et ne réussissent pas toujours.
Et puis il y a les intérimaires et les sous-traitants. Eux, on en parle beaucoup moins. Pourtant, ils sont plusieurs centaines à graviter autour du site. Leur avenir est-il garanti au-delà de 2028 ? Pas sûr.
Et l’État dans tout ça ?
Stellantis a reçu des aides publiques conséquentes ces dernières années (crédit d’impôt recherche, aides à la transition écologique, etc.). En échange, on attend généralement un minimum de contreparties sur l’emploi et la localisation. Là, le discours reste flou. On promet de « maintenir une « activité industrielle forte », mais sans calendrier précis.
Les élus locaux, eux, poussent pour obtenir des garanties écrites. On les comprend.
Ce que j’en pense, personnellement
Je trouve ça à la fois rassurant et terriblement frustrant. Rassurant parce que fermer Poissy aurait été un signal désastreux pour l’industrie française. Frustrant parce qu’on repousse l’inévitable sans vraiment préparer le terrain.
L’avenir de l’automobile passe par l’électrique, les nouvelles mobilités, le recyclage. Poissy a les infrastructures, les compétences, l’histoire. Avec une vraie vision à dix ans, ce site pourrait devenir un modèle de réindustrialisation verte. Sans vision, il risque de vivoter avant de dépérir doucement.
Espérons que la direction choisira la première option. Les salariés le méritent. La France aussi.
Et vous, qu’en pensez-vous ? L’usine de Poissy a-t-elle encore un grand avenir devant elle, ou assiste-t-on au chant du cygne de la production automobile en Île-de-France ? Dites-moi tout en commentaire, j’ai vraiment envie de connaître votre avis.
