Il y a des moments où la diplomatie choisit de sortir de sa réserve habituelle. Hier, quatre capitales européennes parmi les plus influentes ont décidé de parler d’une seule voix. Et le message est clair : trop, c’est trop.
Quand Paris, Berlin, Rome et Londres publient un communiqué commun pour demander à Israël d’agir contre les violences de certains colons en Cisjordanie, on sent que la patience arrive à son terme. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit une telle unité sur un sujet aussi sensible.
Un record qui fait froid dans le dos
Octobre 2025 restera dans les annales, malheureusement pour de mauvaises raisons. Selon les chiffres officiels des Nations Unies, 264 attaques de colons contre des civils palestiniens ont été recensées. Oui, vous avez bien lu : 264 en un seul mois.
C’est tout simplement le chiffre le plus élevé depuis que l’ONU a commencé à compiler ces données, en 2006. Des villages entiers vivent sous la menace permanente. Des oliveraies centenaires partent en fumée. Des familles se barricadent chez elles dès la tombée de la nuit.
Ces attaques doivent cesser. Elles sèment la terreur parmi les civils et sapent les efforts actuels visant à établir la paix et à assurer la sécurité durable de l’État d’Israël lui-même.
La phrase est signée par les ministres des Affaires étrangères français, allemand, italien et britannique. Et elle pèse lourd. Parce qu’elle dit explicitement que ces violences ne menacent pas seulement les Palestiniens : elles menacent aussi la sécurité d’Israël à long terme.
Des mots forts, mais après ?
On a déjà entendu des condamnations. Ce qui change cette fois, c’est le ton. Les quatre pays ne se contentent pas de “regretter” ou de “déplorer”. Ils exigent que les auteurs “condamnations verbales” se traduisent enfin en actes concrets.
En clair : arrêtez de dire que c’est inacceptable et commencez à poursuivre réellement les responsables. Parce que, soyons honnêtes, jusqu’ici les arrestations restent rares et les condamnations encore plus.
J’ai suivi ce dossier depuis des années, et je peux vous dire que ce genre de communiqué commun à quatre, aussi direct, on n’en voit presque jamais. C’est le signe que quelque chose est en train de bouger dans les chancelleries européennes.
L’expansion des colonies, l’autre point brûlant
Les ministres n’ont pas mâché leurs mots non plus sur la colonisation. Depuis le début de l’année 2025, près de 28 000 nouveaux logements ont été approuvés dans les colonies. Un record absolu.
Et parmi eux, le projet E1, ce vieux serpent de mer qui revient sur la table et qui, s’il se concrétise, couperait quasiment la Cisjordanie en deux. Difficile dans ces conditions de continuer à parler sérieusement d’une solution à deux États.
- Plus de 3 000 logements approuvés rien que ces dernières semaines
- Projet E1 officiellement relancé en août 2025
- Fragmentation accrue du territoire palestinien
- Opposition réaffirmée à toute annexion, même partielle
Les Européens le disent sans détour : cette politique doit être renversée. Pas demain, pas dans six mois. Maintenant.
L’étranglement financier de l’Autorité palestinienne
Il y a un troisième volet, souvent moins médiatisé mais tout aussi explosif : l’argent. Ou plutôt son absence.
Israël continue de bloquer le transfert des taxes et droits de douane qu’il perçoit pour le compte de l’Autorité palestinienne. Des centaines de millions de dollars qui dorment sur des comptes bloqués. Résultat ? Les salaires des fonctionnaires palestiniens ne sont plus payés intégralement depuis des mois.
Et là encore, les quatre capitales sont très claires : ce blocage est “injustifiable”. Pire, il risque de provoquer l’effondrement pur et simple de l’Autorité palestinienne. Ce qui, je vous le donne en mille, ne ferait plaisir à personne – ni aux Palestiniens, ni aux Israéliens, ni à la stabilité régionale.
Un effondrement financier de l’Autorité palestinienne ne ferait que nuire à la stabilité de la région et à la sécurité même d’Israël.
Communiqué commun du 27 novembre 2025
Et Trump dans tout ça ?
Petit détail qui a son importance : les Européens saluent “la nette opposition” du président américain” à toute annexion de la Cisjordanie. C’est assez rare pour être noté, surtout venant de gouvernements européens parfois critiques de Washington.
On sent une volonté de faire front commun, ou du moins de ne pas laisser aucune ambiguïté sur la position occidentale majoritaire. Même si, soyons réalistes, les leviers d’action restent limités face à la politique intérieure israélienne actuelle.
Pourquoi ce communiqué tombe-t-il maintenant ?
Plusieurs éléments se combinent. D’abord, l’explosion des violences cet automne a franchi un seuil symbolique. Ensuite, la relance du projet E1 a remis le feu aux poudres. Enfin, la situation économique palestinienne devient critique – on parle de services publics au bord de l’implosion.
Ajoutez à cela une lassitude croissante en Europe face à l’inaction répétée, et vous avez la recette d’un communiqué qui sort enfin les griffes.
Est-ce que ça changera quelque chose sur le terrain ? Franchement, je ne suis pas naïf. Mais c’est déjà une claque diplomatique retentissante. Et parfois, il faut commencer par là.
Et nous, simples citoyens, on fait quoi ?
On informe. On partage. On refuse la banalisation de la violence, d’où qu’elle vienne. On rappelle que la sécurité d’Israël passera, un jour ou l’autre, par la justice pour les Palestiniens aussi. C’est pas naïf, c’est réaliste.
Parce qu’une Cisjordanie à feu et à sang, des colonies qui s’étendent sans fin et une Autorité palestinienne en faillite, ça ne mène nulle part de bon. Ni pour eux, ni pour nous.
Le communiqué d’hier ne résoudra pas tout. Mais il rappelle une chose essentielle : l’Europe, même divisée sur beaucoup de sujets, peut encore parler d’une voix forte quand les lignes rouges sont franchies.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Les commentaires sont ouverts.
