Il y a des objets qui ne valent pas seulement par leur prix, mais par tout ce qu’ils portent en eux. Des souvenirs, des heures de travail, des émotions brutes. Quand on vous les arrache, c’est comme si on vous coupait un bout d’âme. C’est exactement ce qui vient d’arriver à une femme de Charente-Maritime, en pleine journée, à seulement un kilomètre de chez elle.
Je ne sais pas vous, mais moi, rien que d’y penser, j’ai le cœur serré.
Un cambriolage en plein après-midi qui change une vie
On est jeudi 20 novembre, il est un peu plus de 13 h 30. Elle est dans son champ, comme presque tous les jours depuis qu’elle s’est reconvertie dans l’agriculture. À la maison, tout est fermé, elle en est certaine. Trois heures plus tard, en rentrant, le choc. La porte forcée, les affaires sens dessus dessous, et surtout… son violon qui n’est plus là.
Pas n’importe quel violon. Un Albert Deblaye n°2911, fabriqué en 1928, vernis brun orangé, 35,5 cm de caisse. Un instrument qu’elle a racheté en 1996 à une musicienne de l’orchestre symphonique de Tours. Un violon qui l’a suivie au conservatoire de La Rochelle, qui a vibré sous ses doigts pendant des années, qui a dormi dix ans dans son étui avant qu’elle ne reprenne la musique il y a quatre ans. Et maintenant, plus rien.
« C’est une partie de ma vie qui s’est envolée. »
Quand elle prononce ces mots, on sent que c’est bien plus qu’un objet. C’est un compagnon de route, un confident, presque un membre de la famille.
Comment reconnaître cet instrument si vous le croisez
Parce qu’il y a peut-être une chance, infime, qu’il refasse surface. Voici les signes qui ne trompent pas :
- Vernis brun légèrement orangé, typique des années 20-30
- Plaque d’immatriculation intérieure : Albert Deblaye n°2911, 1928
- Mentonnière particulière, un peu rafistolée, souple
- Longueur de caisse exacte : 35,5 cm
- Archet en bois de pernambouc (très recherché lui aussi)
Si jamais vous voyez passer une annonce douteuse, un musicien qui vend « la trouvaille du siècle » à prix cassé, ou un dépôt-vente qui reçoit soudain un violon de cette époque… pensez à elle.
Les voleurs savaient-ils ce qu’ils prenaient ?
C’est la grande question. Un violon de luthier français des années 20, ça ne vaut pas des centaines de milliers d’euros comme un Stradivarius, mais ça a une vraie valeur, surtout avec son histoire. Et puis il y a l’archet en pernambouc, qui à lui seul peut valoir plusieurs milliers d’euros. Les cambrioleurs ont aussi pris les papiers d’identité et les clés du camion. Classique, diront certains. Mais emporter l’instrument, ça sent soit l’opportunisme, soit quelqu’un qui savait exactement où regarder.
Et franchement, ça fait peur. Parce que si c’est le second cas, ça veut dire que des gens repèrent les musiciens, les instruments, et passent à l’acte en pleine journée.
L’appel qui circule partout sur les réseaux
Depuis le vol, elle ne lâche pas l’affaire. Publications sur tous les groupes de musiciens, messages aux luthiers de la région, alertes sur les forums spécialisés. Elle demande une seule chose : ouvrir l’œil.
« Dites-le aux luthiers, surveillez les petites annonces, je ne peux pas être partout. »
Et c’est vrai. Un instrument comme celui-ci, ça ne disparaît pas dans la nature sans laisser de trace. Il finira forcément chez un réparateur, dans une salle des ventes, ou sur un site entre particuliers. Quelqu’un, quelque part, va le voir.
Pourquoi ces vols d’instruments sont plus fréquents qu’on ne le croit
Ces dernières années, on entend de plus en plus ce genre d’histoires. Violons, violoncelles, guitares vintage… Les instruments de musique sont devenus des cibles. Pourquoi ? Parce qu’ils sont petits, transportables, et qu’ils ont une valeur qui grimpe avec le temps. Un peu comme le vin haut de gamme ou les montres de collection.
Et puis il y a le côté émotionnel. Le voleur, lui, ne voit que l’argent rapide. Le musicien, lui, perd une partie de son identité. C’est violent.
J’ai discuté avec un luthier bordelais il y a quelque temps. Il me disait qu’il voyait passer régulièrement des instruments « douteux », sans facture, avec des étiquettes arrachées. Parfois, il refuse de les prendre. Parfois, il appelle discrètement la police. Mais tous ne le font pas.
Que faire si vous pensez avoir une piste
Un seul réflexe : contacter directement la gendarmerie de Saujon au 05.46.02.80.17. Pas de négociation avec le voleur, pas d’achat « par pitié ». Chaque minute compte pour que l’instrument revienne à sa propriétaire avant d’être revendu à l’étranger ou modifié pour effacer ses traces.
Un ami va lui prêter un violon dans les jours qui viennent, elle le sait. Mais ce ne sera pas le même. Jamais. La sonorité, l’équilibre, les marques du temps… tout ça, c’est irremplaçable.
Un élan de solidarité qui redonne espoir
Depuis que l’histoire circule, les messages de soutien pleuvent. Des musiciens proposent de relayer l’information dans leurs réseaux, des luthiers se disent vigilants, des inconnus partagent la publication en se disant « et si c’était le mien demain ? ».
Parce que oui, ça pourrait arriver à n’importe qui. Un musicien amateur, un professionnel, un collectionneur. Personne n’est à l’abri.
Moi je crois aux miracles parfois. Je crois qu’un jour, un luthier va ouvrir un étui, voir l’étiquette « Albert Deblaye n°2911 », et faire le lien. Je crois qu’un type va vouloir vendre trop vite et tomber sur quelqu’un qui connaît l’histoire.
Je crois que ce violon va revenir.
Parce que la musique, c’est plus fort que tout. Et que ceux qui aiment vraiment un instrument finissent toujours par le retrouver, d’une manière ou d’une autre.
En attendant, si vous croisez un violon brun orangé avec une mentonnière un peu bricolée… vous saurez quoi faire.
Partagez cet article. On ne sait jamais. Peut-être que grâce à vous, une musicienne de Charente-Maritime pourra rejouer sur son violon de 1928 avant Noël.
