Il y a des joueurs qu’on suit dès leurs premiers pas professionnels et dont on sent, presque instinctivement, qu’ils vont marquer leur époque. Zaccharie Risacher, du haut de ses 20 ans et de ses 2,06 m, fait clairement partie de cette catégorie. Un an et demi après avoir été choisi en tout premier par Atlanta lors de la Draft 2024 – un événement qui avait fait trembler la France du basket –, l’ailier originaire de Málaga (mais 100 % bleu-blanc-rouge dans l’âme) commence à montrer pourquoi tant de scouts le voyaient déjà comme un futur crack européen capable de s’imposer outre-Atlantique.
Je l’ai croisé il y a quelques jours à San Antonio, dans une chambre d’hôtel chic transformée en QG improvisé. Le gars sortait d’une grosse frayeur après un dunk violent suivi d’une chute impressionnante contre Phoenix. Rien de cassé, juste une hanche douloureuse. Il rigolait encore de sa maladresse, preuve que la pression ne semble pas encore lui couper les ailes.
Un sophomore qui ressemble… à un rookie amélioré
Les chiffres bruts, d’abord, parce qu’on adore ça. En ce 25 novembre 2025, Risacher tourne à 11,3 points, 2,6 rebonds en un peu plus de 24 minutes par match. C’est presque identique à sa saison rookie (12,6 pts, 3,6 rbds). Alors, stagnation ? Pas vraiment.
Ce qu’on ne voit pas dans la simple ligne de stats, c’est la sensation. Le gamin joue plus fluide, plus sûr de lui. Il prend moins de tirs forcés, lit mieux les défenses et, surtout, il tient beaucoup mieux le choc physique. Lui-même le dit sans détour :
« Physiquement, je me sens plus armé. J’arrive à mieux gérer les contacts. Le jeu a ralenti… ou plutôt, c’est moi qui réagis bien plus vite. »
Zaccharie Risacher
En clair : le « sophomore slump » tant redouté ? Pas vraiment chez lui. Plutôt un sophomore upgrade discret mais réel.
Le contexte collectif change tout
Atlanta est actuellement 5e à l’Est avec un bilan très solide de 11 victoires en 18 matchs. Et ça, c’est énorme pour comprendre le temps de jeu limité de Risacher. Sans Trae Young, blessé depuis fin octobre, les Hawks ont adopté une identité ultra-collective : on partage, on court, on défend dur. Résultat : même les titulaires voient leurs minutes plafonner.
Risacher, lui, reste starter. Il accepte le rôle de « soldat », comme il dit. Mais on sent que ça le titille un peu. Il veut plus. Et franchement, on a envie de le voir prendre plus.
Le tir à 3 points : toujours la grande attente
Quand Atlanta l’a drafté en n°1, c’était avant tout pour son profil d’ailier grand, mobile et surtout shooteur élite. En pré-draft, on parlait d’un potentiel « stretch 4 » à l’européenne, capable d’écarter le jeu et de punir à longue distance.
Pour l’instant, le pourcentage reste correct mais pas encore effrayant (autour de 36-37 % selon les périodes). Ce qui impressionne plus, c’est la variété : catch-and-shoot, tirs après dribble, en sortie d’écran… Il commence à montrer tout l’arsenal qui faisait saliver les scouts.
- Points forts actuels : spacing, défense sur plusieurs postes, QI basket déjà très élevé
- Points à débloquer : création individuelle, explosion au cercle, leadership vocal
Un caractère taiseux qui ne passe pas inaperçu
On le dit souvent discret, presque timide. Sur le terrain, il parle peu. Pas le genre à chambrer ou à faire le show. Lui assume totalement :
« Je ne suis pas méfiant, j’ai juste cette pudeur. Sur le terrain, je ne parle pas trop, je joue. La meilleure réponse, c’est un panier ou une victoire. »
C’est rafraîchissant dans une NBA où certains jeunes arrivent déjà avec le bagout d’une star confirmée. Risacher, lui, laisse parler le basket. Et ça fonctionne plutôt bien.
L’Euro 2025 : la claque qui fait grandir
L’été dernier, première grande compétition avec les Bleus. Un effectif rajeuni, sans Gobert, sans Fournier, sans Wembanyama. Beaucoup d’espoir, une belle cohésion… et puis cette élimination cruelle en huitièmes contre la Géorgie (70-80). Un énorme coup sur la tête.
Risacher, lui, refuse de tout balancer à la poubelle :
« Le résultat ne reflète ni le talent ni la cohésion du groupe. Cette expérience m’a fait grandir énormément. J’ai envie d’y retourner dès l’année prochaine. »
Il parle avec émotion de la préparation à La Roche-sur-Yon, des restos tous ensemble, de l’ambiance « guerriers » malgré la concurrence interne. On sent que cet échec l’a touché profondément… mais qu’il en a tiré une rage positive.
Quel joueur veut-il devenir ?
La question qui brûle toutes les lèvres. Risacher sait qu’on attend de lui qu’il devienne plus qu’un simple role player de luxe. Il le veut aussi. Mais il connaît la recette :
- Accepter le rôle actuel (défense, tir, énergie)
- Travailler comme un dingue pour ajouter des cordes à son arc
- Trouver l’équilibre entre collectif et développement personnel
Il rêve, en privé, de pouvoir un jour attaquer le cercle, créer son propre tir, devenir un vrai deuxième ou troisième option offensive. Pour l’instant, il bosse. En silence. Comme toujours.
Et la comparaison avec Wembanyama ?
Impossible d’y couper. Deux n°1 de draft consécutifs français, c’est du jamais-vu. Mais les profils sont radicalement différents. Wemby, c’est l’unicorne, le phénomène générationnel. Risacher, c’est le prototype d’ailier moderne, complet, travailleur, sans éclat tapageur mais avec une marge de progression énorme.
Lui ne se compare pas. Il admire, il échange, il avance. Et quelque part, c’est tout aussi excitant.
Bilan à mi-parcours de la saison sophomore
Alors, où en est-on vraiment ?
| Attente | Réalité actuelle | Verdict |
| 20-22 minutes | 24 minutes | ✓ |
| Titulaire régulier | Titulaire | ✓ |
| Progression physique | Évidente | ✓✓ |
| Explosion offensive | En cours… | ⌛ |
| Impact défensif | Déjà très solide | ✓✓ |
| Statut de star en devenir | Chemin tracé | ⌛ mais ↑ |
En résumé ? Risacher n’est pas encore le franchise player qu’on rêve de voir. Mais il pose, match après match, les fondations d’un joueur qui peut devenir très très bon. Peut-être pas un MVP, peut-être pas un Hall of Famer automatique. Mais un pilier d’une équipe qui gagne, ça oui. Et en NBA, c’est déjà énorme.
On a hâte de voir la suite. Parce que quand on discute cinq minutes avec lui, on sent une maturité rare, une envie folle, et surtout cette petite flamme dans les yeux qui ne trompe pas.
Zaccharie Risacher n’a pas fini de nous surprendre. Et quelque part, c’est ça le plus excitant.
