Imaginez-vous. Vous ouvrez les yeux, il est six heures du matin, Manhattan commence à peine à s’éveiller. Et là, première pensée de la journée : Sébastien Squillaci. Pas le café, pas les enfants, pas la réunion à 8 h 30. Non. Squillaci. Puis Cygan. Et Chamakh pour compléter le trio. C’est ce qu’a avoué, sans rire, le tout nouveau maire de New York.
Franchement, quand on entend ça, on se demande si on a bien compris. Un homme politique censé gérer huit millions et demi d’habitants commence sa journée en repensant à trois joueurs qui, disons-le gentiment, n’ont pas marqué l’histoire d’Arsenal au fer rouge. C’est presque touchant.
Le jour où Zohran Mamdani a lâché la bombe
C’était lors d’une interview un peu décalée, le genre d’émission où on ne s’attend pas vraiment à parler politique sérieuse. L’animateur le taquine sur sa passion pour le foot, félicitations d’anciens Gunners à l’appui, et là, paf. La phrase tombe.
« Tous les matins, quand je me lève, je pense à Sébastien Squillaci, Pascal Cygan… et Marouane Chamakh. »
Silence radio dans le studio. Puis éclats de rire. Parce qu’avouons-le : citer ces trois noms-là, c’est le test ultime du supporter d’Arsenal. N’importe qui peut dire « Henry », « Bergkamp » ou « Vieira ». Mais Squillaci ? C’est comme dire qu’on adore la pluie à Londres. C’est crédible uniquement si t’es vraiment du coin.
Mais… pourquoi eux, précisément ?
C’est la question que tout le monde se pose. Et la réponse est à la fois simple et magnifique.
Ces trois joueurs représentent une période bien précise de l’histoire récente d’Arsenal : celle où le club, après les Invincibles, essayait de rester compétitif sans dépenser comme Chelsea ou Manchester City. Une époque de galères, de quatrièmes places arrachées, de transferts à 5-10 millions qui faisaient hurler la presse.
Squillaci arrive en 2010, présenté comme le successeur de Kolo Touré. Cygan, lui, c’était déjà 2002-2006, l’époque des premiers soubresauts post-Highbury. Chamakh, c’est le coup gratuit de Bordeaux qui devait remplacer Adebayor. Aucun des trois n’a été un fiasco absolu, mais aucun n’a non plus fait rêver.
Et pourtant. C’est précisément pour ça qu’ils restent gravés dans la mémoire des vrais.
Le syndrome du « vrai » supporter
J’ai remarqué un truc au fil des années : les supporters les plus bruyants adorent les légendes. Les autres, les vrais obsessionnels, ceux qui regardent les matchs à 3 h du matin en semaine, eux, ils se souviennent des soldats de l’ombre.
- Ils se rappellent du but de Squillaci contre Braga en Ligue des Champions.
- Ils se souviennent que Cygan jouait parfois latéral gauche par défaut.
- Ils n’ont jamais oublié les 11 buts de Chamakh lors de sa première saison (avant la chute libre).
C’est une forme d’amour un peu masochiste, typique du fan d’Arsenal des années 2010. On souffre, mais on est là. On râle, mais on revient. Et on finit par avoir de la tendresse pour ceux qui ont porté le maillot même quand ça allait mal.
Quand la politique rencontre le foot
Ce qui rend l’histoire encore plus savoureuse, c’est le contraste. D’un côté, un homme qui va diriger la plus grande ville des États-Unis. De l’autre, un mec capable de citer le nombre exact de matchs joués par Pascal Cygan (98, si vous voulez savoir).
Ça humanise terriblement la politique. On imagine le maire en réunion de crise sur le budget, et soudain il pense à la tête de Chamakh sur un centre de Gervinho. C’est absurde. Et c’est génial.
D’ailleurs, on apprend aussi qu’il a reçu des messages d’Ian Wright et Hector Bellerin. Deux légendes vivantes. Wright, l’idole absolue. Bellerin, le hipster écolo qui a quitté le club en 2021. Le spectre est large. Mamdani est clairement accepté dans la famille.
Les réactions ne se sont pas fait attendre
Sur les réseaux, c’est l’explosion. Les supporters d’Arsenal du monde entier se marrent, pleurent de rire, ou valident à 200 %.
Certains y voient la preuve ultime qu’il est des nôtres. D’autres se demandent s’il ne faudrait pas l’inviter à l’Emirates pour un match d’honneur. Il y a même des montages où on le voit avec le maillot vintage 2010-2011, celui avec le sponsor Fly Emirates en blanc.
Et puis il y a les haters, évidemment. Ceux qui trouvent ça ridicule. « Un maire qui pense à Squillaci, on est mal barrés. » Mais franchement ? Je préfère mille fois un maire qui pense à Squillaci qu’un maire qui ne pense à rien.
Et nous, on pense à quoi au réveil ?
Cette histoire m’a fait réfléchir. On se moque gentiment, mais au fond, qui n’a pas ses madeleines de Proust footballistiques ?
Moi, par exemple, je pense parfois à Igor Tudor quand je bois un café trop serré. Ou à Francis Gillot quand il pleut des cordes. On a tous nos fantômes en maillot.
Le foot, c’est ça aussi. Ce ne sont pas que les Coupes du Monde et les triplés de Haaland. Ce sont ces joueurs moyens qui, un soir de novembre, ont mis un coup de tête décisif contre Shakhtar Donetsk. Et qui restent là, quelque part dans un coin de notre tête, vingt ans après.
Zohran Mamdani vient de nous le rappeler de la plus belle des manières.
Alors la prochaine fois que vous croiserez un supporter d’Arsenal qui vous parle avec passion de Sébastien Squillaci, ne riez pas trop fort.
C’est peut-être le futur maire de New York.
Ou juste quelqu’un qui aime vraiment le foot.
Et ça, ça ne court pas les rues.
