Vous avez ouvert les volets ce matin et vous vous êtes demandé si on n’avait pas changé de saison pendant la nuit. Moi le premier. À 7 heures, mon appli météo affichait 15 °C à Paris. Pas 5, pas 10… quinze. En décembre. J’ai dû vérifier deux fois, pensant à une erreur. Et pourtant non : c’est bien réel, et ça concerne une bonne partie de la France.
Un réveil printanier en plein mois de décembre
On a tous en tête l’image de l’hiver : le givre sur les pare-brises, le bonnet enfoncé jusqu’aux yeux, le café qui fume entre les mains gelées. Là, on est plutôt dans la version « on sort en sweat et on regrette presque d’avoir mis des chaussettes épaisses ».
Ce lundi 8 décembre 2025, la moitié nord du pays s’est réveillée avec des températures qu’on associe habituellement à la mi-avril. Paris, Nantes, Le Havre, Rennes, Caen… partout entre 14 et 15 °C dès l’aube. Même Strasbourg et Lille n’étaient pas en reste avec 12-13 °C. Seule la moitié sud gardait des valeurs plus « normales » pour la saison, entre 5 et 10 °C.
Et l’après-midi ? On devrait frôler les 16-17 °C dans beaucoup de régions. Autant dire qu’on pourrait presque ressortir les lunettes de soleil oubliées depuis octobre.
Des écarts de température complètement fous
Pour bien comprendre à quel point c’est hors norme, il faut regarder les écarts avec les moyennes de saison. À l’aube, on parle de +10 °C à +12 °C au-dessus des normales dans le nord et l’est du pays. Même en prenant les températures maximales habituelles de décembre, on reste largement au-dessus : entre +6 et +8 °C d’anomalie dans tout le quart nord-est.
Autrement dit, même si on compare à un « beau » après-midi de décembre, on est encore en train de vivre une journée d’avril. Et ça, ça commence à faire beaucoup.
Quand on voit 15 °C en décembre, on se demande si l’hiver n’a pas simplement décidé de prendre des vacances prolongées cette année.
Pourquoi ce redoux est-il si exceptionnel ?
Tout vient d’un changement brutal de configuration atmosphérique. Fin novembre, on était encore dans un flux polaire, avec de la neige jusqu’en plaine par endroits. Et là, en quelques jours, on est passés à un flux d’ouest très doux, presque subtropical, qui pompe de l’air chaud depuis l’Atlantique et même au-delà.
Ce n’est pas juste « un peu doux ». C’est une véritable advection d’air tropical maritime qui s’est installée durablement au-dessus de l’Europe de l’Ouest. Et le pire – ou le meilleur, selon où on se place – c’est que les modèles météo s’accordent à dire que cette situation pourrait durer… au moins jusqu’à la troisième décade de décembre.
Autrement dit, on risque de fêter Noël en t-shirt sur la terrasse. Ou presque.
Les montagnes paient le prix fort
Si certains se réjouissent de pouvoir laisser le manteau au placard, les conséquences sont déjà visibles – et inquiétantes – en altitude. La limite du zéro degré isothermique (là où il fait 0 °C) est prévue autour de 3 000 mètres, voire plus certains jours. Dans les Alpes comme dans les Pyrénées, la neige tombée en abondance ces dernières semaines fond à vue d’œil.
- Stations de moyenne altitude déjà vertes ou marron
- Courses en ski de randonnée transformées en randonnées pédestres
- Risques accrus de coulées et d’avalanches de neige humide
- Réserves d’eau pour l’été qui fondent littéralement sous nos yeux
L’aspect peut-être le plus préoccupant ? Cette fonte massive intervient après un début de saison très enneigé. Le contraste est violent, et les professionnels de la montagne tirent déjà la sonnette d’alarme.
Et après ? Jusqu’à quand cette douceur va-t-elle durer ?
Les prévisions à long terme sont unanimes : la situation reste bloquée. Une dorsale anticyclonique solide s’étire de l’Atlantique jusqu’à la Scandinavie, empêchant les descentes froides de venir nous rendre visite.
Concrètement :
- Cette semaine : douceur généralisée, ciel souvent gris, quelques pluies
- Jeudi-vendredi : légère baisse (on repasse à 10-12 °C, ce qui reste très doux)
- Week-end prochain : nouvelle hausse probable
- Semaine du 15 décembre : les modèles voient encore des températures largement au-dessus des normales
Autant dire que l’hiver météorologique, qui a commencé le 1er décembre, est pour l’instant… aux abonnés absents.
Ce que ça dit de notre climat qui change
On pourrait se dire « profite, c’est agréable ». Et c’est vrai, marcher dans Paris avec 15 °C en décembre, c’est plutôt sympa. Mais quand on regarde la récurrence de ces épisodes, ça devient difficile de parler de simple « douceur passagère ».
Ces dernières années, les hivers doux se multiplient. Les records de température maximale en décembre tombent régulièrement. Et chaque fois, on se dit « c’est exceptionnel ». Sauf que l’exceptionnel devient la nouvelle norme.
Je ne vais pas vous refaire le couplet alarmiste, mais quand on voit la neige disparaître à 3 000 m en plein mois de décembre, on ne peut pas s’empêcher de penser que quelque chose cloche profondément.
Un hiver sans froid, ce n’est pas juste une anecdote météo. C’est un signal parmi d’autres que le climat se dérègle sous nos yeux.
Comment vivre cette période bizarre ?
En attendant, on fait quoi ?
Perso, je ressors les baskets de running oubliées depuis l’automne. Les terrasses restent ouvertes. Les marchés de Noël tournent avec des visiteurs en polaire légère. Les enfants jouent au parc sans bonnet. Il y a une forme de magie étrange dans cette douceur hors saison.
Mais en même temps, on sent tous cette petite pointe d’inquiétude. Comme quand il fait beau le jour de la rentrée des classes. On profite, mais on sait que ça ne devrait pas être comme ça.
Alors oui, décembre 2025 ressemble à avril. Et on ne sait pas encore si on doit s’en réjouir ou s’en inquiéter. Probablement un peu des deux.
Une chose est sûre : cette année, le père Noël risque d’avoir chaud en descendant les cheminées…
Et vous, comment vivez-vous cette douceur anormale ? Vous en profitez à fond ou ça vous inquiète ? Dites-moi tout en commentaire, j’ai envie de savoir si je suis le seul à trouver ça à la fois génial et flippant.
