Vous souvenez-vous de l’époque où attendre le facteur avec un simple catalogue de La Redoute semblait déjà une aventure ? Aujourd’hui, à l’approche de Noël, c’est une véritable marée de cartons qui déferle sur le pays. Et cette année, le chiffre donne presque le vertige : pas moins de 180 millions de colis doivent être livrés rien qu’en novembre et décembre. Franchement, quand on y pense, c’est un peu comme si chaque Français recevait trois paquets rien que pour les fêtes…
Derrière ce nombre impressionnant se cache une machine colossale qui se met en branle dès la fin octobre. Et croyez-moi, avoir couvert plusieurs fois les coulisses de ces périodes de pic, je peux vous dire que l’ambiance dans les entrepôts ressemble plus à une fourmilière en pleine effervescence qu’à l’idée tranquille qu’on se fait parfois du service public.
Un seul objectif : tenir la cadence infernale du e-commerce
Chaque année, la barre monte un peu plus haut. +6 % par rapport à l’année dernière, ça paraît presque raisonnable dit comme ça. Mais quand on parle de plusieurs millions de colis supplémentaires, ça change complètement la donne pour les équipes sur le terrain.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’amplifie à une vitesse folle. Le Black Friday, qui n’était il y a dix ans qu’une curiosité venue des États-Unis, est devenu le véritable coup d’envoi d’une période shopping qui s’étale maintenant sur presque deux mois. Les promotions démarrent parfois dès mi-novembre et les Français, comme beaucoup d’Européens, ont pris l’habitude de commander cadeaux, décorations, vêtements et high-tech bien en avance pour éviter la cohue.
100 000 personnes mobilisées, dont 3 000 renforts saisonniers
Pour absorber ce volume, il faut du monde. Beaucoup de monde. Près de 100 000 collaborateurs vont tourner à plein régime, parfois en 3×8, pour trier, scanner, charger, livrer. Et parmi eux, 3 000 saisonniers recrutés spécialement pour la période. Étudiants, retraités actifs, intérimaires : tout le monde met la main à la pâte.
J’ai échangé il y a deux ans avec un jeune livreur qui faisait sa première saison. Il m’avait avoué, mi-amusé mi-terrifié : « On m’a dit que c’était intense, mais je n’imaginais pas qu’on pouvait livrer 250 colis par jour à la main ! » Et pourtant, c’est la réalité de beaucoup de tournées en décembre.
« Quand on voit les camions revenir pleins à 23 h et repartir chargés à 4 h du matin, on comprend que Noël ne se passe plus seulement sous le sapin, mais aussi dans les entrepôts. »
Un responsable de plateforme que j’ai croisé l’an dernier
Des chiffres qui font tourner la tête
Pour vous donner une idée de l’échelle, voici quelques chiffres qui circulent en interne et qui m’ont toujours impressionné :
- Jusqu’à 40 000 colis triés par heure dans les plus gros centres
- Des tapis roulants qui s’étendent parfois sur plus de 2 kilomètres
- Certains sites capables de traiter 5 000 paquets par minute en pic absolu
- Des camions qui effectuent jusqu’à trois rotations par jour
Et tout ça, sept jours sur sept, dimanches et jours fériés inclus dans certaines zones. Parce que quand vous commandez le 23 décembre à 18 h en espérant avoir le cadeau le 24 au matin, il y a des centaines de personnes qui travaillent dans l’ombre pour que ça arrive.
La fin d’un monopole tranquille
Mais il y a un détail qui a changé la donne ces dernières années, et qui mérite qu’on s’y arrête. Pendant longtemps, le leader historique livrait très largement plus d’un colis sur deux en France. C’était presque une évidence.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La concurrence a rattrapé, puis dépassé la barre symbolique des 50 %. Des acteurs privés, souvent adossés à des géants du e-commerce ou spécialisés dans l’express, ont investi massivement dans des entrepôts ultra-modernes, des algorithmes de tournées ultra-optimisés, et surtout dans des promesses de livraison le lendemain, voire le jour même.
Est-ce une mauvaise nouvelle ? Pas forcément. Pour nous, consommateurs, ça veut surtout dire plus de choix, des prix qui baissent sur certaines tranches, et parfois des services plus flexibles (livraison en point relais 24 h/24, consignes automatiques, etc.).
Colissimo, Chronopost, Pickup : trois marques, une même famille
Dans ce paysage qui bouge, le groupe s’appuie sur ses trois grandes marques pour couvrir tous les besoins :
- Colissimo reste le couteau suisse, celui qu’on choisit quand on n’est pas pressé mais qu’on veut un bon rapport qualité-prix
- Chronopost joue la carte de l’express, parfait pour les cadeaux de dernière minute
- Les points relais et consignes automatiques se sont multipliés, avec plusieurs dizaines de milliers de points en France
Et c’est probablement là que se joue une partie de l’avenir : transformer l’image parfois un peu vieillotte du « facteur qui passe à 11 h » en un réseau ultra-dense de points de proximité ouverts tard le soir et le week-end.
Et l’écologie dans tout ça ?
On ne peut pas parler de 180 millions de colis sans aborder la question environnementale. Parce que oui, tous ces camions, tous ces cartons, ça pèse lourd.
Le groupe a pris des engagements forts : objectif 100 % de livraisons décarbonées en ville d’ici 2025 dans les grandes agglomérations, multiplication des véhicules électriques et au gaz, optimisation des tournées pour réduire les kilomètres parcourus. Ce n’est pas encore parfait, mais les efforts sont réels.
Du côté des particuliers, on voit aussi émerger des gestes simples : regrouper ses commandes, choisir la livraison en point relais (qui divise par 3 à 5 l’empreinte carbone par colis), ou encore opter pour des emballages recyclés.
Que nous réserve Noël 2026 ?
Si la tendance se maintient – et tout laisse penser qu’elle va continuer –, on pourrait franchir la barre des 200 millions de colis dès l’année prochaine ou 2027. Ça paraît fou, mais rappelez-vous : il y a dix ans, on était à peine à 100 millions sur la même période.
Ce qui est sûr, c’est que la logistique est devenue un enjeu stratégique national. Ceux qui sauront livrer vite, proprement et à moindre coût auront gagné la partie. Et en attendant, si votre livreur a l’air un peu fatigué en décembre, offrez-lui au moins un sourire et un « bon courage ». Il le mérite probablement plus que quiconque.
Parce qu’au fond, derrière chaque colis qui arrive à temps sous le sapin, il y a des milliers de femmes et d’hommes qui ont passé leurs nuits à faire en sorte que la magie de Noël fonctionne encore, même à l’ère d’Internet.
Et vous, avez-vous déjà anticipé vos cadeaux cette année, ou faites-vous partie de ceux qui commanderont tout le 23 décembre en mode panique totale ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment !
