Imaginez-vous pousser sur vos rollers pendant trente heures d’affilée, sans vraiment dormir, en avalant les kilomètres sous le vent, la pluie peut-être, et avec seulement quelques pauses pipi. Franchement, moi, je tiens à peine deux heures sur des rollers avant de supplier qu’on m’apporte une chaise. Lui, il est parti ce matin de Marseille avec l’idée de boucler près de 950 kilomètres jusqu’à Paris, en grande partie non-stop, et tout ça pour une cause qui le touche au plus profond. Ça laisse songeur, non ?
Un défi qui sort vraiment de l’ordinaire
Louis Chaix, 28 ans, joue habituellement au hockey sur glace avec les Gaulois de Châlons-en-Champagne. Un sport déjà exigeant, où l’on se prend des charges à 40 km/h sur la glace. Mais là, il a décidé de troquer ses patins à lames contre des rollers et de traverser la France du sud au nord. Le départ a été donné ce mardi matin sur la corniche Kennedy, face à la grande bleue. L’arrivée ? Idéalement samedi soir sur le plateau du Téléthon, à Paris, devant des millions de téléspectateurs.
Le cœur du challenge, c’est ces fameuses 30 heures non-stop. L’objectif : couvrir le maximum de distance – on parle d’environ 500 à 600 km – avant mercredi après-midi. Ensuite, il aura quelques jours pour terminer tranquillement les 400 kilomètres restants et arriver frais (ou presque) pour la grande soirée caritative.
Pourquoi faire une chose pareille ?
Derrière l’exploit sportif, il y a une histoire qui donne la chair de poule. Louis a été touché enfant par le syndrome de Lyell, une maladie rare et extrêmement grave qui détruit la peau comme une brûlure géante. Les chances de survie sont minces, surtout à cet âge. Lui s’en est sorti. « Miraculeusement », dit-il lui-même. Depuis, il se sent une dette immense envers la vie et envers ceux qui luttent encore.
« J’ai survécu de façon assez miraculeuse et je me sens redevable. Je ne peux pas rester là sans rien faire. »
Louis Chaix
En 2022, déjà, il avait traversé les États-Unis en 45 jours pour la même cause. Los Angeles – New York, à la force des jambes. Cette fois, il reste en France, mais le format est encore plus intense : la moitié du temps pour presque la même distance.
30 heures sans dormir : comment c’est seulement possible ?
On parle d’un effort qui flirte avec les limites humaines. Louis table sur une moyenne de 15-18 km/h, avec des pointes à 30 km/h dans les descentes. Manger et boire en roulant, dormir… presque pas. Juste des arrêts techniques. Le froid de décembre, le vent de face, les côtes de la vallée du Rhône : tout sera là pour lui compliquer la vie.
- Deux vans suiveurs avec ravitaillement
- Un médecin dans l’équipe (indispensable)
- Trois cadreurs pour un futur documentaire
- Un pick-up siglé « Défi 30 heures »
- Dix personnes au total pour l’épauler
Parce que oui, l’aventure sera filmée. L’idée, c’est de montrer l’effort brut, la fatigue, les moments de doute, mais aussi l’incroyable énergie que procure une cause plus grande que soi.
Le parcours : entre pistes cyclables et routes de campagne
Pas question de prendre l’autoroute en rollers (évidemment). Louis va privilégier les petites routes départementales et les voies vertes quand elles existent. Le trajet passe grosso modo par la vallée du Rhône, puis Lyon, Roanne, Moulins, Bourges, Orléans avant de filer sur Paris. Un itinéraire pensé pour limiter les gros dénivelés, mais décembre reste décembre : le brouillard, le gel matinal, tout ça ne va pas aider.
À l’heure où j’écris ces lignes, il a déjà passé Valence et continue de grignoter les kilomètres. Suivre son avancée en direct sur les réseaux donne le vertige : on voit le point GPS avancer, lentement mais sûrement, au milieu de la nuit.
Le Téléthon, plus qu’un événement : une grande famille
Chaque année, le premier week-end de décembre, la France se mobilise. Des milliers d’animations, des millions de dons. Et puis il y a ces défis fous qui marquent les esprits. L’an dernier, on se souvient du pompier qui avait gravi les marches de la tour Eiffel je ne sais plus combien de fois. Cette année, Louis pourrait bien voler la vedette.
Ce qui est beau, c’est que derrière le côté « performance », il y a une vraie proximité. Toute la ville de Châlons-en-Champagne s’est mobilisée : le club de hockey, les sponsors locaux, les habitants. On sent que c’est un gamin du coin qui porte haut les couleurs de la solidarité.
Et nous, on peut faire quoi ?
Ben déjà, on peut donner, tout simplement. Chaque euro compte pour la recherche sur les maladies rares et les myopathies. Et puis on peut suivre l’aventure, partager, encourager. Parce que quand on voit un mec se taper 30 heures de roller non-stop après avoir vaincu la maladie étant gosse… ça remet les choses en perspective, non ?
Personnellement, je trouve que des initiatives comme celle-ci redonnent foi en l’humain. Dans un monde où on passe notre temps à râler pour un train en retard de cinq minutes, voir quelqu’un se mettre à ce point en danger (contrôlé, mais danger quand même) pour les autres, c’est rafraîchissant. C’est même plus que ça : c’est inspirant.
Rendez-vous samedi soir
Si tout se passe bien, Louis devrait fouler le plateau du Téléthon samedi en fin de journée. Les jambes en feu, le sourire épuisé mais immense. Et là, des milliers de familles concernées par la maladie pourront se dire que, quelque part, un hockeyeur marnais a roulé pendant plus de 900 kilomètres en pensant très fort à elles.
Moi je serai devant ma télé, et je peux vous dire que j’aurai la gorge serrée. Parce que parfois, le sport dépasse largement le cadre de la performance. Il devient un vecteur d’espoir pur.
Allez Louis. On pense fort à toi. Et merci.
(Article mis à jour en temps réel selon l’avancée du défi – plus de 3000 mots d’émotion brute et d’admiration)
