Imaginez un gamin de 16 ans, gants vissés aux mains, qui s’avance dans l’arène de San Siro face à des milliers de tifosi en furie. Ce gamin, c’est Gianluigi Donnarumma, un nom qui résonne encore dans les travées de l’AC Milan comme une légende, mais aussi comme une trahison. Comment un adolescent, propulsé au rang de héros, a-t-il pu devenir un paria dans le cœur des supporters milanais ? Son parcours, digne d’un roman, mêle talent brut, ambition démesurée et une rupture brutale avec son club formateur. Aujourd’hui, sous les couleurs du PSG, il est à un tournant : peut-il reconquérir les cœurs ou restera-t-il à jamais marqué par son départ ?
Un Prodige Né Sous le Vésuve
Dans les ruelles poussiéreuses de Castellammare di Stabia, près de Naples, un gosse tape dans un ballon avec une obsession : devenir gardien. Gianluigi, ou “Gigio” comme on l’appelle, n’a que 5 ans quand il enfile les gants de son grand frère Antonio, déjà parti rejoindre le centre de formation de l’AC Milan. Ce dernier, de huit ans son aîné, voit en son cadet un talent hors norme. “Il était déjà un phénomène”, confie-t-il à ses entraîneurs. Et il ne plaisante pas. Dès 8 ans, Gigio impressionne par sa taille, sa détente et une maturité qui détonne.
À 8 ans, il avait des qualités neuromusculaires incroyables, une pureté dans ses gestes qu’on ne voit pas à cet âge.
– Un formateur de gardiens milanais
À 14 ans, il quitte sa Campanie natale pour rejoindre officiellement le centre de formation milanais. Là, sous l’œil attentif des coaches, il gravit les échelons à une vitesse folle. À peine un an et demi plus tard, il est propulsé en équipe première. À 15 ans, il frôle les 1,90 m. “On se demandait ce qu’ils lui donnaient à manger !”, rigole un ancien coéquipier. Son physique hors norme, couplé à une sérénité déconcertante, fait de lui un ovni.
Les Premiers Pas d’un Géant
Le 22 février 2015, à tout juste 16 ans, Donnarumma est convoqué en pro par Filippo Inzaghi. Quelques mois plus tard, lors d’une tournée américaine, il se fait remarquer en arrêtant un penalty face au Real Madrid. Pas mal pour un ado qui n’a pas encore le droit de conduire ! Puis, en octobre 2015, une dispute entre l’entraîneur Sinisa Mihajlovic et le gardien titulaire Diego Lopez ouvre la porte à Gigio. Contre Sassuolo, il devient le plus jeune gardien titulaire de l’histoire du club, à 16 ans et 8 mois. Et il gagne.
Ce jour-là, San Siro découvre un monstre. Pas seulement pour sa taille, mais pour sa capacité à encaisser la pression. Les erreurs ? Il en fait, comme tout gamin. Mais à chaque bourde, il se relève, impassible, prêt pour le match suivant. “Quand tu fais une erreur à San Siro, le public grogne. Lui, il s’en fichait, il revenait plus fort”, raconte un ancien dirigeant. Cette résilience, c’est sa marque de fabrique.
L’Ombre de Mino Raiola
Si Donnarumma brille sur le terrain, c’est en coulisses que son histoire se complique. En 2017, son agent, Mino Raiola, entre en scène. Connu pour ses négociations musclées, Raiola transforme la prolongation de contrat de Gigio en feuilleton. Le salaire du gardien passe de 160 000 euros à 6 millions par an, une somme astronomique pour un joueur de 18 ans. Son frère Antonio, revenu au club comme troisième gardien, empoche un million supplémentaire. Les tifosi grincent des dents. “C’était le début de la fracture”, murmure un supporter de longue date.
On ne peut pas tout acheter, pas la dignité, pas le respect des supporters.
– Un leader des ultras milanais
Pour beaucoup, Donnarumma devient le symbole d’une nouvelle ère : celle des joueurs qui placent l’argent avant la loyauté. Les négociations traînent, les rumeurs d’un départ s’amplifient. À Milan, où le club traverse une période sombre, sans titre majeur et avec des finances fragiles, ce genre de comportement passe mal. Pourtant, certains défendent Gigio. “Le club n’était plus au top. Partir, c’était logique”, argue un ancien dirigeant. Mais pour les fans, c’est une trahison.
Le Départ pour Paris : La Rupture
En 2021, le couperet tombe. Donnarumma, en fin de contrat, quitte l’AC Milan libre, sans un centime pour le club qui l’a formé. Direction : le PSG. Les supporters milanais, déjà échaudés par les négociations de 2017, explosent. Lors de son retour à San Siro sous le maillot parisien, il est accueilli par des sifflets et des pancartes hostiles. “Mercenaire”, “traître” : les mots fusent. Pour les tifosi, il a vendu son âme pour un chèque.
J’ai toujours trouvé ça un peu dur. Oui, il est parti pour l’argent, mais qui ne l’aurait pas fait à sa place ? Le PSG offrait un projet sportif ambitieux, des stars à ses côtés, et un salaire colossal. À 22 ans, difficile de dire non. Mais pour les fans, c’est une question de cœur, pas de logique. Et à Milan, le cœur bat rouge et noir.
L’Inter, Sa Némésis
Si Donnarumma a un point faible, c’est bien l’Inter Milan. En onze confrontations, son bilan est désastreux : 2 victoires, 3 nuls, 6 défaites, et 21 buts encaissés. Son premier derby, à 16 ans, avait pourtant été une masterclass : une victoire 3-0, propre, nette. Mais par la suite, les Nerazzurri deviennent son cauchemar. En février 2021, il encaisse un 0-3 humiliant, avec un doublé de Lautaro Martínez. “L’Inter, c’est sa bête noire”, glisse un analyste.
| Adversaire | Matchs joués | Victoires | Nuls | Défaites | Buts encaissés |
| Inter Milan | 11 | 2 | 3 | 6 | 21 |
| Autres clubs | Variable | 60% | 20% | 20% | Moyenne 1,2/match |
Ce samedi, face à l’Inter en finale de la Ligue des champions, Donnarumma a une chance de réécrire l’histoire. Une victoire pourrait-elle apaiser les tensions avec les tifosi milanais ? Peu probable. Mais elle consoliderait son statut de gardien d’élite.
Un Palmarès en Or, Mais un Cœur Brisé
À Milan, Donnarumma n’a remporté qu’un trophée : la Supercoupe d’Italie 2016. Au PSG, il en est à neuf, dont plusieurs titres de champion. Pourtant, à 26 ans, il semble courir après autre chose : la rédemption. Les supporters parisiens l’ont adopté, mais à Milan, son nom reste synonyme de déception. “On ne pardonne pas facilement ici”, lâche un ultra.
- Talent brut : Une ascension fulgurante dès 16 ans.
- Choix controversés : Négociations financières et départ libre.
- Rivalité : Une faiblesse marquée contre l’Inter.
Ce qui fascine avec Donnarumma, c’est cette dualité. D’un côté, un gardien au talent exceptionnel, capable d’arrêter des penalties face aux meilleurs. De l’autre, un homme dont les choix ont brisé un lien sacré avec les supporters. À titre personnel, je trouve ça presque tragique. Il incarne cette nouvelle génération de joueurs, tiraillée entre passion et business.
Et Maintenant, Quel Avenir ?
Alors que Donnarumma s’apprête à affronter l’Inter, une question flotte : peut-il tourner la page ? Une victoire en Ligue des champions serait un exploit, mais elle ne suffira pas à effacer les cicatrices milanaises. À 26 ans, il a encore des années pour écrire son histoire. Mais à Milan, certains diront toujours : “Il aurait pu être une légende.”
Pour moi, l’histoire de Donnarumma est un miroir du football moderne. Un sport où le talent ne suffit plus, où les choix financiers pèsent plus lourd que les serments d’amour à un maillot. Et vous, qu’en pensez-vous ? Peut-on vraiment reprocher à un jeune de 22 ans d’avoir choisi l’argent et la gloire ?
Le football, c’est un mélange de cœur et de business. Donnarumma a choisi le business, mais il n’a pas oublié de jouer avec le cœur.
– Un ancien coéquipier
Son parcours, c’est celui d’un gamin qui a grandi trop vite, d’un prodige devenu paria, mais aussi d’un gardien qui, match après match, prouve qu’il est parmi les meilleurs. À Paris, il a trouvé une nouvelle maison. Mais à Milan, son ombre plane encore, entre admiration et rancune.
