Imaginez-vous dans un petit quartier de Kingersheim, dans les années 60, où les rues résonnent d’accents italiens et où les enfants tapent dans un ballon en rêvant de stades mythiques. C’est dans ce décor que Peppino Tarquinio, fils d’un immigré italien, a grandi avec une passion dévorante pour l’Inter Milan. Cette flamme, allumée dans son enfance, ne s’est jamais éteinte. Aujourd’hui, à travers l’Inter Club Mulhouse, qu’il a fondé en 1996, Peppino transmet cet amour du football à une nouvelle génération de tifosi. Son histoire, c’est celle d’une vie dédiée à un club, d’un voyage entre l’Alsace et Milan, et d’une communauté unie par un maillot bleu et noir. Accrochez-vous, car cette aventure est bien plus qu’une simple histoire de foot.
Un Héritage Italien au Cœur de l’Alsace
Dans les années 50, des milliers d’Italiens quittent leur pays pour chercher du travail en Europe. Parmi eux, le père de Peppino, qui pose ses valises à Kingersheim, près de Mulhouse, pour travailler dans la maçonnerie. À l’époque, les immigrés italiens forment une communauté soudée, presque un village dans le village. Les discussions tournent souvent autour du football, et dans ce coin d’Alsace, l’Inter Milan règne en maître. « Les anciens nous parlaient sans cesse des exploits de l’Inter, des légendes comme Helenio Herrera », confie un proche de Peppino. C’est dans cette ambiance que le jeune garçon, à peine âgé de 10 ans, commence à vibrer pour les Nerazzurri.
Pourquoi l’Inter, et pas un autre club ? Peut-être parce que, dans les années 60, l’équipe domine le football européen avec un style de jeu révolutionnaire, le catenaccio. Ou peut-être parce que la famille de Peppino, originaire de Milan, lui raconte des histoires de matchs épiques à la radio. En 1977, l’adolescent franchit un cap : il obtient un billet pour un derby milanais à San Siro. L’Inter l’emporte 1-0, et Peppino est conquis. Ce jour-là, il ne s’agit plus seulement d’un club, mais d’une partie de son identité.
De Kingersheim à San Siro : Un Pèlerinage Footballistique
Depuis ce premier match, Peppino n’a jamais cessé de faire la route entre Mulhouse et Milan. Les 375 kilomètres qui séparent ces deux villes, à travers les Alpes suisses, sont devenus son rituel. « J’ai dû faire ce trajet des centaines de fois », plaisante-t-il, un sourire dans la voix, teinté d’un mélange d’accent alsacien et italien. Parfois, il part le matin et revient dans la nuit, juste pour un match. D’autres fois, il s’offre une pause dans une trattoria suisse, mais toujours avec un seul objectif : vibrer à San Siro.
Quand je passe les portes de San Siro, c’est comme rentrer à la maison. Chaque match est une nouvelle page d’une histoire qui dure depuis 1977.
– Un supporter passionné
Ce voyage n’est pas seulement géographique, il est émotionnel. Peppino a vu défiler les époques dorées et les moments plus sombres de l’Inter. Il se souvient des duels contre la Juventus de Platini, du Napoli de Maradona, ou du Milan de Van Basten. À l’époque, les stades italiens sont bondés, parfois au-delà de leur capacité. « On se tenait dans les escaliers, on criait, on vivait le match comme une fête », raconte-t-il. Ces souvenirs, gravés dans sa mémoire, alimentent sa passion intacte, même à la retraite.
L’Inter Club Mulhouse : Une Famille de Tifosi
En 1996, Peppino décide de transformer sa passion personnelle en un projet collectif. Il fonde l’Inter Club G. Baresi di Mulhouse, nommé en l’honneur de Giuseppe Baresi, une légende du club. L’idée ? Créer un espace où les supporters de l’Inter, qu’ils soient à Mulhouse, à Lyon ou ailleurs, peuvent se réunir, partager leur amour du club et organiser des déplacements à San Siro. Vingt-neuf ans plus tard, le club compte 94 membres, et son influence ne cesse de grandir.
- Reconnaissance officielle : L’Inter Club est affilié au club milanais, offrant des avantages comme des réductions sur les abonnements.
- Une communauté soudée : Les membres communiquent via une boucle WhatsApp, sans publicité, uniquement par le bouche-à-oreille.
- Déplacements collectifs : En 2024, un voyage en car pour un match contre Cagliari a attiré 55 personnes, dont la moitié de nouveaux venus.
Ce qui rend ce club unique, c’est son esprit familial. Peppino, son frère Maurizio, Alessandro le secrétaire, et Alexandre le trésorier partagent tous un abonnement annuel à San Siro. « On a nos places attitrées, rigole Alessandro. À force, le siège de Peppino doit avoir la forme de ses fesses ! » Mais au-delà des blagues, c’est une véritable transmission qui s’opère. Les jeunes supporters, comme Alessandro, ont été initiés par leurs aînés, parfois dès l’enfance, et perpétuent aujourd’hui cet héritage.
La Ligue des Champions : Un Rêve à Portée de Main
En 2025, l’Inter Milan se prépare pour une finale de Ligue des champions très attendue. Pour Peppino et ses compères, c’est un moment de communion, mais aussi de superstition. Chacun a ses rituels : certains regardent le match en solo, d’autres en groupe, comme Peppino, qui prévoit des grillades devant un rétroprojecteur dans son club de pétanque. « Après le coup de sifflet final, on appellera tout le monde pour refaire le match, peu importe le score », assure-t-il.
| Rituel | Lieu | Ambiance |
| Regarder en solo | Canapé familial | Calme, concentré |
| Retransmission collective | Colmar | Festive, bruyante |
| Grillades et rétroprojecteur | Club de pétanque | Conviviale, passionnée |
Si l’Inter l’emporte, Peppino envisage même un voyage impromptu à Milan pour célébrer. Ce ne serait pas la première fois. Il se souvient d’une demi-finale mémorable contre le Barça, où des supporters ont quitté le stade trop tôt, manquant une égalisation épique. « C’est ça, le foot, s’amuse-t-il. Il faut y croire jusqu’au bout. » Cette foi inébranlable, c’est ce qui fait de lui un pilier pour les tifosi de Mulhouse.
Une Passion Transmise aux Nouvelles Générations
Ce qui frappe chez Peppino, c’est sa capacité à rallier les générations. À 94 membres, l’Inter Club Mulhouse attire des profils variés : des retraités comme lui, des actifs, et même des adolescents. « J’ai vu des gamins arriver avec leurs parents et devenir des tifosi acharnés », confie-t-il. Cette transmission, c’est le cœur de son projet. Alessandro, par exemple, a découvert l’Inter à 11 ans grâce à son père. « Il m’a traîné à un match, et j’ai été mordu. »
Le foot, c’est plus qu’un sport. C’est une histoire qu’on écrit ensemble, match après match.
– Un membre de l’Inter Club
Pour l’avenir, Peppino voit grand. En 2026, l’Inter Club fêtera ses 30 ans, et une nouvelle collection de polos aux couleurs des Nerazzurri est déjà en préparation. Mais au-delà des gadgets, c’est la pérennité du club qui compte. « Je serai toujours là pour guider les jeunes », promet-il. Son frère Maurizio, plus discret, ajoute avec émotion : « Sans Peppino, ce club n’existerait pas. Il est notre boussole. »
Pourquoi Cette Passion Résiste au Temps
Si l’histoire de Peppino et de son Inter Club est si captivante, c’est parce qu’elle dépasse le cadre du football. Elle parle d’identité, de racines, et de communauté. Dans un monde où tout va vite, où les stades modernes remplacent les gradins en béton, Peppino incarne une fidélité rare. J’ai toujours trouvé fascinant comment un sport peut unir des gens à des milliers de kilomètres de leur club fétiche. À Mulhouse, l’Inter n’est pas qu’un logo ; c’est un lien entre l’Italie et l’Alsace, entre le passé et l’avenir.
- Les racines : Une histoire d’immigration italienne qui ancre la passion dans un contexte culturel fort.
- La fidélité : Près de 50 ans de déplacements à San Siro, malgré les obstacles logistiques.
- La transmission : Un fan club qui fait vivre cet amour du foot à travers les générations.
Alors, que nous réserve la finale de la Ligue des champions ? Peppino et ses tifosi seront devant leurs écrans, le cœur battant. Une victoire, et les rues de Mulhouse pourraient bien s’animer aux couleurs de l’Inter. Une défaite ? Ils seront là, fidèles, pour le prochain match. Parce que, comme le dit Peppino, « être tifoso, c’est croire en son équipe, quoi qu’il arrive ».
Et vous, qu’est-ce qui vous fait vibrer dans le foot ? Une équipe, un joueur, un stade ? L’histoire de Peppino nous rappelle que le football, c’est avant tout des émotions partagées. À Mulhouse, cette passion a trouvé un foyer, et elle n’est pas près de s’éteindre.
