Imaginez un instant : une présidente dont seulement 2 % de la population soutient l’action. Un chiffre si bas qu’il semble presque irréel, un record mondial qui défie l’entendement. Pourtant, au Pérou, Dina Boluarte, en poste depuis décembre 2022, incarne ce paradoxe. Malgré une impopularité écrasante et des scandales à répétition, elle reste au pouvoir. Comment une dirigeante aussi rejetée parvient-elle à se maintenir ? C’est ce que nous allons explorer dans cet article, en décortiquant les dynamiques politiques, économiques et sociales qui façonnent cette situation hors norme.
Un Rejet Historique : Le Cas Dina Boluarte
Quand Dina Boluarte a pris les rênes du Pérou, personne n’aurait pu prédire l’ampleur du désamour qu’elle susciterait. Avec une approbation initiale de 21 % à son arrivée, son image s’est effondrée à une vitesse fulgurante. Aujourd’hui, elle oscille autour de 2 %, un chiffre qui, selon des experts en sondages, n’a pas d’équivalent ailleurs dans le monde. Ce n’est pas juste un creux passager : cela fait près d’un an que plus de 90 % des Péruviens désapprouvent sa gestion. Un record, oui, mais aussi une énigme.
« C’est un cas unique dans l’histoire des sondages. Aucune autre dirigeante n’a atteint un tel niveau de désapprobation aussi constant. »
– Expert en études d’opinion
Qu’est-ce qui explique ce rejet ? Pour le comprendre, il faut plonger dans le contexte chaotique de son arrivée au pouvoir et les multiples controverses qui ont suivi. Mais avant, posons une question : comment une présidente aussi impopulaire peut-elle encore tenir les rênes d’un pays aussi instable ?
Une Accession au Pouvoir dans la Tempête
Le parcours de Dina Boluarte vers la présidence n’a rien d’ordinaire. En décembre 2022, elle accède au pouvoir après la destitution de son prédécesseur, Pedro Castillo, dans un climat de crise aiguë. Des manifestations massives éclatent alors, réclamant justice et un changement de cap. La réponse des autorités ? Une répression brutale, avec un bilan tragique d’au moins 50 morts. Ce drame a marqué un tournant : dès le départ, la présidente s’est retrouvée sous le feu des critiques.
J’ai toujours trouvé fascinant comment certains dirigeants parviennent à émerger dans des contextes aussi explosifs. Boluarte, à l’époque vice-présidente, n’était pas préparée à endosser un rôle aussi central. Son inexpérience, souvent pointée du doigt, a amplifié les tensions. Mais ce n’est pas tout : les scandales qui ont suivi n’ont fait qu’aggraver son image.
Les Scandales : Rolexgate et Secrets Médicaux
Si l’impopularité de Dina Boluarte était un tableau, les scandales en seraient les couleurs les plus criardes. Le plus médiatisé ? Le fameux Rolexgate. La présidente a été accusée de ne pas avoir déclaré plusieurs montres de luxe et bijoux, une omission qui, au Pérou, est perçue comme un symbole d’élitisme dans un pays où la pauvreté touche encore des millions de personnes. Cette affaire a cristallisé la colère populaire, alimentant l’idée d’une dirigeante déconnectée.
À cela s’ajoute une autre controverse : une rhinoplastie réalisée en juillet 2023, que Boluarte a tenté de garder secrète. La loi péruvienne impose pourtant aux dirigeants de signaler toute intervention médicale au Parlement. Ce manque de transparence, même sur une question apparemment anodine, a renforcé l’image d’une présidente qui joue avec les règles.
- Rolexgate : Non-déclaration de montres et bijoux de luxe.
- Rhinoplastie secrète : Une opération dissimulée, en violation des obligations légales.
- Répression des manifestations : Une réponse brutale ayant causé des dizaines de morts.
Ces affaires, bien qu’apparemment distinctes, partagent un point commun : elles renforcent le sentiment que Boluarte est déconnectée des préoccupations quotidiennes des Péruviens. Mais alors, pourquoi n’a-t-elle pas été destituée ?
Un Paradoxe Politique : Faiblesse et Résilience
Le Pérou est un pays où l’instabilité politique est presque devenue une norme. En près de neuf ans, le pays a vu défiler six présidents. Pourtant, contre toute attente, Dina Boluarte pourrait bien surpasser en longévité ses prédécesseurs. Comment ? Grâce à un paradoxe politique savamment entretenu.
Selon certains analystes, la faiblesse de Boluarte est aussi sa force. Sans véritable rival politique et avec un Parlement qui profite de sa fragilité, elle reste en place. Environ 20 % des lois adoptées depuis 2022 sont des initiatives parlementaires visant à consolider le pouvoir des élus ou à favoriser leurs alliés. Ce chiffre, trois fois supérieur à la moyenne des 25 dernières années, montre à quel point le Parlement bénéficie de l’inaction de la présidente.
« Sa fragilité est un atout pour le Parlement. Une présidente faible leur permet de faire passer des lois sans opposition. »
– Analyste politique
Ce jeu d’équilibre est fascinant. D’un côté, Boluarte est critiquée pour son manque de charisme et d’autorité. De l’autre, ce même manque de leadership la protège, car personne ne semble pressé de la remplacer. Mais il y a plus : l’économie joue un rôle clé dans cette équation.
Une Économie Solide pour Apaiser les Tensions
Si la politique péruvienne est un champ de mines, l’économie, elle, offre une lueur d’espoir. Au premier trimestre 2025, le PIB du Pérou a progressé de 3,9 %, porté par les exportations de minerais, notamment le cuivre. En 2024, la croissance s’est établie à 3,3 %, et l’inflation reste l’une des plus basses de la région. Ces chiffres, bien que techniques, ont un impact concret : les revenus de la population augmentent, ce qui atténue les envies de rébellion.
| Indicateur | Valeur | Impact |
| Croissance PIB 2025 | 3,9 % | Stabilité économique |
| Croissance 2024 | 3,3 % | Confiance des ménages |
| Inflation | Faible | Pouvoir d’achat préservé |
Ce dynamisme économique agit comme un amortisseur. Même si les Péruviens critiquent leur présidente, l’amélioration de leur quotidien les dissuade de descendre massivement dans la rue. Mais il y a une autre raison, plus subtile, à cette apathie.
L’Apathie Populaire : Une Arme à Double Tranchant
Pourquoi les Péruviens ne se mobilisent-ils pas davantage ? La réponse réside dans un mélange de lassitude et de méfiance. Après des années de crises politiques, la population semble désabusée. Les sondages montrent qu’aucun leader alternatif ne suscite un engouement massif. De plus, le Parlement, tout aussi impopulaire que la présidente, n’inspire pas confiance. Si Boluarte devait être destituée, elle serait remplacée par un député, une perspective qui ne motive pas les foules.
Cette apathie est troublante. D’un côté, elle permet à Boluarte de se maintenir. De l’autre, elle reflète un désintérêt profond pour la politique, un sentiment que « rien ne changera vraiment ». À Lima, les voix des habitants oscillent entre colère et résignation.
« Elle n’a aucune empathie, elle ne résout rien, notamment sur la sécurité. On attend juste qu’elle parte. »
– Citoyen de Lima, enseignant
Pourtant, quelques rares voix s’élèvent pour défendre Boluarte. Une historienne interrogée estime qu’elle est jugée trop durement et qu’elle « fait les choses correctement ». Mais ces soutiens sont l’exception dans un océan de critiques.
Vers la Fin du Mandat : Que Peut-on Attendre ?
Alors que le mandat de Dina Boluarte doit s’achever en 2026, la question est inévitable : tiendra-t-elle jusqu’au bout ? Les analystes sont partagés, mais beaucoup estiment que, sans rival sérieux et avec une économie qui tient bon, elle pourrait y parvenir. Ce serait une prouesse dans un pays où les présidents tombent comme des dominos.
Ce qui me frappe, c’est la résilience de ce système politique bancal. Boluarte, malgré son impopularité, incarne une forme de stabilité par défaut. Mais à quel prix ? Le désintérêt des citoyens et la consolidation du pouvoir parlementaire pourraient avoir des conséquences à long terme, fragilisant encore plus la démocratie péruvienne.
En somme, l’histoire de Dina Boluarte est celle d’un paradoxe : une présidente rejetée par presque tous, mais maintenue par un savant jeu d’équilibres. Entre scandales, instabilité politique et dynamisme économique, le Pérou navigue en eaux troubles. Reste à savoir si ce fragile statu quo tiendra jusqu’à la fin de son mandat. Et vous, que pensez-vous de cette situation ? Une présidente impopulaire peut-elle vraiment transformer un pays ?
