Imaginez une petite commune nichée dans l’Oise, où une usine centenaire, jadis fierté locale, change de mains pour la troisième fois en moins de six ans. À Hermes, entre Creil et Beauvais, l’histoire de l’usine de jus de fruits frais, connue sous des noms comme Tropicana, Hermes Boissons et aujourd’hui Vertumnus, ressemble à un feuilleton économique où les promesses d’emplois s’évanouissent aussi vite qu’elles apparaissent. Pourquoi ce site, ancré dans le tissu local depuis des décennies, semble-t-il maudit ? J’ai plongé dans cette saga pour comprendre ce qui se joue derrière cette nouvelle mise en vente par le géant Intermarché, et ce que cela dit de notre économie rurale.
Une Usine au Cœur d’une Tempête Économique
Depuis sa création il y a plus d’un siècle, l’usine d’Hermes a vu défiler des générations d’ouvriers, des innovations dans la production de jus de fruits frais, et des crises qui ont marqué l’industrie agroalimentaire. Mais ces dernières années, elle semble prise dans une spirale infernale. En 2019, le géant Tropicana, premier propriétaire notable, a cédé le site en raison d’une baisse d’activité. Puis, après un passage éphémère sous l’enseigne Hermes Boissons, l’usine a frôlé la fermeture définitive en 2023, placée en liquidation judiciaire. C’est là qu’Intermarché, via sa filiale industrielle Agromousquetaires, est entré en scène, promettant de relancer l’activité et de créer une centaine d’emplois. Deux ans plus tard, l’annonce de la revente du site, rebaptisé Vertumnus, a fait l’effet d’une bombe.
Les promesses d’emplois, c’est comme des bulles dans un verre de jus : ça pétille un moment, puis ça disparaît.
– Un habitant d’Hermes, anonyme
Ce revirement a laissé un goût amer aux habitants et à la municipalité, qui avaient cru en un renouveau économique. Mais qu’est-ce qui pousse un géant comme Intermarché à abandonner si vite un projet aussi ambitieux ? Pour le comprendre, il faut plonger dans les coulisses de cette décision et ses impacts sur une communauté déjà fragilisée.
Les Promesses Brisées d’Intermarché
En 2023, lorsque Agromousquetaires a repris l’usine, l’optimisme était palpable. Les élus locaux, les salariés et les habitants y voyaient une chance de redonner vie à un site emblématique. L’objectif affiché ? Relancer la production de jus de fruits frais et créer des emplois stables dans une région où le chômage reste un défi. Mais, selon des sources proches du dossier, les investissements nécessaires pour moderniser l’usine et répondre aux attentes du marché n’ont pas suivi. Résultat : l’activité n’a jamais vraiment décollé, et les emplois promis sont restés un mirage.
J’ai toujours trouvé que les grandes entreprises, quand elles s’implantent en zone rurale, ont une responsabilité énorme. Elles ne peuvent pas juste faire des annonces tape-à-l’œil et partir au premier obstacle. À Hermes, cette annonce de vente, seulement deux ans après le rachat, a ravivé un sentiment de méfiance envers les grands groupes. La municipalité, qui avait soutenu le projet, se sent aujourd’hui trahie.
- 2019 : Tropicana vend l’usine en raison d’une activité en déclin.
- 2023 : Agromousquetaires rachète le site, promettant une centaine d’emplois.
- 2025 : Mise en vente de l’usine Vertumnus, sans repreneur annoncé.
Ce n’est pas la première fois qu’une usine rurale fait les frais de stratégies industrielles mal calibrées. Mais ici, la répétition des échecs pose une question : peut-on encore croire aux promesses des grandes entreprises dans des territoires comme l’Oise ?
Un Coup Dur pour l’Économie Locale
Hermes, petite commune de l’Oise, n’est pas un hub industriel majeur. L’usine Vertumnus, avec son histoire et son potentiel, était un pilier économique pour la région. Sa mise en vente représente bien plus qu’une simple transaction immobilière : c’est un coup porté à l’économie locale. Les habitants craignent une nouvelle vague de chômage, dans une zone où les opportunités d’emploi sont déjà rares.
Pour mieux comprendre l’impact, regardons les chiffres. Selon des experts du secteur, une usine comme celle d’Hermes peut générer entre 50 et 100 emplois directs, sans compter les emplois indirects (transport, fournisseurs, etc.). La perte de ces postes, même potentielle, pourrait fragiliser davantage une communauté rurale déjà confrontée à des défis comme l’accès aux services publics ou la désertification économique.
| Année | Événement | Impact estimé |
| 2019 | Vente par Tropicana | Perte de 30 emplois directs |
| 2023 | Rachat par Agromousquetaires | Promesse de 100 emplois |
| 2025 | Mise en vente | Risque de fermeture définitive |
Ce tableau, bien que simplifié, montre l’instabilité qui caractérise l’histoire récente de l’usine. Et si personne ne se porte acquéreur ? La menace d’une fermeture définitive plane, avec des conséquences sociales et économiques lourdes.
Pourquoi les Usines Rurales Souffrent-elles ?
Le cas d’Hermes n’est pas isolé. Partout en France, des usines en zone rurale peinent à rester compétitives. Mais pourquoi ? D’abord, il y a la question des coûts logistiques. Une usine située à mi-chemin entre Creil et Beauvais, loin des grands axes de transport, peut coûter cher à approvisionner. Ensuite, la concurrence mondiale dans l’agroalimentaire est féroce. Les consommateurs se tournent vers des produits moins chers, souvent importés, au détriment des productions locales.
Les usines rurales, c’est comme des vieux chênes : elles ont des racines profondes, mais elles plient sous les tempêtes du marché.
– Un économiste spécialisé en industrie
Pour ma part, je trouve que ces fermetures à répétition reflètent un problème plus large : un manque de vision à long terme. Les grandes entreprises comme Intermarché ont les moyens d’investir dans des projets durables, mais elles semblent souvent privilégier des gains rapides. À Hermes, l’absence d’un plan clair pour moderniser l’usine ou diversifier sa production a scellé son sort.
Et Maintenant, Quel Avenir pour Hermes ?
La question qui brûle les lèvres des habitants est simple : que va-t-il se passer maintenant ? La mise en vente de l’usine Vertumnus ouvre la voie à plusieurs scénarios. Le plus optimiste ? Un repreneur sérieux, capable d’investir dans la modernisation et de relancer la production. Le plus pessimiste ? Une fermeture définitive, transformant le site en friche industrielle.
- Reprise par un nouvel acteur : Un industriel pourrait voir dans l’usine une opportunité, à condition d’investir massivement.
- Reconversion du site : Transformer l’usine en un autre type d’activité, comme un entrepôt logistique, pourrait être une solution.
- Fermeture définitive : Sans repreneur, le site risque d’être abandonné, avec des impacts dévastateurs sur l’emploi local.
Si je devais parier, je dirais que la reconversion est l’option la plus réaliste. Les usines agroalimentaires, surtout celles spécialisées dans les jus de fruits, font face à des défis structurels. Mais un projet innovant, comme une usine tournée vers les produits bio ou locaux, pourrait redonner espoir. Cela dit, il faudra un investisseur avec une vraie vision, pas juste un chéquier.
Le Rôle des Pouvoirs Publics
Face à cette crise, les élus locaux ne restent pas les bras croisés. Dans l’Oise, plusieurs initiatives ont vu le jour pour soutenir les entreprises en difficulté. Par exemple, des programmes de subventions pour la modernisation industrielle ou des partenariats avec des acteurs privés pourraient aider à sauver des sites comme celui d’Hermes. Mais, soyons honnêtes, ces mesures arrivent souvent trop tard ou manquent d’ampleur.
Ce qui m’a toujours frappé, c’est la résilience des petites communes comme Hermes. Malgré les coups durs, les habitants et les élus continuent de se battre pour leur avenir. Mais ils ne peuvent pas tout faire seuls. Les pouvoirs publics, au niveau régional et national, doivent jouer un rôle plus actif pour protéger l’industrie rurale.
Une Leçon pour l’Industrie Française
L’histoire de l’usine d’Hermes est un miroir tendu à l’industrie française. Elle nous rappelle que les promesses d’emplois ne suffisent pas si elles ne s’accompagnent pas d’une stratégie claire et d’un engagement sur le long terme. Les grandes entreprises, souvent critiquées pour leur manque de transparence, doivent repenser leur approche des territoires ruraux.
Et si on voyait cette crise comme une opportunité ? Pourquoi ne pas imaginer un modèle où les usines comme celle d’Hermes deviennent des vitrines de l’innovation locale ? Produire des jus bio, travailler avec des agriculteurs de l’Oise, ou même diversifier l’activité vers des produits à haute valeur ajoutée pourrait être une piste. Mais cela demande du courage et de la vision, deux qualités qui semblent avoir manqué dans ce dossier.
Une usine, ce n’est pas juste des machines. C’est l’âme d’une commune, l’histoire de ses habitants.
– Un ancien salarié de l’usine
En attendant, les habitants d’Hermes retiennent leur souffle. La mise en vente de l’usine Vertumnus n’est pas seulement une transaction économique : c’est un test pour l’avenir de l’industrie rurale. Espérons que cette fois, les promesses ne s’évaporeront pas comme des bulles dans un verre de jus.
Et vous, que pensez-vous de cette situation ? Les grandes entreprises ont-elles un rôle à jouer pour sauver nos usines rurales, ou est-ce aux communautés locales de prendre leur destin en main ? La réponse, sans doute, se trouve quelque part entre les deux.
