Il y a des moments où une communauté se rassemble, non pas pour crier, mais pour se taire. Pour se souvenir. Pour honorer. Dans le Var, une semaine après un drame qui a secoué les consciences, deux marches blanches sont prévues ce dimanche pour rendre hommage à Hichem, un homme de 46 ans, victime d’un crime raciste qui a bouleversé la région. Pourquoi ces marches ? Parce que parfois, le silence parle plus fort que les mots. Mais que disent-elles vraiment de notre société ?
Un Hommage Silencieux pour une Vie Brisée
Le 31 mai, à Puget-sur-Argens, une petite commune à quelques kilomètres de Fréjus, Hichem, un Tunisien installé en France, a été tué par balles par un voisin. Un acte qualifié de crime raciste par la justice, un geste qui a laissé une communauté sous le choc. Ce dimanche, deux rassemblements sont organisés pour honorer sa mémoire : l’un à Marseille, l’autre à Puget-sur-Argens. Ces marches blanches, comme les appellent les organisateurs, se veulent des moments de recueillement, loin des slogans politiques ou des polémiques.
À Marseille, la marche débute à 10 heures, au départ de la porte d’Aix. À Puget-sur-Argens, elle commence à 15 heures, devant le salon de coiffure où Hichem travaillait. Ces lieux, symboliques, racontent une histoire : celle d’un homme ordinaire, intégré, aimé, arraché à la vie par la haine. Mais au-delà du drame, ces marches posent une question : comment une société peut-elle guérir après un tel acte ?
Un Crime Qui Révèle des Tensions Profondes
Le suspect, un homme de 53 ans, a avoué son geste, mais nie toute motivation raciste. Pourtant, les témoignages convergent : Hichem subissait régulièrement des insultes à caractère raciste de la part de ce voisin. Des mots comme sale Arabe ou retourne chez toi résonnaient dans son quotidien, selon ses proches. Ces propos, loin d’être anodins, sont le reflet d’un climat de tension qui, selon certains observateurs, s’aggrave en France.
Quand on entend des insultes racistes tous les jours, on finit par se sentir comme une cible. C’est une violence qui use, qui blesse, avant même le premier coup.
– Une proche de la victime
Ce drame n’est pas un cas isolé. D’après des études récentes sur les discriminations en France, les actes à caractère raciste ont augmenté de 20 % ces cinq dernières années. Ce chiffre, glaçant, rappelle que la haine peut s’installer dans les interstices du quotidien, dans les mots, les regards, les silences complices. À Puget-sur-Argens, le suspect vivait en marge, isolé, loin des interactions sociales. Mais l’isolement n’explique pas tout. Comment un homme peut-il passer de la parole à l’acte ?
Ce qui frappe, c’est la banalité du décor. Une zone industrielle, un salon de coiffure, une rue tranquille. Et pourtant, c’est là que la tragédie a éclaté. Hichem, coiffeur apprécié, cherchait à déménager pour échapper à ce climat toxique. Il n’en a pas eu le temps.
Des Marches pour l’Unité et la Dignité
Les organisateurs des deux marches blanches insistent : ces rassemblements ne sont pas des manifestations. Pas de banderoles revendicatives, pas de slogans politiques. Juste un hommage, simple, digne, pour un homme qui a perdu la vie dans des circonstances atroces. À Marseille, où vivent plusieurs membres de la famille de Hichem, l’élan de solidarité est particulièrement fort. Environ 2000 personnes sont attendues à Puget-sur-Argens, encadrées par 160 membres des forces de l’ordre.
- Un moment de recueillement pour honorer la mémoire d’Hichem.
- Une volonté de rester apolitique, centrée sur l’humain.
- Une mobilisation qui reflète le besoin d’unité dans une société fracturée.
Le maire de Puget-sur-Argens, figure locale, a tenu à soutenir l’initiative. Selon lui, ces marches sont essentielles pour montrer qu’une communauté peut se rassembler face à la haine. Mais, personnellement, je me demande si ces gestes, aussi beaux soient-ils, suffisent à panser les plaies d’une société où les tensions communautaires semblent s’accentuer.
À Marseille, l’ambiance est décrite comme plus ouverte, plus cosmopolite. La ville, melting-pot méditerranéen, porte en elle une histoire d’accueil et de diversité. Pourtant, même là, les proches de Hichem insistent sur un message clair : pas de récupération politique. Ce choix, respectable, pose une question : peut-on vraiment séparer un tel drame de son contexte social et politique ?
Un Acte Qualifié de Terroriste
La justice a retenu la qualification d’assassinat terroriste pour ce crime, une décision rare qui souligne la gravité de l’acte. Le suspect, après avoir consommé de l’alcool, a tiré à plusieurs reprises sur Hichem depuis sa voiture. Un geste prémédité, selon les premiers éléments de l’enquête. Mais ce qui interpelle, c’est le profil du suspect : un homme isolé, vivant à l’écart, nourri par des idées extrêmes trouvées, peut-être, derrière son écran.
Ce drame rappelle d’autres affaires où la haine, amplifiée par des bulles idéologiques en ligne, mène à des actes irréparables. Les réseaux sociaux, les forums, les discours polarisants : tout cela peut transformer un individu en bombe à retardement. D’après des experts en criminologie, l’isolement social, combiné à une exposition prolongée à des discours de haine, est un cocktail dangereux. Mais comment prévenir ces dérives ?
| Facteur | Impact | Exemple |
| Insultes racistes | Crée un climat de peur | Propos répétés contre Hichem |
| Isolement social | Amplifie les idées extrêmes | Mode de vie du suspect |
| Discours en ligne | Radicalisation progressive | Contenus haineux sur internet |
Ce tableau, bien qu’incomplet, montre à quel point des éléments du quotidien peuvent converger vers une tragédie. Ce qui me frappe, c’est la facilité avec laquelle la haine peut s’enraciner, même dans une petite commune comme Puget-sur-Argens.
La Voix des Proches : Un Cri Silencieux
Les proches d’Hichem, en particulier sa cousine à Marseille, ont partagé leur douleur avec une dignité remarquable. Ils décrivent un homme discret, travailleur, qui aimait son métier de coiffeur. Mais ils parlent aussi de sa peur, de son envie de fuir un voisinage devenu hostile. Ces témoignages, crus, humains, rappellent que derrière chaque fait divers, il y a des vies, des rêves, des espoirs brisés.
Il voulait juste vivre en paix. Il ne demandait rien d’autre.
– Une membre de la famille
Ce qui me touche, c’est cette volonté de rendre hommage sans tomber dans la colère ou la division. Les organisateurs des marches blanches, à Marseille comme à Puget-sur-Argens, ont insisté sur l’importance de rester unis. Mais je ne peux m’empêcher de penser : n’est-ce pas aussi une manière de conjurer la peur ? La peur que ce drame ne soit qu’un symptôme d’un mal plus profond.
Et Après ? Réflexions sur un Avenir Incertain
Les marches blanches, aussi émouvantes soient-elles, ne suffiront pas à effacer la douleur. Ni celle de la famille, ni celle d’une communauté qui se sent visée. Le racisme, sous toutes ses formes, reste un poison insidieux. Et si ces rassemblements sont un premier pas vers la guérison, ils soulignent aussi l’urgence d’agir en amont : éducation, dialogue, lutte contre les discours de haine.
- Éducation : Sensibiliser dès le plus jeune âge à la diversité.
- Dialogue communautaire : Créer des espaces où les différences se rencontrent.
- Régulation des contenus : Lutter contre la propagation de la haine en ligne.
Personnellement, je crois que le vrai défi, c’est de transformer ces moments de recueillement en actions concrètes. Les marches blanches sont belles, mais elles ne doivent pas rester des gestes isolés. Comment faire pour qu’un drame comme celui d’Hichem ne se reproduise pas ? C’est une question qui nous concerne tous.
En attendant, ce dimanche, des milliers de personnes marcheront pour Hichem. À Marseille, à Puget-sur-Argens, dans le silence et la dignité. Ce ne sera pas une fin, mais un début. Un début pour se souvenir, pour réfléchir, pour espérer un avenir où la haine n’aura plus sa place.
Et vous, que pensez-vous de ces marches blanches ? Peuvent-elles changer quelque chose, ou ne sont-elles qu’un pansement sur une plaie bien plus profonde ?
