Imaginez un instant : un ancien top 10 mondial, contraint de ranger sa raquette à cause d’une blessure, se retrouve soudain dans un rôle qu’il n’avait jamais envisagé. Pas sur le court, mais à ses abords, scrutant chaque coup, analysant chaque échange. C’est l’histoire de Lucas Pouille, qui, en 2025, troque son rôle de joueur pour celui d’entraîneur d’Arthur Rinderknech. Une reconversion aussi inattendue qu’intrigante, qui a déjà marqué la saison sur gazon. Comment en est-on arrivé là ? Plongeons dans cette aventure humaine et sportive, où l’expérience d’un champion se met au service d’un autre.
Une Proposition Qui Change Tout
En mai 2025, alors que Roland-Garros bat son plein, Arthur Rinderknech, 70e mondial, se retrouve à un carrefour. Après cinq années fructueuses avec son ancien coach, il décide de changer d’approche. Se présentant seul à Paris, il croise Lucas Pouille, un joueur qu’il connaît sans vraiment le connaître. Une discussion, un déclic, et une proposition audacieuse : « Et si tu devenais mon coach ? » Pour Pouille, alors en pleine convalescence après une rupture du tendon d’Achille et une opération du poignet, l’idée semble presque irréelle. « Franchement, si on m’avait dit ça en début d’année, j’aurais éclaté de rire », confie-t-il avec un sourire.
« J’ai trouvé ça bizarre au début. Je suis encore joueur, je veux revenir. Mais l’idée m’a tout de suite parlé. »
– Un ancien top 10 mondial
Pourtant, l’idée fait son chemin. Après quelques jours de réflexion, Pouille accepte. Il ne s’agit pas d’un simple coup d’essai : c’est une plongée dans un rôle nouveau, où il doit transmettre son expérience tout en restant à distance du terrain. Ce n’est pas seulement une question de technique, mais de partage d’un vécu, celui d’un joueur qui a affronté les meilleurs, de Nadal à Djokovic, et qui sait ce que signifie performer sous pression.
Une Collaboration Improbable
Ce qui rend cette association si fascinante, c’est qu’elle repose sur une alchimie improbable. Pouille et Rinderknech n’étaient pas proches. Ils s’étaient croisés en tournoi, avaient partagé quelques entraînements, mais rien de plus. « On se parlait, quoi, sans être potes », explique Pouille avec une franchise désarmante. Pourtant, c’est peut-être cette distance qui a permis une collaboration sans a priori. Rinderknech, à la recherche d’un regard neuf, voit en Pouille une opportunité : celle de bénéficier de l’expérience d’un joueur qui a brillé sur les plus grands courts.
Leur première mission ? Préparer la saison sur gazon, une surface exigeante où Rinderknech excelle. Pouille, quart de finaliste à Wimbledon en 2016 et vainqueur à Stuttgart en 2017, connaît bien les subtilités de cette surface. Il apporte une vision stratégique, analysant les adversaires comme s’il les affrontait lui-même. « Je me mets à la place du mec en face. Qu’est-ce qui m’embêterait si j’étais lui ? », explique-t-il. Cette approche, à la fois intuitive et analytique, commence à porter ses fruits.
Des Résultats Qui Parlent
Si l’association est récente, les résultats, eux, ne se font pas attendre. À Stuttgart, Rinderknech signe une victoire convaincante contre un top 30, Denis Shapovalov. Au Queen’s, il fait encore mieux en battant son premier top 10, Ben Shelton, avant de pousser Carlos Alcaraz, double tenant du titre à Wimbledon, dans ses retranchements. Un quart de finale, son premier depuis près d’un an, et une confiance retrouvée : la méthode Pouille semble fonctionner.
Pourtant, Pouille reste modeste. « Je ne vais pas réinventer son jeu en trois semaines, soyons sérieux », lâche-t-il. Son rôle ? Ajuster, orienter, redonner du souffle. Parfois, un simple échange ou un léger changement tactique suffit à faire basculer un match. C’est ce que j’aime dans ce sport : un détail peut tout changer. Une préparation optimale, comme il l’appelle, repose sur des ajustements précis, une analyse fine des forces et faiblesses de l’adversaire, et une confiance retrouvée.
| Tournoi | Adversaire notable | Résultat |
| Stuttgart | Denis Shapovalov (top 30) | Victoire |
| Queen’s | Ben Shelton (top 10) | Victoire |
| Queen’s | Carlos Alcaraz (n°2 mondial) | Quart de finale |
Ce tableau, simple mais révélateur, montre l’impact immédiat de cette collaboration. Mais au-delà des chiffres, c’est l’histoire humaine qui séduit. Deux joueurs, deux générations, deux parcours, réunis par une ambition commune : briller sur le gazon de Wimbledon.
Un Coach Pas Comme les Autres
Être entraîneur, pour Pouille, c’est une expérience à la fois étrange et enrichissante. « Je suis encore en carrière, alors me voir comme coach, c’est un peu bizarre », admet-il. Pourtant, il se prend au jeu. Observer un match sous l’angle d’un entraîneur, c’est redécouvrir le tennis. Il analyse les adversaires, anticipe leurs stratégies, et se met dans leur peau pour mieux les contrer. « C’est comme jouer, mais sans la raquette », résume-t-il avec une pointe d’humour.
Son approche est pragmatique. Pas question de bouleverser le jeu de Rinderknech, mais plutôt de l’affiner. « On parle beaucoup, on ajuste des détails. Parfois, c’est juste une question de confiance. » Cette philosophie, ancrée dans l’expérience d’un joueur qui a connu les hauts et les bas, fait écho à ce que beaucoup d’athlètes recherchent : un guide qui comprend vraiment ce qu’ils vivent.
« Un coach qui a joué à haut niveau, ça change tout. Il sait ce qu’on ressent sur le court. »
– Un joueur du circuit ATP
Cette empathie, c’est peut-être la plus grande force de Pouille. Il ne se contente pas de donner des consignes : il partage une vision, celle d’un joueur qui a affronté les meilleurs et qui sait ce qu’il faut pour les battre. À Wimbledon, face à Alexander Zverev, numéro 3 mondial, Rinderknech aura besoin de cette expertise. Un exploit est-il possible ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est que Pouille sera là, dans le box, à scruter chaque détail.
Une Parenthèse ou un Nouveau Départ ?
Pour Pouille, cette expérience de coaching arrive à un moment charnière. Blessé depuis février, il espère reprendre la raquette en septembre. Mais d’ici là, il savoure cette nouvelle aventure. « Le temps passe plus vite quand tu fais des trucs nouveaux », confie-t-il. Consultant à Roland-Garros, interviewer sur le court, et maintenant coach : l’ancien numéro 10 mondial ne chôme pas. Mais qu’en est-il de l’avenir ? Après Wimbledon, les deux hommes feront un point. Prolongeront-ils cette collaboration ? Ou s’agira-t-il d’une simple parenthèse ?
Pour Rinderknech, cette association est déjà une réussite. Il aborde Wimbledon avec une confiance retrouvée, porté par les conseils d’un joueur qui a foulé les mêmes courts avec succès. Mais pour Pouille, c’est aussi une manière de rester connecté au tennis, de continuer à vibrer, même sans jouer. « C’est une belle histoire, non ? », lance-t-il avec un clin d’œil. Et franchement, difficile de ne pas être d’accord.
Le Gazon, Terrain de Tous les Possibles
Le gazon, c’est une surface à part. Rapide, imprévisible, elle demande une adaptation constante. Pour Rinderknech, c’est un terrain où il se sent à l’aise, où son jeu agressif fait des merveilles. Mais c’est aussi un défi tactique. Pouille, avec son passé de quart de finaliste à Wimbledon, sait comment décrypter cette surface. « Sur gazon, tout va vite. Tu dois être précis, anticiper, et surtout ne pas douter », explique-t-il. Ses conseils, distillés au fil des entraînements, aident Rinderknech à peaufiner son service et ses montées au filet, deux armes essentielles sur cette surface.
- Service puissant : Clé pour dominer les échanges dès le départ.
- Jeu au filet : Indispensable pour conclure les points rapidement.
- Adaptation tactique : Savoir lire le jeu de l’adversaire en un clin d’œil.
Ces ajustements, simples en apparence, font toute la différence. Face à Zverev, Rinderknech devra jouer son meilleur tennis. Mais avec Pouille dans son coin, il a une arme secrète : un coach qui connaît les exigences du très haut niveau.
Une Leçon d’Adaptabilité
Ce qui frappe dans cette histoire, c’est la capacité de Pouille à se réinventer. Blessé, loin des courts, il aurait pu se contenter de soigner son tendon d’Achille et de profiter de sa famille. Mais il a choisi de plonger dans l’inconnu, d’embrasser un rôle qu’il n’avait jamais imaginé. Cette adaptabilité, c’est une leçon pour tous les sportifs, et même au-delà. Dans un monde où tout change vite, savoir rebondir est une force. Pouille le prouve, non pas avec une raquette, mais avec un carnet de notes et une vision stratégique.
Pour Rinderknech, cette collaboration est une chance. Mais pour le tennis français, c’est aussi un symbole. Deux joueurs, issus de la même génération, qui s’entraident pour briller. Une histoire qui rappelle que le tennis, au fond, est une affaire de passion, de résilience, et de transmission.
Et Après Wimbledon ?
Alors que Wimbledon 2025 s’ouvre, tous les yeux seront tournés vers Rinderknech et son nouveau coach. Un premier tour face à Zverev, c’est un défi de taille. Mais dans le tennis, rien n’est impossible. Une victoire, même improbable, pourrait marquer un tournant. Et si ce n’était que le début ? Pouille, lui, garde les pieds sur terre. « On verra après le tournoi. Pour l’instant, je profite. »
Quoi qu’il arrive, cette aventure restera dans les annales. Un joueur blessé qui devient coach, un autre qui retrouve son éclat sur gazon : c’est le genre d’histoire qui fait vibrer les amateurs de tennis. Et si, comme moi, vous trouvez que ce sport réserve toujours des surprises, alors cette collaboration entre Pouille et Rinderknech est une raison de plus de suivre Wimbledon de près.
En attendant, une question demeure : cette parenthèse deviendra-t-elle un chapitre durable ? Réponse dans quelques semaines, sur le gazon ou ailleurs.
