Et si la solution à la pénurie de médecins se trouvait dans les salles de classe ? Dans l’Eure, un département où trouver un rendez-vous médical relève parfois du parcours du combattant, une initiative audacieuse émerge. À Évreux, le campus universitaire local se prépare à accueillir, dès la rentrée 2026, de nouvelles formations en santé. L’objectif ? Former des professionnels de santé qui, séduits par le territoire, choisiront d’y poser leurs valises. Une ambition qui, sur le papier, semble pleine de promesses, mais qui soulève aussi des questions : peut-on vraiment inverser la tendance des déserts médicaux en misant sur l’éducation ?
Un Plan Ambitieux pour Revitaliser l’Accès aux Soins
Face à une situation alarmante – moins de 100 généralistes pour 100 000 habitants dans l’Eure contre une moyenne nationale bien plus élevée – les acteurs locaux ne restent pas les bras croisés. L’idée est simple mais astucieuse : attirer des étudiants en santé sur le territoire en leur offrant des formations de qualité, avec l’espoir qu’ils s’y installeront durablement. D’après des études récentes, près de la moitié des médecins choisissent de pratiquer près de leur lieu de formation. Évreux veut tirer parti de cette tendance pour redynamiser son offre médicale.
J’ai toujours trouvé fascinant comment une ville peut façonner son avenir en investissant dans l’éducation. Ce projet, c’est un peu comme planter une graine aujourd’hui pour récolter des fruits demain. Mais quelles sont les mesures concrètes derrière cette ambition ?
Nouvelles Formations : Un Tremplin pour la Santé
Dès septembre 2026, le campus d’Évreux, rattaché à une grande université normande, proposera deux formations phares. La première, le parcours spécifique accès santé (PASS), permettra à une soixantaine d’étudiants d’entamer leur cursus vers des carrières en médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie ou kinésithérapie. Ce programme, souvent perçu comme une étape redoutable, est une porte d’entrée vers les professions médicales les plus recherchées.
La seconde formation, un DEUST (diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques) de préparateur en pharmacie, accueillera une quarantaine d’apprenants. Ce diplôme, axé sur l’apprentissage, répond à un besoin criant dans les officines locales, où les professionnels qualifiés manquent cruellement.
Former des jeunes localement, c’est leur donner une chance de s’enraciner dans notre département. C’est un investissement à long terme pour nos habitants.
– Responsable universitaire impliqué dans le projet
Ces initiatives ne sortent pas de nulle part. Elles sont le fruit d’une collaboration étroite entre les autorités locales, les élus et les responsables académiques. En misant sur des formations adaptées aux besoins du territoire, Évreux espère non seulement attirer des talents, mais aussi leur donner envie de rester.
Maisons de Santé et Pratique Précoce : Une Approche Complète
Le plan ne s’arrête pas aux salles de classe. Pour renforcer l’attractivité du territoire, plusieurs projets de maisons de santé universitaires sont en discussion. Ces structures permettent à des médecins juniors de travailler sous la supervision de praticiens expérimentés, offrant ainsi une transition fluide entre formation et pratique. Trois initiatives de ce type sont déjà bien avancées dans le département, signe d’un engagement concret.
Autre mesure notable : l’ouverture des fauteuils dentaires du campus d’Évreux aux étudiants en odontologie de quatrième année. Jusqu’ici réservés à d’autres universités, ces équipements permettront aux futurs dentistes de s’exercer sur de vrais patients, une opportunité rare et précieuse. Cette décision pourrait également pallier le manque criant de dentistes dans l’Eure.
- PASS santé : Formation pour une soixantaine d’étudiants, accès aux filières médicales.
- DEUST pharmacie : Préparation de 40 apprenants pour les officines locales.
- Maisons de santé : Encadrement des jeunes médecins par des praticiens confirmés.
- Fauteuils dentaires : Pratique clinique pour les étudiants en odontologie.
Ces mesures, prises ensemble, forment un écosystème cohérent. Mais je me demande : est-ce que cela suffira à convaincre les jeunes diplômés de s’installer dans un département où les défis sont nombreux ?
Un Contexte Alarmant : La Pénurie Médicale dans l’Eure
Pour comprendre l’urgence de ce projet, il suffit de regarder les chiffres. En 2023, l’Eure comptait moins de 100 généralistes pour 100 000 habitants, loin derrière la moyenne nationale de 147. Ce déficit se traduit par des délais d’attente interminables pour les patients. Dans l’agglomération d’Évreux, plus de 13 000 personnes n’ont pas de médecin traitant, et ceux qui en ont un doivent souvent attendre des semaines pour un rendez-vous.
Quand on doit attendre un mois pour voir un généraliste, on se rend compte que l’accès aux soins est devenu un luxe.
– Habitante d’Évreux
Ce constat, partagé par beaucoup, met en lumière une réalité brutale : sans intervention, la situation risque de s’aggraver. Les départs à la retraite des médecins et le manque d’attractivité des zones rurales n’arrangent rien. C’est dans ce contexte que le projet d’Évreux prend tout son sens.
| Indicateur | Eure (2023) | Moyenne nationale |
| Généralistes pour 100 000 hab. | Moins de 100 | 147 |
| Habitants sans médecin traitant | 13 000 (agglo Évreux) | Non précisé |
| Délais rendez-vous généraliste | 3 à 4 fois plus longs | Variable |
Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. Ils rappellent qu’au-delà des statistiques, ce sont des vies quotidiennes qui sont impactées. Qui n’a jamais ressenti cette frustration de ne pas pouvoir consulter rapidement un médecin ?
Un Avantage pour les Étudiants Locaux
Un des aspects les plus intéressants de ce projet, à mon sens, est son impact sur les jeunes de l’Eure. Jusqu’à présent, ceux qui souhaitaient entamer des études médicales devaient souvent se rendre dans des villes plus grandes, comme Rouen. Or, sans connexion ferroviaire directe, ces déplacements peuvent être coûteux et compliqués. En proposant des formations localement, Évreux offre une alternative accessible.
Imaginez un étudiant de 18 ans, tout juste bachelier, qui rêve de devenir médecin. Au lieu de s’exiler loin de chez lui, il pourra désormais commencer son parcours à deux pas de sa famille. Cela pourrait changer la donne pour beaucoup.
Les Défis à Relever
Mais tout n’est pas rose. Si l’initiative est louable, elle n’est pas exempte de défis. D’abord, il faudra s’assurer que les infrastructures du campus soient à la hauteur. Former des médecins et des pharmaciens demande des équipements modernes et des enseignants qualifiés. Ensuite, convaincre les diplômés de rester dans l’Eure, où les conditions de travail peuvent être rudes, ne sera pas une mince affaire.
J’ai toujours pensé que les bonnes intentions ne suffisent pas. Il faudra un accompagnement concret – bourses, logements, incitations financières – pour que ces jeunes professionnels s’installent durablement. Sans cela, le risque est de former des talents qui partiront exercer ailleurs.
Un Modèle Inspirant pour d’Autres Régions ?
Ce qui se passe à Évreux pourrait servir de modèle à d’autres territoires en proie aux mêmes difficultés. En combinant formations locales, infrastructures modernes et collaboration avec les acteurs du terrain, l’Eure montre qu’il est possible de prendre le problème à bras-le-corps. Mais, comme souvent, le succès dépendra de l’exécution.
Et si d’autres départements suivaient cet exemple ? Cela pourrait redessiner la carte de l’accès aux soins en France. Mais pour l’instant, tous les yeux sont tournés vers Évreux, où l’espoir d’un avenir médical plus radieux commence à prendre forme.
En somme, ce projet est une lueur d’espoir dans un contexte où les déserts médicaux pèsent lourd sur les habitants. En misant sur l’éducation et l’ancrage local, Évreux trace une voie prometteuse. Reste à voir si les graines semées aujourd’hui porteront leurs fruits demain. Et vous, pensez-vous que former localement est la clé pour enrayer la pénurie de médecins ?
