Vous vous souvenez de ce mois d’août interminable où on ne savait plus trop où Randal Kolo Muani allait poser ses valises ? Moi si. On parlait Juventus, on parlait retour en Allemagne, et puis plus rien. Le genre de feuilleton qui rend dingue les supporters. Et finalement, c’est à Londres, sous le maillot de Tottenham, que le grand gaillard a atterri. Prêt sec, sans option d’achat obligatoire, presque en catastrophe le dernier jour du mercato. Ce mardi soir, il revient là où tout a commencé cette saison : au Parc des Princes. Face au PSG. Son PSG. Enfin, celui qui le paye encore jusqu’en 2028.
Un retour sans rancœur… ou presque ?
Officiellement, il n’y a aucune clause qui l’empêche de jouer contre Paris. L’UEFA interdit ça en compétitions européennes, et tant mieux. Parce que franchement, imaginez l’ironie : prêter un joueur 60 millions d’euros et lui interdire de marquer contre soi. Ce serait le summum. Non, Randal sera bien là, probablement avec son masque de protection – oui, encore – après s’être pris deux coups sur la même mâchoire en trois semaines. Le foot, parfois, c’est du catch déguisé.
Et pourtant, il le dit sans détour : pas d’esprit de revanche. J’ai tendance à le croire. Kolo Muani n’a jamais été du genre à balancer dans la presse. Mais avouez que l’histoire est savoureuse. Le club qui ne comptait plus sur lui en août va se retrouver face à un garçon qui a faim. Très faim.
Le fiasco Juventus qui a tout fait basculer
Remettons les choses dans l’ordre. Fin août, tout était calé avec la Juve. Nouveau prêt, option d’achat obligatoire à 50 millions, tout le monde content. Et puis arrive Damien Comolli, nouveau patron turinois, qui décide de gratter cette obligation. Nasser Al-Khelaïfi, piqué au vif, aurait répondu un truc du genre « alors il ira ailleurs, n’importe où, mais pas chez vous ». Vexation maximale.
Le lendemain – oui, le lendemain ! – Tottenham se pointe. Le club anglais cherchait un attaquant depuis janvier, ils avaient déjà sondé le dossier. L’accord est trouvé en quelques heures. Pas d’option obligatoire, juste un prêt sec. Paris récupère du temps de jeu pour son joueur, Tottenham choppe un profil rare sans trop risquer. Tout le monde y trouve son compte… sauf peut-être la Juventus qui doit encore se mordre les doigts.
« On voulait un joueur capable de jouer dans l’axe ou sur un côté, rapide, fort dans les duels. Randal coche toutes les cases. »
Un dirigeant de Tottenham, début septembre
Des débuts anglais… chaotiques
Arrivé le 1er septembre, Kolo Muani n’a pas vraiment eu le temps de visiter Londres. Troisième entraînement : béquille monumentale de Pape Matar Sarr. Hématome, ponction, quatre matchs de Premier League manqués d’entrée. Sympa l’accueil.
Il fait ses grands débuts contre Villarreal en Ligue Europa Conférence (victoire 1-0), puis enchaîne. On le voit dans l’axe, puis à gauche, parfois les deux dans le même match. Thomas Frank, le coach danois, est clair dès le départ : il compte sur lui comme titulaire. Mais le corps dit stop à nouveau. Contre Manchester United, il sort à la mi-temps après un choc à la tête. Nouveau coup dur.
- 9 matchs toutes compétitions confondues
- 0 but inscrit pour l’instant
- 3 titularisations consécutives avant la dernière blessure
- 1 masque protecteur devenu son nouvel accessoire fétiche
Les stats ne sont pas folles, c’est vrai. Mais ceux qui ont vu les matchs récents le sentent monter en puissance. Contre Arsenal (défaite 1-4), il a été l’un des rares à surnager malgré le score. Percussions, appels, déviations : le Randal qu’on connaissait à Francfort commence à pointer le bout de son nez.
Le masque, symbole d’une saison galère… et d’une résilience
On en rit presque, mais ce masque noir, c’est un peu la métaphore de son début de saison. Protégé, mais exposé. Fragile, mais debout. Il l’a gardé contre Arsenal, il le gardera probablement ce soir. Et tant pis si ça lui donne des airs de super-héros de pacotille. L’important, c’est qu’il joue.
Car jouer, c’est tout ce qu’il demande. À 26 ans, il reste sur une saison 2024-2025 à seulement 9 buts toutes compétitions confondues avec le PSG. Trop peu pour un joueur acheté 95 millions un an plus tôt. La concurrence était féroce – on ne va pas se mentir, quand vous avez Mbappé, Dembélé, Barcola et consorts devant vous, c’est compliqué. Mais il y avait aussi cette impression qu’il n’avait jamais vraiment trouvé sa place dans le système parisien.
Et les Bleus dans tout ça ?
Didier Deschamps l’a rappelé en novembre. Le message était clair : dès qu’il est opérationnel et qu’il joue régulièrement, il revient. Raté pour cette trêve à cause de la mâchoire, mais le sélectionneur n’a pas fermé la porte. Loin de là.
« À partir du moment où Randal est opérationnel, il me paraît logique qu’il soit là. »
Didier Deschamps, conférence de presse de novembre
Traduction : marque des buts à Londres, et la porte des Bleus reste grande ouverte. Surtout à dix-huit mois de la Coupe du monde 2026. La concurrence est rude (Giroud prend de l’âge, Thuram alterne le bon et le moins bon, les jeunes poussent), mais Kolo Muani a encore toutes ses chances.
Ce soir, le match parfait pour se relancer ?
Objectivement, oui. Tottenham est en reconstruction, joue un football intense, rapide, avec beaucoup de transitions. Exactement le terrain de jeu qui convenait à Kolo Muani à l’Eintracht Francfort. Face à une défense parisienne parfois fébrile cette saison, il a une carte à jouer. En pointe ? Sur un côté ? Les deux ? Peu importe.
Ce qui est sûr, c’est que le Parc va le chambrer. Gentiment ou pas. Et lui, il adore ça. Souvenez-vous de la finale de la Coupe du monde 2022. Celui qui rate un face-à-face incroyable avec Martinez, qui met ensuite le but du 2-2 (refusé pour hors-jeu), et qui finit par tirer le penalty décisif en finale… perdu. Il a déjà vécu le pire sous les projecteurs. Un peu de sifflets au Parc, franchement, ça va le faire sourire.
Et puis soyons honnêtes : marquer ce soir, ce serait le scénario parfait. Pas pour la revanche – il le répète assez – mais pour la symbolique. Montrer à tout le monde que le joueur qui valait 95 millions n’est pas mort. Qu’il a juste eu besoin d’air. D’un coach qui croit en lui. D’un système qui le met en valeur.
Tottenham, le bon choix à long terme ?
Pour l’instant, c’est un prêt jusqu’en juin. Point. Pas d’option, pas d’obligation. Tottenham peut lever une option s’ils le souhaitent (les chiffres parlent d’environ 50-55 millions), mais rien n’est acté. Paris, de son côté, verra bien. Si Randal explose à Londres, ils pourront soit le récupérer, soit le vendre à prix d’or. S’il stagne… eh bien on avisera.
Moi je mise sur la première option. Le championnat anglais, avec son rythme infernal, va le transcender. On l’a vu avec d’autres attaquants français passés par là – Lacazette, Giroud, même Martial à une époque. Quand ça clique, ça clique fort.
Et puis Thomas Frank n’est pas le dernier des imbéciles. Le Danois a transformé Brentford en machine à contre-attaques avant d’arriver chez les Spurs. Il sait utiliser la vitesse, les espaces. Tout ce que Kolo Muani aime.
Conclusion : un match à ne pas rater
Ce soir, il n’y aura pas que du football. Il y aura une histoire. Celle d’un gamin de Bondy qui revient dans le stade qui l’a couronné… avec le maillot de l’adversaire sur les épaules. Celle d’un attaquant qui porte encore les cicatrices (littéralement) d’une saison chaotique mais qui refuse de baisser les bras.
Alors oui, on parlera tactique, de la capacité de Tottenham à presser haut, du retour de Dembélé côté parisien, de tout ça. Mais au fond, on regardera surtout lui. Numéro 9, 11, ou les deux. Masque noir sur le visage. Prêt à écrire un nouveau chapitre.
Parce que dans le foot, parfois, les plus belles histoires naissent des galères. Et celle de Randal Kolo Muani, en ce 25 novembre 2025, est loin d’être terminée.
Allez, on se donne rendez-vous à 21h. Et qui sait… peut-être que ce soir, le Parc regrettera un peu de l’avoir laissé partir.
