Franchement, quand Harvey Barnes a ouvert le score dès la 6e minute hier soir, j’ai cru que le Vélodrome allait encore vivre une de ces soirées où tout part en vrille. Le genre de soirée où tu te dis que la Ligue des Champions, c’est vraiment pas pour nous cette saison. Et puis… et puis il y a eu ce réveil. Brutal, magnifique, presque irréel.
Pierre-Emerick Aubameyang, 36 ans au compteur, a décidé qu’il n’avait pas traversé la moitié de l’Europe pour jouer les figurants. Deux buts en quatre minutes au retour des vestiaires. Un angle fermé qui défie la logique, une tête victorieuse sur un centre millimétré. Et soudain, treize années de malédiction face aux clubs du Big 4 anglais qui s’effacent d’un coup. Comme ça. Magique.
Une Victoire qui Pèse Plus Lourd qu’un Simple 2-1
Cette victoire, ce n’est pas qu’une ligne de plus au tableau. C’est un déclic. Psychologique, comptable, symbolique. L’OM pointe désormais à 6 points après cinq journées et grimpe à la 19e place en attendant les matchs du mercredi. Les barrages ? Ils ne sont plus une chimère. Ils sont devenus un objectif crédible.
Et pourtant, rien ne laissait présager ça au coup d’envoi.
Un début de match cauchemardesque
Dès la 3e minute, Balerdi prend un carton jaune qui sent la poudre. Une minute plus tard, Höjbjerg sauve sur sa ligne. Et à la 6e, Barnes surgit comme un diable pour pousser le ballon au fond. 1-0. Le scenario parfait pour une nouvelle désillusion.
Les Anglais pressent haut, récupèrent, repartent. On sent l’OM étouffé, désordonné. Greenwood tente bien de sonner la révolte en trouvant régulièrement Aubameyang, mais les frappes manquent de précision. Le jeune Bakola, 17 ans, fait ses grands débuts en titulaire et se fait un peu manger par l’événement – simulation, carton jaune, la totale.
À la pause, on se dit que ça va être compliqué. Très compliqué.
Le tournant : quatre minutes de pure folie
Et là, la seconde période démarre. Bakola, qui veut se racheter, lance parfaitement Aubameyang dans la profondeur. Nick Pope sort aux fraises, le Gabonais le lobe depuis un angle quasi impossible. 1-1 à la 46e. Le Vélodrome gronde déjà.
Quatre minutes plus tard, Timothy Weah – oui, le fils de George – centre depuis la droite. Aubameyang surgit au premier poteau et catapulte sa tête. 2-1. Explosion totale. J’ai rarement vu le stade aussi bouillant, même lors des grandes soirées européennes d’antan.
Ces deux buts, c’est du Aubameyang pur jus. L’expérience, l’opportunisme, la classe froide. À 36 ans, il reste un tueur.
Aubameyang, le sauveur inattendu ?
On l’avait un peu enterré, avouons-le. Arrivé libre, critiqué pour son âge, parfois transparent en Ligue 1. Et pourtant, quand l’OM en a le plus besoin, c’est lui qui sort du bois. Ses 2e et 3e buts en C1 cette saison, les deux en une seule soirée.
Ce n’est pas un hasard si De Zerbi le titularise enfin. L’Italien l’a répété : il croit en son leader d’attaque. Hier, Auba lui a donné raison de la plus belle des manières.
- Un angle fermé à la 46e qui rentre dans la catégorie « but de renard »
- Une tête gagnante à la 50e qui rappelle le grand Auba d’Arsenal
- Une célébration toute en communion avec le virage Sud
- Une série de 17 défaites face au Big 4 brisée net
Le rôle clé des jeunes et des recrues
Si Aubameyang a été le héros, il n’a pas été seul. Mason Greenwood a été infernal sur son côté droit, constamment recherché, constamment dangereux. Timothy Weah a apporté de la percussion et surtout ce centre décisif. Même Darryl Bakola, malgré ses maladresses, a eu le mérite de lancer l’action du 1-1.
Derrière, Rulli a sorti les arrêts qu’il fallait en fin de match. Höjbjerg a mangé les milieux anglais. Balerdi, malgré son carton précoce, a tenu la baraque. C’était une performance collective, mais portée par des individualités qui ont répondu présent au meilleur moment.
Et maintenant, les barrages sont vraiment possibles
Avec 6 points, l’OM se replace idéalement. Il reste trois matchs, dont certains très abordables sur le papier. Les 24 premières places qualificatives (8e à 24e) donnent droit aux barrages. On y est presque.
Ce qui est fou, c’est que l’OM version 2025-2026 est mieux placé à ce stade que le PSG de la saison dernière à la même période. Ça veut tout dire.
Le calendrier restant ? On va y venir, mais déjà, cette victoire change tout dans les têtes. Les joueurs y croient. Les supporters y croient. Et moi, franchement, j’ai envie d’y croire aussi.
Le Vélodrome, ce 12e homme irremplaçable
Impossible de parler de ce match sans évoquer l’ambiance. Le tifo déployé à l’entrée des joueurs était tout simplement monumental. Des milliers de feuilles, des fumigènes, une ferveur qui donne des frissons rien qu’en y repensant.
Quand l’OM a égalisé, c’était plus un stade, c’était un volcan. Et quand le deuxième but est arrivé, j’ai cru que le toit allait s’envoler. Ce public, c’est une arme. Une vraie. Newcastle l’a senti passer.
De Zerbi, l’homme qui a su appuyer sur les bons boutons
L’Italien a encore surpris. Titulariser Bakola à 17 ans, replacer Weah plus haut, insister sur Greenwood en meneur de jeu déporté… Ses choix ont été payants. Sa gestion des changements, aussi. Il a su garder la tête froide quand beaucoup auraient paniqué.
On sent que son vestiaire adhère. Et quand un vestiaire adhère, tout devient possible.
Ce que ça change pour la suite de la saison
Cette victoire, c’est un tournant. En Ligue 1, l’OM reste sur une dynamique correcte mais sans éclat. En Europe, ce succès peut tout débloquer. Confiance, unité, envie. Les ingrédients d’une seconde partie de saison explosive.
Et puis soyons honnêtes : voir Marseille capable de renverser une équipe du calibre de Newcastle, ça fait du bien. Ça rappelle les grandes soirées. Celles où on se disait que l’OM pouvait battre n’importe qui à domicile.
Hier, on a retrouvé un bout de cette âme-là.
Alors oui, il reste du chemin. Oui, rien n’est joué. Mais pour la première fois depuis longtemps, on a le droit de rêver un peu. Grâce à un Gabonais de 36 ans qui a décidé que non, il n’était pas fini.
Merci Auba. Et merci à cette équipe qui, hier soir, nous a rappelé pourquoi on aime ce club plus que tout.
La suite ? Elle s’annonce passionnante.
