Vous souvenez-vous de l’époque où on se moquait gentiment des gens qui mettaient leur téléphone dans une pochette en aluminium ? Moi oui. Et pourtant, pendant des années, cette petite voix dans le ventre quand on collait son portable à l’oreille était bien là. Alors, quand on m’a dit qu’une agence sanitaire française venait de passer au peigne fin 250 études toutes récentes sur le sujet, j’avoue : j’ai ouvert grand les oreilles.
Le verdict 2025 est tombé : pas de lien convaincant
En clair, après avoir tout remis à plat, les experts concluent qu’on ne trouve aucune preuve solide reliant l’exposition aux ondes radiofréquences des téléphones portables à un risque accru de cancer. Ni tumeurs du cerveau, ni gliome, ni méningiome, ni même ces rares cancers de la glande parotide qui faisaient trembler il y a dix ans. Le dossier semble clos… ou presque.
Parce que, soyons honnêtes, quand une agence dit « pas de lien mis en avant », ça ne veut pas dire « zéro risque à 100 % ». Ça veut dire : avec les données dont on dispose aujourd’hui, on ne peut pas affirmer qu’il y a danger. Nuance importante.
Pourquoi cette nouvelle expertise était nécessaire
Depuis 2013 pour les adultes et 2016 pour les enfants, le monde a changé. La 4G s’est généralisée, la 5G a débarqué, les smartphones sont devenus de véritables ordinateurs de poche qu’on garde 24 h/24 près de nous. Et surtout, des milliers de nouvelles études sont sorties. Certaines alarmistes, d’autres rassurantes, et beaucoup contradictoires.
Du coup, il devenait urgent de faire le ménage. Prendre tout ça, trier le bon grain de l’ivraie, regarder la qualité méthodologique, les biais possibles, les financements… Un travail titanesque qui a mobilisé des dizaines de chercheurs pendant des mois.
« On a voulu repartir d’une feuille presque blanche et tout réévaluer avec les connaissances actuelles.
Un expert impliqué dans l’évaluation
Ce que disent vraiment les études récentes ?
Il y a grosso modo trois grands types d’études sur le sujet :
- Les études épidémiologiques (sur de très grandes populations)
- Les études en laboratoire sur des animaux
- Les études sur cellules ou tissus humains in vitro
Sur les grandes cohortes humaines (type Interphone, Million Women Study, Danish Cohort mise à jour), la tendance est claire : aucun excès de tumeurs cérébrales chez les gros utilisateurs de portable, même après 15 ou 20 ans d’utilisation.
Les études animales ? Les fameuses expériences du NTP américain (2018) avaient fait peur avec leurs rats qui développaient des tumeurs cardiaques. Mais depuis, plusieurs reproductions indépendantes n’ont pas réussi à retrouver le même effet. Et surtout, les doses utilisées étaient souvent bien au-dessus de ce qu’un humain reçoit dans la vraie vie.
Quant aux études in vitro, elles montrent parfois des effets sur l’ADN ou le stress cellulaire… mais à des niveaux d’exposition complètement irréalistes. Traduction : pas pertinent pour la vie quotidienne.
Et la 5G dans tout ça ?
C’est la grande question que tout le monde se pose. La 5G utilise des fréquences plus élevées (jusqu’à 26 GHz en France) et des technologies différentes (beamforming, small cells). Forcément, ça inquiète.
Pour l’instant, les mesures d’exposition montrent que le niveau moyen reste très en dessous des limites recommandées. Et les premières études spécifiques à la 5G (encore peu nombreuses) ne montrent rien d’alarmant. Mais évidemment, on manque de recul. On parle d’une technologie déployée massivement depuis seulement 4-5 ans.
Les gestes de précaution qui restent recommandés
Même sans preuve de danger, les autorités sanitaires continuent de conseiller quelques règles simples. Pas parce qu’on a peur, mais parce que c’est du bon sens :
- Utiliser le kit mains-libres ou le haut-parleur quand c’est possible
- Éviter de dormir avec le téléphone sous l’oreiller en charge
- Privilégier les SMS aux appels quand le réseau est faible (le téléphone émet plus fort)
- Pour les enfants, limiter le temps d’utilisation (leur crâne absorbe plus d’ondes)
- Regarder le DAS (Débit d’Absorption Spécifique) avant d’acheter un nouveau modèle
Personnellement, je trouve que ces conseils ne coûtent rien et qu’on a tout intérêt à les suivre. Un peu comme mettre sa ceinture en voiture : on espère ne jamais en avoir besoin, mais on la met quand même.
Pourquoi on a eu si peur pendant toutes ces années ?
Il faut reconnaître que le classement « possiblement cancérogène » (groupe 2B) du CIRC en 2011 a marqué les esprits. À l’époque, c’était justifié : on manquait cruellement de données à long terme.
Ajouté à ça quelques études mal interprétées, des titres racoleurs (« le portable donne le cancer ! »), et des lobbies anti-ondes très actifs sur les réseaux… La mayonnaise a pris.
Aujourd’hui, avec 30 ans de recul sur la téléphonie mobile et des milliards d’utilisateurs, si un effet majeur existait, on l’aurait vu dans les statistiques de cancer. Or, l’incidence des tumeurs cérébrales reste stable (voire en légère baisse chez les jeunes) malgré l’explosion de l’usage des portables.
Ce que cette expertise change (ou pas) dans notre quotidien
Concrètement ? Pas grand-chose. Les restrictions dans les écoles maternelles et primaires restent en place (wifi désactivé quand inutilisé, téléphones interdits). Les valeurs limites d’exposition ne bougent pas. Et les fabricants continuent d’être obligés d’afficher le DAS.
Mais psychologiquement, c’est énorme. On peut enfin utiliser son téléphone sans cette petite culpabilité diffuse. Perso, je me sens plus léger. Même si je garde mon kit piéton dans la poche – vieux réflexe !
Et demain ?
La science ne s’arrête jamais. De nouvelles études vont continuer à sortir, surtout sur la 5G et les expositions cumulées (wifi + bluetooth + 4G/5G + objets connectés). Et on surveillera aussi d’autres effets possibles : fertilité, troubles du sommeil, électro-hypersensibilité (même si là, les preuves sont encore plus minces).
Mais une chose est sûre : si un risque majeur apparaissait, il serait détecté rapidement grâce aux systèmes de surveillance existants.
En attendant, on peut ranger la pochette en aluminium au fond du tiroir. Et profiter de nos smartphones sans paranoïa. La technologie avance, la science aussi. Et pour une fois, les deux semblent d’accord pour nous dire : respirez, tout va bien.
(Enfin, tant qu’on ne passe pas 8 heures par jour collé à son écran… mais ça, c’est une autre histoire !)
