Il y a des soirs où le foot redevient magique. Mardi, au Vélodrome, on a vécu exactement ça. Un stade qui tremble, une équipe au bord du gouffre et puis lui. Pierre-Emerick Aubameyang, 36 ans bien tassés, qui sort de sa boîte comme si le temps n’avait aucune prise sur lui. Deux buts en quatre minutes, un 2-1 arraché face à Newcastle et l’OM qui respire enfin en Ligue des Champions. Franchement, qui l’aurait cru il y a encore un an ?
Le retour d’un phénomène qu’on croyait fini
On va être honnête : quand Marseille a recruté Aubameyang libre en 2023, beaucoup ont souri jaune. Un mec qui sortait de deux saisons compliquées à Londres et à Barcelone, un âge canonique pour un attaquant de pointe… Sur le papier, ça sentait le coup nostalgique plus que le pari gagnant. Et pourtant. Huit buts toutes compétitions confondues dès le mois de novembre, un ratio minutes/but complètement dingue et surtout, cette impression qu’il est plus fort qu’avant.
Parce que oui, il a perdu un demi-pas en vitesse pure. On ne va pas se mentir, il ne va plus semer les défenseurs comme en 2016. Mais ce qu’il a gagné en lecture du jeu, en malice, en placement, c’est juste hallucinant.
Premier acte : la leçon de calme à la mi-temps
Revenons au match. Première période frustrante. L’OM domine, se crée des occasions en pagaille mais Aubameyang vendange. Une frappe trop croisée, une tête au milieu de deux défenseurs, un face-à-face vendangé… À la pause, pas mal de supporters râlaient déjà dans les travées. Moi le premier, je l’avoue.
« Il était très tranquille à la mi-temps. Je lui ai dit de continuer comme ça. C’est un champion, il sait. »
Roberto De Zerbi, entraîneur de l’OM
Et là, la magie opère. Pas besoin de cris, pas besoin de grand discours. Juste un échange entre un coach qui fait confiance et un joueur qui connaît son corps et son mental mieux que personne. Résultat ? Une seconde période de feu.
Deux buts, deux œuvres d’art
Le premier, à la 46e, c’est du pur opportunisme. Nick Pope sort aux fraises, Malick Thiaw se troue, Aubameyang sent le coup, cavale et enroule une frappe du droit qui va caresser le poteau avant de rentrer. Classe absolue. Le genre de but qu’on ne travaille pas à l’entraînement, juste de l’instinct de tueur.
Quatre minutes plus tard, le second. Centre millimétré de Timothy Weah, Aubameyang attaque le premier poteau et devance Fabian Schär. Deux défenseurs battus, un gardien piégé. 2-1. Le Vélodrome explose. Et là tu te dis : à 36 ans, le mec est encore capable de mettre le feu comme ça ? Respect.
L’évolution d’un buteur hors norme
Ce qui frappe, c’est l’évolution. Le jeune Aubameyang, c’était la fusée. Des appels en profondeur, des courses de sprinteur, des frappes de malade dès qu’il avait un mètre. Aujourd’hui ? Il joue plus court, plus malin. Il sent les espaces que les autres ne voient pas. Il anticipe les erreurs adverses. C’est presque devenu un numéro 9 et demi, un mix entre finisseur et créateur.
- Meilleur placement dans la surface
- Lecture parfaite des trajectoires
- Frappes plus propres, moins de puissance brute
- Une sérénité dingue dans les grands rendez-vous
Et ça, c’est pas un hasard. C’est des années d’expérience, des échecs, des titres, des bancs aussi. Tout ça forge un mental d’acier.
Pourquoi cette performance n’est pas une surprise
Regardez ses stats depuis le début de saison. Il tourne à un but tous les 90 minutes environ, toutes compétitions confondues. En Ligue 1, il est déjà dans le top 5 des buteurs. En Ligue des Champions, il porte l’équipe à bout de bras. Et surtout, il le fait dans un système de De Zerbi qui demande énormément d’intelligence tactique.
Les comparaisons avec les grands anciens fusent : Trezeguet qui scorait encore à 35 ans, Ibrahimovic qui faisait trembler les défenses à 39… Aubameyang s’inscrit clairement dans cette lignée. Des mecs qui refusent de raccrocher, qui bossent, qui s’adaptent.
« Si tu décides de frapper, il faut que tu marques. »
Aubameyang, après avoir chambré gentiment un coéquipier manquant une occasion
Cette phrase, il l’a dite la semaine dernière. Mardi soir, il l’a appliquée à la lettre.
Et maintenant ?
Avec ce succès, l’OM se relance complètement dans son groupe de Ligue des Champions. Prochain rendez-vous : Toulouse samedi en Ligue 1. Et on sait tous qui va encore traîner dans la surface avec l’envie de punir la moindre erreur. Parce que non, à 36 ans, Pierre-Emerick Aubameyang n’est pas fini. Il est juste en train d’écrire l’un des plus beaux chapitres de sa carrière. Et franchement, on en redemande.
Le foot, parfois, c’est aussi ça : des histoires de résilience, de talent brut et d’amour du jeu. Hier soir, le Vélodrome a communié avec un mec qui court plus vite que son âge. Et ça, ça n’a pas de prix.
Alors oui, on peut parler tactique, pressing, animation offensive. Mais parfois, il y a des joueurs qui transcendent tout ça. Aubameyang en fait partie. Et tant qu’il aura cette flamme, l’OM pourra dormir tranquille. Parce qu’avec lui devant, tout reste possible.
