Vous êtes-vous déjà demandé si votre job existera encore dans cinq ans ? Franchement, moi oui. Et depuis quelque temps, cette question me trotte dans la tête un peu trop souvent. Parce que ce n’est plus de la science-fiction : des gens, autour de nous, ont déjà été remplacés net par une intelligence artificielle. Pas demain, pas dans dix ans. Aujourd’hui.
Ils étaient rédacteurs, graphistes, codeurs, traducteurs… Et puis un jour, leur patron ou leur client leur a dit : « Merci, mais on va faire autrement maintenant. » Autrement, ça veut dire moins cher, plus rapide, et sans pause café. Ça s’appelle ChatGPT, Gemini, Midjourney ou Claude. Et ça change tout.
Quand l’IA passe la porte du bureau, certains n’en reviennent pas
Fin 2022, tout a basculé. Ce qui n’était qu’un jouet amusant pour les geeks est devenu, en quelques mois, un outil que n’importe qui peut utiliser pour produire du texte, des images, du code, des traductions. Et surtout : le faire bien. Parfois même mieux que certains pros.
Ce que beaucoup prédisaient pour 2030 est arrivé trois ans plus tôt. Et les premiers touchés, ce ne sont pas forcément ceux qu’on croit.
Julien, ex-rédacteur web : « J’ai formé mon propre remplaçant »
Julien, 34 ans, travaillait comme rédacteur freelance spécialisé dans le SEO. 80 articles par mois, des blogs d’entreprise, des fiches produits. Un rythme soutenu, mais ça payait les factures.
Puis un client lui a demandé de tester un outil d’intelligence artificielle pour « gagner du temps ». Julien a accepté. Il a passé des heures à peaufiner les prompts, à corriger les sorties, à expliquer comment obtenir un ton naturel. Trois mois plus tard, le client lui a envoyé ce message :
« Salut Julien, merci pour tout. On a enfin réussi à automatiser 90 % de la production. On n’aura plus besoin de tes services. Bonne continuation ! »
Il a relu le message dix fois. Il n’y croyait pas. Il avait littéralement formé l’outil qui allait le remplacer.
Aujourd’hui, Julien bosse comme livreur. Il gagne moins, beaucoup moins. Mais au moins, dit-il avec un rire amer, « l’IA ne sait pas encore faire du vélo sous la pluie ».
Sophie, graphiste print : « Mes clients préfèrent payer 5 euros que 500 »
Sophie créait des affiches, des flyers, des logos pour des petites entreprises. Un métier créatif, humain, où l’on discute, où l’on ajuste, où l’on ressent.
Puis les générateurs d’images sont arrivés. En quelques secondes, n’importe qui peut obtenir cent variantes d’un visuel. Pas parfait, mais largement suffisant pour une TPE qui veut économiser.
« Un jour, une cliente m’a dit : “Sophie, j’adore ton travail, mais là j’ai fait ça en deux clics pour 4,99 € sur un site. Tu comprends…” »
Sophie, aujourd’hui reconvertie en animatrice périscolaire
Elle a perdu 70 % de son chiffre en un an. Elle a essayé de se battre : « Je suis plus créative, je comprends vraiment vos besoins… » Mais le prix parle plus fort que l’âme.
Marc, développeur junior : « Mon code était bon. Celui de l’IA est juste… suffisant »
Marc codait des sites vitrines, des petites applications. Rien de fou, mais propre, fonctionnel, avec un vrai suivi client.
Son agence a commencé à utiliser des assistants IA pour générer du code. D’abord pour les tâches répétitives. Puis pour tout. Marc est devenu correcteur. Puis plus rien.
« Le pire, c’est que le code produit par l’IA est parfois moche, pas optimisé. Mais le client s’en fout. Ça marche, c’est livré en deux jours au lieu de deux semaines, et ça coûte trois fois moins cher. »
Il a tenté de se former sur des technos plus pointues. Mais même là, les outils IA suivent à toute vitesse.
Les secteurs les plus touchés (et ceux qui résistent encore)
On entend souvent que seuls les jobs « répétitifs » sont menacés. C’est faux. Ce sont surtout les jobs intermédiaires créatifs qui trinquent en premier.
- Rédaction web et journalistique de base
- Traduction non littéraire
- Création graphique standard (logos, visuels réseaux sociaux)
- Montage vidéo simple
- Support client niveau 1
- Développement web front-end basique
- Recherche et synthèse d’information
À l’inverse, certains métiers tiennent encore bon. Pas parce que l’IA ne sait pas faire, mais parce que l’humain reste incontournable :
- Stratégie et conseil de haut niveau
- Création artistique originale et conceptuelle
- Relation client complexe et émotionnelle
- Métiers manuels qualifiés
- Enseignement et accompagnement humain
Et maintenant ? Se battre ou se réinventer ?
Beaucoup de ceux qui ont tout perdu ont tenté de résister. Créer des collectifs, alerter, proposer des labels « 100 % humain ». Peine perdue pour l’instant.
D’autres ont choisi la réinvention. Parfois par obligation, parfois avec une forme d’excitation.
Il y a ceux qui se sont mis à former les autres à utiliser l’IA. Ironique, mais payant. Ceux qui sont devenus prompt engineers, ces nouveaux métiers où l’on apprend à parler aux machines mieux que quiconque.
Et puis il y a ceux qui ont tout plaqué. Retour à la terre, artisanat, soin aux autres. Des choix radicaux, mais qui redonnent du sens.
Une chose est sûre : rien ne sera plus comme avant
L’intelligence artificielle ne va pas s’arrêter. Elle va devenir plus forte, plus fine, plus intégrée dans tous les outils. Dans deux ans, ce qu’on voit aujourd’hui paraîtra primitif.
Alors oui, des jobs vont disparaître. Beaucoup. Mais d’autres vont apparaître. Peut-être moins nombreux. Peut-être plus intéressants. Peut-être réservés à ceux qui sauront danser avec la machine plutôt que de lui faire concurrence sur son terrain.
Ce qui est certain, c’est que ceux qui refusent de voir la vague arriver risquent de se faire emporter. Et ceux qui l’ont déjà pris en pleine figure, comme Julien, Sophie ou Marc, sont les premiers à nous prévenir.
Leur message est simple : adaptez-vous. Vite. Parce que demain, ça pourrait être vous.
Et vous, où en êtes-vous avec tout ça ? Votre métier vous semble encore à l’abri ? Ou vous commencez déjà à sentir le sol trembler sous vos pieds ?
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : on vit un moment historique. Et on n’a pas fini d’en parler.
