Vous êtes-vous déjà retrouvé à 8 h 17, sac à dos collé au ventre, à courir comme un dératé dans le couloir interminable de Châtelet parce que le tapis roulant était encore en panne ? Moi oui. Et figurez-vous que cette petite joie quotidienne risque de durer… un semestre entier.
Fin novembre 2025, la sentence est tombée : les trois fameux trottoirs roulants qui relient les lignes 1, 7 et 11 à la station Châtelet-Les Halles seront hors service au minimum jusqu’en mai-juin 2026. Six mois. Autant dire une éternité quand on sait que des centaines de milliers de voyageurs passent par là chaque jour.
Quand un simple tapis roulant devient un cauchemar collectif
Pour ceux qui n’ont jamais eu le plaisir de fréquenter ce tronçon, imaginez un tunnel de 160 mètres, légèrement en pente, où tout le monde se bouscule aux heures de pointe. Sans les tapis, c’est soit la marche rapide, soit l’embouteillage humain version sardines. Avec les tapis, c’était presque agréable : on se laissait porter, on regardait son téléphone tranquille, on arrivait presque reposé à la ligne 11.
Presque.
Car ces engins, aussi pratiques soient-ils, ont toujours eu une réputation de divas capricieuses. Panne en août pour la main courante, re-panne en septembre, et maintenant cette expertise qui tombe comme un couperet : toutes les palettes – ces fameuses marches plates – présentent un défaut de fabrication qui peut fragiliser la structure entière.
2400 pièces à changer, une par une
Concrètement ? Il y a 800 palettes par tapis, donc 2400 pièces au total à refabriquer de zéro, puis à installer. On parle d’une opération titanesque dans un couloir qui ne ferme jamais vraiment. Les équipes doivent travailler de nuit, par tronçons, avec des contraintes de sécurité énormes.
« Compte tenu des délais de fabrication et d’intervention, la remise en service complète nécessitera au moins six mois. »
– Communication officielle de l’exploitant
Six mois, c’est le scénario optimiste. Autant dire que certains parient déjà sur l’été 2026.
Pourquoi maintenant ? Le défaut était-il visible avant ?
Bonne question. L’anomalie n’a été détectée qu’après la maintenance d’août. À l’époque, on avait changé la main courante, rien de bien méchant. Mais les contrôles poussés qui ont suivi ont révélé un problème bien plus grave au niveau des marches elles-mêmes.
En clair : tant que les nouvelles pièces n’auront pas été testées, validées, fabriquées en série puis posées, personne ne prendra le risque de remettre 50 tonnes de métal en mouvement au-dessus de la tête des voyageurs. Et on ne peut que saluer cette prudence, même si elle nous pourrit la vie.
Les conséquences très concrètes pour les usagers
- 160 mètres de couloir à parcourir à pied, en montée pour certains sens
- Des bouchons monstres aux heures de pointe (7h30-9h30 et 17h-20h)
- Des personnes âgées, des parents avec poussettes et des voyageurs chargés particulièrement pénalisés
- Une fatigue supplémentaire pour ceux qui enchaînent déjà 45 minutes de transport
- Des retards en cascade quand tout le monde court pour rattraper sa correspondance
J’ai discuté avec Lyvia, 28 ans, qui bosse du côté de la place d’Italie. Elle m’a confié qu’elle réfléchissait déjà à changer complètement son itinéraire pour éviter le secteur le soir. « Ça bouchonne tellement que ça devient anxiogène », explique-t-elle. Et elle n’est pas la seule.
Quelles alternatives pour survivre à ces six mois ?
Voici les solutions que j’ai testées ou que j’ai vu adopter autour de moi :
- Passer par Hôtel de Ville – On sort ligne 1 à Hôtel de Ville, on marche 5 minutes en surface jusqu’à Châtelet (oui, il fait froid, mais c’est souvent plus rapide)
- Prendre la ligne 4 à Réaumur-Sébastopol ou Strasbourg-Saint-Denis – Pour ceux qui vont vers le sud, ça peut valoir le coup
- Anticiper d’une station – Descendre à Rambuteau ou Étienne Marcel et marcher tranquillement
- Utiliser le RER – Parfois plus cher, mais le RER A ou B peut sauver la mise
- Changer ses horaires – Partir 15 minutes plus tôt ou décaler après 20h30, quand c’est plus fluide
Personnellement, j’ai opté pour la sortie Hôtel de Ville le matin. Oui, je marche un peu plus, mais je gagne en sérénité. Et franchement, respirer l’air (frais ?) de Paris vaut parfois mieux que de suffoquer dans un couloir bondé.
Un problème récurrent qui interroge sur l’entretien du réseau
On ne va pas se mentir : les pannes longues durée, on commence à avoir l’habitude dans le métro parisien. Ascenseurs hors service pendant des mois, escalators à l’arrêt, rames climatisées qui ne le sont plus… La liste est longue.
Ce qui frappe dans le cas des tapis de Châtelet, c’est leur importance stratégique. Ce n’est pas un simple équipement de confort : c’est un élément structurant de la correspondance la plus fréquentée de France. Quand ça tombe, c’est tout l’équilibre du secteur qui vacille.
Et on ne peut pas s’empêcher de se demander : comment un défaut de fabrication aussi grave a-t-il pu passer inaperçu lors de la réception des équipements ? Y a-t-il eu des contrôles suffisants ? Les questions sont légitimes.
Et l’été 2026 s’annonce déjà cauchemardesque
Comme si six mois de galère ne suffisaient pas, rappelez-vous que l’été prochain s’annonce historique en termes de perturbations : fermeture partielle de la ligne 13, RER B coupé, quatre lignes de métro impactées… On plaisante à peine en disant que marcher dans Paris à pied deviendra presque plus rapide.
Les tapis roulants de Châtelet ne seront peut-être même pas revenus pour le début de ce grand bazar. Joyeux.
Ce qu’il faudrait retenir de tout ça
Derrière l’anecdote du tapis roulant en panne, il y a une réalité plus large : le réseau de transport francilien vieillit, parfois mal, et les investissements peinent à suivre le rythme d’une agglomération qui grossit sans cesse.
On peut râler – et on râle, croyez-moi – mais on peut aussi se rappeler que ces équipements, quand ils fonctionnent, rendent la vie tellement plus simple. Six mois sans, ça va nous rappeler à quel point on les aimait, ces satanés tapis.
En attendant, bon courage à tous ceux qui vont transpirer dans le couloir. On se croisera peut-être en train de monter les marches à côté du tapis immobile, en se disant que, décidément, Paris ne serait pas Paris sans un petit grain de galère quotidien.
Et vous, quelle est votre astuce pour survivre à Châtelet pendant ces six mois ? Dites-le moi en commentaire, on est nombreux à chercher la parade !
