Vous est-il déjà arrivé de sentir l’adrénaline pure d’une finale où tout peut basculer en quelques foulées ? Dimanche 30 novembre, l’hippodrome de Paris-Vincennes va vivre ça à 200 %. La finale du Grand National du Trot, c’est un peu le Super Bowl du trot français : treize étapes partout en France et, au bout, une seule course qui sacre le meilleur tandem driver/entraîneur de l’année.
Cette année, un gamin de 29 ans a tout simplement marché sur la concurrence. Six victoires d’étape, dont quatre avec le même crack. On parle bien sûr de Benjamin Rochard, devenu en quelques mois la nouvelle coqueluche des parieurs et des passionnés.
Un parcours presque parfait… jusqu’au coup de théâtre
Revenons un peu en arrière. Mars 2025, Amiens. Rochard décroche sa première victoire dans le GNT, sa première tout court dans ce circuit prestigieux. À l’époque, personne n’imagine qu’il va tout rafler ensuite. Pourtant, étape après étape, le jeune Normand installe sa domination.
Le déclic ? Sa collaboration avec l’entraîneur Marc Sassier et surtout avec Indy de Jyr, le cheval qui a porté les couleurs du maillot jaune presque toute la saison. Ce hongre de 7 ans a tout simplement été monstrueux : des chronos dingues, des victoires dans des parcours compliqués, une dureté à toute épreuve.
« Indy a prouvé qu’il était très dur. Il a gagné dans des temps canon sans jamais avoir le parcours idéal. On s’est pris au jeu et on s’est senti porté par tout l’entourage. »
Benjamin Rochard
Malheureusement, à quelques jours de la finale, le verdict tombe : petit bobo, forfait. Rideau. Le leader ne sera pas au départ. Forcément, ça fait un choc. Mais dans le monde du trot, on ne pleure pas longtemps. On passe au plan B.
Harley Gema, la jument qui ne lâche jamais rien
Et le plan B s’appelle Harley Gema. Numéro 13 au départ, une jument de 8 ans qui connaît Vincennes par cœur et qui approche les 600 000 euros de gains. On l’a longtemps cataloguée « pisteuse », c’est-à-dire bonne pour suivre et sprint final, mais incapable de mener.
Sauf que les chiffres parlent d’eux-mêmes : elle sait finir très fort, elle est dure, et surtout, elle adore la grande piste parisienne. Rochard le sait mieux que personne.
« Elle n’est pas obligée de se faire ramener. Avec ses gains, ce n’est pas un hasard. Gagner sera compliqué avec les jeunes en tête, mais elle sera là, j’en suis convaincu. »
Traduction : ne l’enterrez pas trop vite. Dans une course où les favoris vont se neutraliser devant, une finisseuse expérimentée peut créer la surprise. Et franchement, vu la forme actuelle du tandem Rochard-Sassier, je ne serais pas étonné de les voir sur le podium.
Un duo qui fonctionne à merveille
Ce qui rend cette histoire encore plus belle, c’est la relation entre le driver et son entraîneur. L’hiver dernier, Benjamin Rochard a quitté l’écurie familiale pour rejoindre Marc Sassier en Mayenne. Choix osé, mais payant.
Ils se comprennent en un regard. Les débriefs sont francs, parfois musclés, mais toujours constructifs. Quand Rochard fait une chaleur, il le reconnaît. Quand Sassier pense qu’il aurait pu mieux faire, il le dit cash. Résultat : une progression fulgurante.
- Communication transparente
- li>Confiance absolue
- Objectif commun : performer au plus haut niveau
C’est rare dans ce milieu ultra-concurrentiel de voir une telle osmose. Et ça se voit sur la piste.
Pourquoi cette finale est si spéciale
Le Grand National du Trot, ce n’est pas qu’une série de courses. C’est un véritable tour de France hippique. Treize hippodromes différents, des pistes en sable, en herbe, des virages à droite, à gauche… Chaque étape est un défi.
Et la finale à Vincennes, sous les projecteurs, avec 50 000 spectateurs potentiels, c’est le graal. L’ambiance ? Indescriptible. Les encouragements fusent, les casaques colorées défilent, les sulkys filent à 50 km/h dans la nuit parisienne.
Rochard le dit lui-même : « L’ambiance est unique. » Et quand on a goûté à ça, on veut y retourner. Même sans son leader.
Les adversaires à surveiller
Parce que oui, il y a du très lourd au départ. On pense évidemment aux jeunes cracks comme Heros de Fleur, Hussard du Landret ou encore Hokkaido Jiel, tous capables de réduire les 2700 mètres en fumée.
Ensuite, les « vieux briscards » du circuit ne vont pas se laisser faire : Gazira de Viette, Gaspar d’Angis… Des chevaux qui connaissent chaque mètre de Vincennes et qui peuvent profiter du moindre faux-pas des favoris.
Dans ce contexte, Harley Gema part avec une cote probablement élevée. Mais c’est précisément là que le coup est jouable. Un petit ticket placé, un couplé, voire un quinté désordre… Les possibilités sont nombreuses.
Mon sentiment personnel
J’ai suivi toute la saison. J’ai vu Rochard passer de l’outsider sympa à la machine de guerre. J’ai vu Indy de Jyr impressionner tout le monde avant de déclarer forfait. Et je vois aujourd’hui un driver ultra-motivé, avec une jument en pleine forme et un entraîneur qui connaît la musique.
Franchement ? Je ne serais pas étonné de les voir dans les trois premiers. Peut-être même sur la plus haute marche. Parce que dans le trot, l’expérience et le mental font souvent la différence. Et là, ils en ont à revendre.
Alors dimanche, quand le starter abaissera son drapeau, gardez un œil sur le 13. Harley Gema ne portera pas le maillot jaune, mais elle pourrait bien porter Benjamin Rochard vers le plus beau succès de sa jeune carrière.
Et ça, croyez-moi, ça vaudra le détour.
Rendez-vous dimanche 30 novembre à Vincennes. L’histoire est loin d’être écrite…
