Vous savez ce qui est le plus dur dans le foot de haut niveau ? Ce n’est pas forcément de battre le PSG ou Monaco. Non, c’est souvent ces matchs-là, ceux qu’on coche en rouge sur le calendrier en se disant « surtout ne pas se louper ». Ce samedi soir, le Paris FC reçoit Auxerre à Jean-Bouin et, franchement, j’ai rarement vu un « match à six points » aussi évident. Trois petits points séparent les Parisiens de la zone rouge, et en face il y a une équipe qui n’a plus gagné depuis plus de deux mois. Sur le papier c’est jouable. Dans la réalité… on verra.
Un virage à ne pas rater pour le Paris FC
Le Paris FC vit une saison en dents de scie. Après une montée historique, l’objectif affiché était clair : se maintenir sans trembler. Sauf que, treize journées plus tard, on tremble quand même. Douzième avec quelques points d’avance sur le barragiste, le club de la capitale reste sous une menace permanente. Les quatre défaites lors des six derniers matchs contre des cadors n’ont pas aidé, mais là, le calendrier devient enfin plus clément… ou du moins plus réaliste.
Parce que oui, recevoir la lanterne rouge quand on est à trois points du trou, c’est l’occasion rêvée de se donner de l’air. J’ai presque envie de dire que c’est le genre de soirée où une victoire peut relancer toute une saison. À l’inverse, un nul ou une défaite ferait plonger tout le monde dans une crise profonde. Stéphane Gilli, l’entraîneur, le sait mieux que personne.
Des absents qui pèsent lourd
Le Paris FC ne sera pas au complet, loin de là. Samir Chergui est out pour plusieurs semaines (ischios), Pierre Lees-Melou s’est fracturé le péroné et Maxime Lopez traîne un hématome costaud. Trois titulaires indiscutables en moins, ça fait mal. Forcément, l’équilibre de l’équipe risque d’en pâtir, surtout au milieu où la bataille s’annonce rude.
Mais il y a aussi des choix forts. Kevin Trapp, l’international allemand, enchaîne une deuxième titularisation consécutive dans les buts. À 35 ans, il apporte cette sérénité que les jeunes gardiens n’ont pas encore. Stéphane Gilli l’a dit sans détour vendredi :
« Peut-être que dans cette période, Kevin, par son vécu et son expérience, apporte sa maturité et sérénité. »
Stéphane Gilli, entraîneur du Paris FC
Difficile de lui donner tort. Quand tout vacille autour, avoir un gardien qui a joué des finales de Ligue Europa, ça calme.
Auxerre, une lanterne rouge qui peut mordre
Parler d’Auxerre comme d’un adversaire facile serait une grossière erreur. Oui, ils sont derniers. Oui, ils n’ont que huit points. Oui, leur dernière victoire remonte au 21 septembre. Mais justement : une équipe qui n’a plus rien à perdre peut devenir très dangereuse. On l’a vu tant de fois, ces équipes en crise qui viennent faire un hold-up à l’extérieur parce que l’adversaire les a prises de haut.
Les Bourguignons restent sur une série de sept matchs sans victoire. Leur attaque peine à trouver le chemin des filets, leur défense encaisse trop. Mais ils ont des joueurs d’expérience et un entraîneur qui connaît parfaitement la Ligue 1. Sous-estimer Auxerre serait la pire des choses.
- Dernière victoire d’Auxerre : 21 septembre (2-1 contre Le Havre)
- Points pris sur les 7 derniers matchs : 2 (deux nuls, cinq défaites)
- Buts marqués sur cette période : 4
- Buts encaissés : 13
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais le foot n’est pas que des chiffres.
Jean-Bouin, une forteresse à consolider
Le stade Jean-Bouin, avec ses 20 000 places, n’est pas le Parc des Princes, mais il commence à devenir un vrai chaudron quand le Paris FC joue le maintien. Les supporters parisiens, souvent moqués parce qu’ils sont moins nombreux que ceux du grand voisin, ont répondu présent ces dernières semaines. Contre Auxerre, l’ambiance devrait être particulière. On sent que le public a compris l’enjeu.
Le Paris FC reste sur deux victoires consécutives à domicile (contre Clermont et Angers). Si on ajoute la dynamique positive à Jean-Bouin, ça fait un argument de poids. Rester invaincu à la maison jusqu’à la trêve hivernale pourrait être la clé du maintien.
Les clés tactiques du match
Stéphane Gilli devrait reconduire son 4-2-3-1 qui a plutôt bien fonctionné ces derniers temps, malgré les absents. On peut imaginer une défense assez classique, un double pivot renforcé pour compenser l’absence de Lees-Melou, et une attaque portée par les ailes. Le retour de suspension de certains joueurs pourrait aussi apporter de la fraîcheur.
Côté Auxerre, on attend un bloc bas, compact, qui cherche à contrer. Leur salut passera probablement par un exploit individuel ou un coup de pied arrêté. Attention aux fautes inutiles près de la surface : c’est souvent comme ça que ces matchs se débloquent.
Ce que je surveillerai particulièrement :
- La capacité du Paris FC à se créer des occasions dans les 30 premiers mètres
- La solidité défensive sur coups de pied arrêtés
- La gestion émotionnelle : ne pas s’affoler si le score est de 0-0 à la pause
Et après ? Un calendrier qui peut tout changer
Ce match n’est que le début d’une série décisive. Après Auxerre, le Paris FC enchaînera avec des déplacements à Saint-Étienne et Brest, puis la réception de Montpellier. Quatre matchs contre des concurrents directs en l’espace de cinq semaines. Autant dire que les points pris ce samedi pèseront double, triple même.
Si les Parisiens passent ce bloc sans encombre, ils pourront aborder 2026 avec une marge confortable. Dans le cas contraire… on parlera rapidement de crise. Le genre de crise qui fait tomber des entraîneurs et qui rend les nuits blanches.
Personne n’a oublié la saison dernière en Ligue 2, où une série de cinq victoires consécutives avait propulsé le club en barrages. Le Paris FC sait faire quand il le faut. Reste à le prouver au plus haut niveau.
Alors, verdict ? Moi je vois une victoire étriquée du Paris FC, 1-0 ou 2-1, avec un but dans le money-time qui fera exploser Jean-Bouin. Mais dans ce genre de match, tout peut arriver. Une chose est sûre : à 21h55 samedi, on saura si les Parisiens ont fait un grand pas vers le maintien… ou s’ils ont rallumé la mèche d’une bombe à retardement.
Le foot, c’est aussi ça. Des soirées où trois points peuvent tout changer. Rendez-vous à Jean-Bouin. Et croisons les doigts.
