Vous savez cette petite pointe de frustration quand on finit si près du but ? Ce samedi à Östersund, j’ai ressenti exactement ça en suivant le relais hommes. Les Bleus ont tout donné, vraiment tout, et pourtant… la Norvège était encore un cran au-dessus. Quinze petites secondes, c’est à la fois rien et énorme en biathlon.
Allez, on se pose cinq minutes, on remet la course dans l’ordre et on décortique ce qui s’est passé sur les pistes suédoises gelées. Parce que franchement, il y avait de quoi vibrer du début à la fin.
Une course qui démarre en mode diesel pour la France
Quand Fabien Claude s’élance en premier relayeur, on sent tout de suite que ça va être compliqué. Le gars est un diesel, on le sait, mais là, il a eu du mal à trouver le rythme sur les skis. Derrière, les Norvégiens partent comme des fusées – merci les frères Bø et compagnie – et creusent déjà un petit écart.
Au premier tir, premier coup de stress : Fabien doit tourner sur l’anneau de pénalité. Une boucle de 150 m qui fait mal aux jambes et au moral. À la sortie du pas de tir, il pointe déjà à plus de trente secondes. On se dit que la journée va être longue.
Et puis, petit à petit, le miracle se produit. Claude grignote, grignote, passe le relais à Quentin Fillon Maillet en cinquième position. Pas encore le podium, mais on respire un peu.
Quentin Fillon Maillet, le patron du jour
Si quelqu’un a porté l’équipe ce samedi, c’est bien QFM. Le champion olympique a sorti une copie presque parfaite. Sur les skis, il vole. Au tir, il reste d’un calme olympien – 10/10 sur les deux séances. À chaque fois qu’il sort du pas de tir, il reprend du terrain.
À mi-course, la France est revenue troisième, puis deuxième. Incroyable remontée. On commence à y croire sérieusement. Quand il passe le témoin à Émilien Jacquelin, l’écart avec la Norvège n’est plus que de vingt secondes. Vingt secondes, c’est rien quand on a Jacquelin sur les skis.
« Quentin a été exceptionnel aujourd’hui. Il nous a remis dans la course alors que beaucoup auraient lâché. »
Un membre de l’encadrement tricolore, juste après la course
Émilien Jacquelin et le money-time qui fait mal
Jacquelin, c’est le feu follet. Quand il prend le relais, on sent qu’il peut tout faire basculer. Il skie comme un fou, rattrape seconde après seconde. Au dernier tir debout, il a la Norvège dans le viseur. S’il fait un sans-faute, ça peut se jouer au sprint avec Éric Perrot.
Mais voilà, la pression est énorme. Une petite faute. Une seule. Une pioche. Et derrière, le Norvégien (Vetie Sjåstad Christiansen si je ne me trompe pas) claque un 5/5 chirurgical. L’écart repasse à trente secondes. Dur.
Jacquelin sort tout ce qu’il a dans les jambes sur la dernière boucle, mais trente secondes, c’est trop pour revenir. Il passe quand même le relais en deuxième position, devant l’Allemagne et l’Italie. Solide.
Éric Perrot, l’ancre qui tient bon
Le jeune Perrot, 24 ans à peine, se retrouve avec la mission de défendre cette deuxième place. Face à lui ? Johannes Thingnes Bø. Oui, le mec qui gagne presque tout depuis cinq ans. Autant dire que la pression est maximale.
Éric fait ce qu’il faut : un tir couché propre, un tir debout avec une pioche rapide. Il limite la casse sur les skis face à l’ogre norvégien et franchit la ligne à quinze secondes. Quinze secondes seulement. C’est énorme et minuscule à la fois.
- Norvège : 1h13’22’’4
- France : +15’’2
- Allemagne : +45’’8
- Italie : +1’02’’
- Suisse : +1’15’’
Quand on voit ce classement, on se dit que oui, la Norvège reste au-dessus, mais la France est bien là. Juste derrière. Prête à bondir.
Ce que ça nous dit pour la suite de la saison
Franchement, ce podium dès le premier relais, c’est plutôt une bonne nouvelle. L’an dernier, les garçons avaient parfois galéré en relais. Là, on sent une vraie dynamique. QFM est revenu à son meilleur niveau, Jacquelin reste un guerrier, Claude progresse, et Perrot confirme qu’il est l’avenir.
La Norvège ? Toujours aussi effrayante. Avec Johannes Bø, Tarjei, Sturla Holm Lægreid et Vetle Christiansen, ils ont quatre fusées. Mais quinze secondes, c’est prenable. Surtout si on arrive à être plus propre au tir collectivement (3 pioches + 1 anneau de pénalité aujourd’hui).
Petit bémol quand même : on attendait peut-être un peu plus d’anticipation sur les skis en début de course. Fabien Claude a semblé un ton en-dessous des leaders. Il va falloir travailler ça, surtout sur les relais où chaque seconde compte dès le premier tour.
Et les filles dans tout ça ?
Juste avant, les Bleues avaient gagné le relais femmes. Victoire autoritaire, avec Lou Jeanmonnot et Justine Braisaz-Bouchet qui ont fait parler la poudre. Du coup, double podium français dans la même journée à Östersund. Ça fait longtemps que ça n’était pas arrivé.
On sent une génération qui arrive à maturité. Des filles solides, des garçons qui reviennent fort. Si on arrive à aligner tout ça jusqu’aux championnats du monde à Lenzerheide en février, ça peut faire très mal.
Le mot de la fin
Deuxième, c’est bien. Mais en sport, on court toujours pour gagner. Les Bleus l’ont prouvé ce samedi : ils ont les jambes, ils ont le tir, ils ont l’envie. La prochaine fois, peut-être que ces quinze secondes seront de notre côté.
En attendant, on savoure ce podium, on félicite les gars, et on se donne rendez-vous dimanche pour le relais mixte. Parce que là, avec les filles dans le coup, ça peut être encore plus explosif.
Allez les Bleus !
