Vous êtes au sommet d’une piste immaculée, le soleil tape fort malgré le froid, Grenoble scintille tout en bas comme un jouet oublié. Instinctivement, vous sortez votre paquet de cigarettes. Et là, paf : un panneau tout neuf vous rappelle que c’est fini, ce petit rituel. 135 € si vous craquez. Franchement, la première fois que j’ai vu ça, j’ai cru à une blague. Mais non, c’est bien réel, et ça date de juin 2025.
Une interdiction passée presque inaperçue… jusqu’à l’ouverture des stations
Un décret tout ce qu’il y a de plus officiel a glissé l’interdiction de fumer sur l’ensemble des domaines skiables. Remarquez, en plein mois de juin, quand tout le monde pense barbecue et plage, c’est le moment idéal pour faire passer une mesure qui concerne la neige, non ? Résultat : très peu de bruit à l’époque, et une sacrée surprise pour les premiers skieurs de la saison.
Ce week-end, dans plusieurs stations des Alpes, c’était la grande découverte. Certains rigolaient jaune, d’autres applaudissaient carrément. Et moi, je me suis dit qu’il y avait matière à creuser : pourquoi maintenant ? Est-ce vraiment utile ? Et surtout, est-ce que ça va changer quelque chose sur nos montagnes ?
Les raisons officielles : santé et environnement avant tout
Commençons par le plus évident : la santé. En altitude, l’organisme est déjà mis à rude épreuve. Moins d’oxygène, cœur qui pompe plus fort, et si en plus vous fumez… les spécialistes sont unanimes : c’est jouer à la roulette russe avec votre souffle.
« En haute altitude, chaque bouffée réduit encore l’oxygénation déjà limitée. C’est comme courir un marathon avec un sac à dos de 20 kg en moins d’air. »
– Un médecin du sport spécialisé en montagne
Mais il n’y a pas que ça. Les mégots, c’est la plaie des stations depuis toujours. Des milliers jetés chaque hiver sur la neige, qui finissent dans les ruisseaux au printemps. Avec le réchauffement climatique, les gestionnaires de domaines skiables cherchent chaque petit geste pour verdir leur image. Interdire la cigarette sur les pistes, c’est un signal fort.
- Réduction des déchets non biodégradables dans les zones protégées
- Moins de risque d’incendie (oui, même en hiver, un mégot mal éteint…)
- Meilleure qualité de l’air pour tout le monde, enfants compris
- Exemplarité vis-à-vis des plus jeunes qui voient les adultes fumer partout
135 €, c’est dissuasif ou ridicule ?
Sur le papier, c’est une amende de 4e classe, comme griller un feu rouge ou jeter un déchet par terre. En pratique, qui va contrôler ? Les pisteurs ? Les moniteurs ? Les gendarmes en skis ? Pour l’instant, beaucoup de stations misent sur la pédagogie plutôt que la répression immédiate.
J’ai discuté avec un responsable d’une grande station : « On préfère expliquer la première année. Mais oui, on verbalisera si ça devient n’importe quoi. » Traduction : si vous vous faites choper plusieurs fois ou si vous jouez les malins, ça peut piquer.
D’ailleurs, certains skieurs habitués ne décolèrent pas : « Déjà qu’on paye le forfait une fortune, maintenant on n’a plus le droit de fumer tranquille ? » D’autres, au contraire, trouvent ça génial. Une maman me confiait : « Enfin ! Mon fils de 8 ans ne verra plus des gens jeter leurs mégots dans la neige comme si c’était normal. »
Et les fumeurs, ils deviennent quoi ?
Bonne question. La plupart des stations ont prévu des espaces dédiés, souvent près des restaurants d’altitude ou aux arrivées de télécabine. Mais soyons honnêtes : quand vous êtes en pleine descente, à 2 000 mètres, l’envie ne prévient pas toujours.
Résultat ? Beaucoup prévoient déjà la patch, la vapoteuse (elle aussi interdite sur les pistes, attention), ou tout simplement… l’arrêt. Et là, surprise : certains y voient l’occasion rêvée.
« Franchement, si ça peut m’aider à arrêter pour de bon, 135 € c’est donné. J’ai déjà essayé plein de fois, là je n’aurai plus le choix. »
– Un quadragénaire croisé à la terrasse d’un resto d’altitude
Ce qui existe déjà ailleurs (et ça marche)
La France n’est pas pionnière. En Suisse, certaines stations ont banni la cigarette depuis des années. Au Colorado, c’est pareil dans plusieurs domaines. Et vous savez quoi ? Les retours sont plutôt positifs. Moins de mégots, image plus « healthy », et les skieurs s’adaptent.
Un pisteur expérimenté me disait même : « Au début, on a eu des remarques. Aujourd’hui, plus personne ne se plaint. Les gens ont intégré que la montagne, c’est pas un cendrier géant. »
Et si c’était le début de quelque chose de plus grand ?
Parce que soyons lucides : après les pistes, viendront peut-être les terrasses des restaurants d’altitude, puis les files d’attente des remontées. Certains y voient une pente glissante (sans jeu de mots) vers toujours plus d’interdits.
D’autres, au contraire, applaudissent une prise de conscience collective. Personnellement, je trouve que la montagne a toujours été un endroit où on vient respirer. Au sens propre comme au figuré. Alors si cette mesure permet de retrouver un peu de cet air pur qu’on vient chercher à 2 000 mètres, pourquoi pas ?
En tout cas, cet hiver, une chose est sûre : votre paquet de cigarettes restera plus souvent dans la poche intérieure de votre blouson. Et qui sait, peut-être que dans quelques années, on regardera en arrière en se disant : « Tu te souviens quand on avait encore le droit de fumer sur les pistes ? »
La montagne change. Nos habitudes aussi. À vous de voir si c’est une contrainte… ou une opportunité.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Plutôt team « enfin » ou team « laissez-nous tranquilles » ? Dites-le moi en commentaire, je suis curieux de connaître l’avis des vrais mordus de la glisse.
