Vous est-il déjà arrivé de vous demander à quel point une prison peut être vraiment impénétrable ? Mercredi matin, deux détenus de la maison d’arrêt de Dijon ont apporté une réponse plutôt brutale : pas tant que ça, visiblement. En pleine nuit, ils ont scié leurs barreaux et se sont littéralement évaporés dans la nature. L’histoire pourrait ressembler à un scénario de série policière… sauf que c’est bien réel, et que, trois jours plus tard, elle est loin d’être terminée.
Une évasion digne d’un film, mais sans happy end pour tout le monde
Reprenons depuis le début. Dans la nuit du 26 au 27 novembre, deux hommes profitent du calme relatif de la maison d’arrêt de Dijon pour mettre leur plan à exécution. À l’ancienne : une lame, du temps, de la patience et beaucoup de culot. Les barreaux cèdent, les voilà dehors. Ni prise d’otages, ni tunnel hollywoodien, juste une méthode brutale et efficace qui rappelle qu’aucune prison française n’est à l’abri d’une bonne vieille évasion « à la scie ».
Très vite, les autorités lancent l’alerte. On parle de deux profils sérieux. Le premier, 32 ans, n’en est pas à son coup d’essai et traîne un casier qui fait frémir. Le second, tout juste 19 ans, est déjà considéré comme dangereux. Deux individus que, disons-le franchement, on préfère largement derrière les verrous.
La cavale express du premier fugitif
Moins de 48 heures plus tard, premier rebondissement. Le trentenaire est repris. Pas lors d’une course-poursuite spectaculaire, non. Plus prosaïquement, grâce à un coup de fil et à une jeune femme de 25 ans qui, selon ses dires, pensait récupérer quelqu’un qui venait… de sortir légalement de prison. Difficile d’y croire sur parole, évidemment.
Ce dimanche matin, l’homme et cette proche sont présentés au parquet de Dijon. Direction le cabinet d’un juge d’instruction. L’accusation est lourde : évasion en bande organisée, complicité, association de malfaiteurs. Autant dire que la sortie définitive n’est pas pour demain.
« Elle reconnaît avoir pris en charge deux personnes le matin de l’évasion, mais assure qu’elle ignorait tout de leur statut de fugitifs. »
Communiqué du procureur de la République de Dijon
Version crédible ? Les enquêteurs, eux, ont du mal à avaler la pilule. D’autant que la perquisition au domicile de la jeune femme a réservé une surprise de taille.
Des drones chez la prétendue ignorante
Imaginez la scène : les gendarmes débarquent pour une simple garde à vue et tombent sur plusieurs drones. Pas le petit jouet de Noël, non. Des engins capables de voler au-dessus des murs d’une prison et, pourquoi pas, de livrer tout un tas de choses interdites. La suspecte jure qu’ils n’ont jamais servi à ça. Mouais… Disons que l’argument va avoir du mal à passer devant un juge.
Son compagnon, présent lors de la perquisition, a été rapidement mis hors de cause. Garde à vue levée, il peut rentrer chez lui. Pas de chance pour elle : elle, elle risque fort de découvrir l’ambiance d’une cellule de l’autre côté des barreaux.
Et le second fugitif dans tout ça ?
Ah oui, j’allais presque l’oublier, celui-là. Le plus jeune, 19 ans à peine, reste introuvable. Les recherches battent leur plein : hélicoptères, maîtres-chiens, barrages, surveillance des gares et des axes routiers… Tout le dispositif classique est déployé. Pour l’instant, rien. Il s’est volatilisé.
Et c’est peut-être ça le plus inquiétant. Parce qu’un gamin de cet âge, avec le profil qu’on lui prête, livré à lui-même dans la nature, ça ne présage rien de bon. Ni pour lui, ni pour d’éventuelles personnes qu’il pourrait croiser.
Comment a-t-on pu en arriver là ?
La question que tout le monde se pose, évidemment. Comment deux détenus ont-ils pu se procurer de quoi scier des barreaux en toute tranquillité ? La maison d’arrêt de Dijon n’est pas non plus une prison de haute sécurité à l’américaine, mais quand même. Des inspections régulières, des fouilles, des détecteurs… Et pourtant, ça passe.
Certains y verront la preuve que le système pénitentiaire français est à bout de souffle. Surpopulation, manque de moyens, personnel épuisé… On connaît la musique. D’autres pointeront la responsabilité individuelle des détenus et de leurs éventuels complices extérieurs. Sans doute un peu des deux.
- Barreaux sciés à la main : une méthode vieille comme les prisons
- Temps nécessaire : plusieurs jours, voire semaines de travail discret
- Outils introduits ou fabriqués sur place ? L’enquête le dira
- Silence total pendant l’opération : aucun surveillant n’a rien entendu
Ce qui est sûr, c’est que cette évasion remet sur la table le débat récurrent de la sécurité dans les établissements pénitentiaires. Renforcer les barreaux ? Installer des détecteurs de métal plus performants ? Multiplier les rondes ? Tout ça coûte cher, et l’État répète depuis des années qu’il investit. Sur le terrain, on a parfois l’impression du contraire.
Une affaire qui pourrait révéler un réseau plus large
Ce qui intrigue particulièrement les enquêteurs, ce sont ces drones. S’il s’avère qu’ils ont servi à introduire du matériel (outils, téléphones, drogue…), on passe d’une simple évasion à un trafic organisé. Et là, l’affaire prend une toute autre ampleur.
Car livrer des objets en prison avec un drone, ce n’est plus de l’amateurisme. C’est une technique rodée, utilisée par des réseaux structurés. On se souvient de tentatives similaires à Réau, à Fresnes ou ailleurs. À chaque fois, même constat : quelqu’un à l’intérieur, quelqu’un à l’extérieur, et une logistique bien huilée.
La jeune femme de 25 ans, si elle est reconnue coupable de complicité, risque gros. Très gros. On parle de plusieurs années de prison ferme. Quant au détenu repris, sa peine initiale va forcément s’alourdir. L’évasion, ça ne pardonne pas devant un tribunal.
Et maintenant ?
À l’heure où j’écris ces lignes, ce dimanche 30 novembre, le parquet requiert la mise en examen et la détention provisoire pour les deux personnes présentées au juge. Décision attendue dans la journée ou demain matin au plus tard.
Pour le second fugitif, la traque continue. Chaque heure qui passe réduit ses chances de rester libre, mais augmente aussi les risques. On a vu des cavales durer des jours, des semaines, parfois des mois. Parfois, ça finit mal.
Une chose est sûre : cette évasion de Dijon ne restera pas un simple fait divers. Elle pose trop de questions sur la sécurité de nos prisons, sur les moyens alloués, sur la dangerosité de certains détenus qu’on laisse parfois un peu trop livrés à eux-mêmes.
Et pendant ce temps, quelque part en Bourgogne ou ailleurs, un gamin de 19 ans court toujours. Avec, peut-être, l’envie furieuse de ne jamais se faire reprendre.
Affaire à suivre, évidemment. Très étroitement.
(Article mis à jour le 30 novembre 2025 – 12h30)
