Il y a des dimanches où l’on sent, dès le rond de présentation, que quelque chose de grand va se produire. Ce 30 novembre 2025, l’air était glacial à Vincennes, mais la tension était brûlante. Dix-huit partants, une finale du Grand National du Trot, et surtout une famille entière qui joue le titre. Quand le starter a libéré les chevaux sur les 2 850 mètres, personne n’imaginait que l’on assisterait à un tel scénario hollywoodien.
Le triomphe inattendu mais tellement mérité de Jingle du Pont
Jingle du Pont n’est pas le genre de cheval que l’on cite en premier quand on parle des cracks absolus. À 6 ans, ce hongre alezan n’a ni le palmarès d’un Face Time Bourbon ni la médiatisation de certains rivaux. Et pourtant… Déjà vainqueur de l’étape de Laval en juin, il avait montré qu’il savait répondre présent quand les enjeux montent. Ce dimanche, il a simplement été impérial.
Nicolas Bazire, son driver et entraîneur, l’a drivé avec une confiance rare. Pas de précipitation, une place idéale dans le peloton, puis cette accélération décisive dans le dernier tournant. Quand il a déboulé à l’extérieur, on a tous compris que ça allait être très compliqué pour les autres. Le cheval a litté jusqu’au poteau comme s’il courait pour l’histoire de sa famille.
« Comme d’habitude, il a mis son cœur sur la piste. Depuis Laval, on avait coché cette course rouge sur le calendrier. »
Nicolas Bazire, juste après avoir franchi le poteau
Un doublé familial qui entre dans la légende
Ce qui rend cette victoire encore plus belle, c’est la deuxième place. Hubble du Vivier, drivé par Jean-Michel Bazire lui-même, termine à une encolure. Père et fils sur les deux premières marches du podium d’un Groupe II qui sent le Groupe I : il y a de quoi avoir la gorge serrée.
On a vu Nicolas lever le bras, chercher son père du regard, et les deux hommes échanger ce sourire complice que seuls ceux qui partagent la même passion depuis l’enfance peuvent comprendre. Jean-Michel, habitué à tout gagner, a reconnu sans hésiter la supériorité de son fils ce jour-là. Classe pure.
Derrière eux, Jongleuse de Lune, la jument à plus de 100 contre 1, vient arracher la troisième place et fait exploser les rapports. Jilord Viva, courageux animateur, prend la quatrième place devant Illusion Jipad qui finit fort mais trop tard.
- 1er – Jingle du Pont (N. Bazire) – le patron du jour
- 2e – Hubble du Vivier (JM. Bazire) – la résistance familiale
- 3e – Jongleuse de Lune (B. Rochard) – l’énorme outsider
- 4e – Jilord Viva – magnifique en tête
- 5e – Illusion Jipad – la finisseuse
Un Quinté complètement dingue
Quand on vous dit que le trot réserve parfois des surprises incroyables… Avec Jongleuse de Lune dans les cinq et les deux Bazire aux commandes, le Quinté dans l’ordre a flirté avec les 900 000 euros. Oui, vous avez bien lu. Certains parieurs, probablement ceux qui jouent toujours les outsiders par principe, ont dû tomber de leur chaise.
Ce genre de rapport, on n’en voit qu’une ou deux fois par an. Et quand ça tombe justement sur une finale aussi symbolique, ça donne une saveur particulière à la journée. Le PMU a dû faire chauffer les imprimantes !
Le GNT, ce championnat qui raconte des histoires
Le Grand National du Trot, c’est treize étapes partout en France, des pistes différentes, des ambiances uniques, et une finale à Vincennes qui couronne le meilleur. Cette année, le maillot jaune Indy de Jyr a déclaré forfait pour raisons de santé, laissant le champ libre à une bagarre magnifique.
Ce circuit a cela de magique qu’il met en lumière des chevaux et des hommes qu’on ne voit pas forcément dans les grandes classiques. Des drivers talentueux, des entraîneurs passionnés, des propriétaires qui croient en leur rêve. Et parfois, une famille entière qui écrit une page d’histoire.
J’ai suivi le GNT depuis le début de la saison, et je peux vous dire que la progression de Jingle du Pont n’était pas un hasard. Régulier, dur à l’effort, et surtout drivé avec une intelligence rare par Nicolas Bazire qui monte en puissance année après année.
Nicolas Bazire, l’héritier qui prend son envol
À 31 ans, Nicolas n’est plus seulement « le fils de ». Il construit son propre palmarès, sa propre identité. Cette victoire dans la finale du GNT, c’est un peu son coming out sportif. Battre son père sur le fil, dans une course aussi prestigieuse, ça marque une passation symbolique.
On sent qu’il a digéré la pression d’être le fils du maître. Il drive avec plus de maturité, prend des décisions osées, et surtout il a cette capacité à faire répéter ses chevaux quand il le faut. Jingle du Pont n’aurait pas gagné sans cette science de la course.
« C’est la finale d’un circuit qui a duré toute l’année. C’est un Groupe II qui a un parfum de Groupe I. »
Nicolas Bazire, les larmes presque aux yeux
Et maintenant ?
Avec cette victoire, Jingle du Pont entre dans une autre dimension. On parle déjà du Prix d’Amérique pour lui, même si la route est encore longue. Quant à la famille Bazire, elle a montré une fois de plus qu’elle domine le trot français comme personne.
Ce qui est sûr, c’est que ce dimanche 30 novembre 2025 restera gravé dans les mémoires. Pas seulement pour le résultat, mais pour l’émotion brute, celle d’un fils qui bat son père avec fair-play et respect. Celle d’un cheval courageux qui a tout donné. Celle d’un sport qui, quand il est à ce niveau, touche à l’universel.
Parce qu’au fond, c’est ça le trot : des histoires humaines derrière chaque casaque. Et celle-ci, croyez-moi, on s’en souviendra longtemps.
Et vous, avez-vous joué ce Quinté de folie ? Racontez-nous vos impressions en commentaire, on adore échanger sur ces moments qui font vibrer le monde du trot !
