Vous savez ce petit frisson quand, dès la fin novembre, on sent que l’hiver va être beau ? Hier, sur les pistes gelées d’Östersund, j’ai eu exactement ça en regardant le relais mixte. La France qui gagne, et pas qu’un peu. Une démonstration collective où chaque relayeur a apporté sa pierre à l’édifice, mais surtout une Lou Jeanmonnot qui semble déjà avoir enclenché le mode « saison olympique ». Franchement, on n’osait pas trop y croire après les dernières années agitées.
Une victoire qui fait un bien fou au moral bleu
Après la très belle victoire du relais féminin samedi et la deuxième place des hommes derrière des Norvégiens intouchables, on se disait que l’équipe de France avait de la marge. Mais de là à dominer le relais mixte dès l’ouverture, avec cette autorité… c’est presque trop beau pour être vrai.
Le format du relais mixte simple (deux hommes + deux femmes, 6 km + 7,5 km) est souvent un bon indicateur de la forme globale d’une nation. Quand on voit les Bleus poser 23 secondes à l’Italie et plus de 30 à la Norvège, on comprend tout de suite que la densité est là. Et croyez-moi, ça change des saisons où on croisait les doigts à chaque passage sur le pas de tir.
Jacquelin et Perrot : du stress au sauvetage héroïque
Émilien Jacquelin a démarré tambour battant… jusqu’au debout. Trois pioches d’un coup, le genre de moment où on se cache les yeux devant l’écran. Mais le Grenoblois n’a pas paniqué. Sur le dernier tour, il a sorti une folie sur les skis et repris 23 secondes en un seul tour. 23 secondes ! À ce niveau, c’est presque insultant pour les adversaires.
Éric Perrot, qui enchaînait, a hérité d’un petit matelas d’avance. Lui aussi a connu une petite frayeur (une pioche), mais il a skié comme un avion et transmis le relais dans le quatuor de tête. Italie, États-Unis, Norvège et France : tout restait à faire pour les filles.
« J’ai senti que j’avais les jambes pour revenir, alors j’ai tout donné dans le dernier tour. C’est ça aussi le relais : on ne lâche jamais. »
Émilien Jacquelin, juste après la course
Justine Braisaz-Bouchet pose les bases, Jeanmonnot achève le travail
Justine, choisie à la place de Julia Simon (toujours suspendue), avait la lourde tâche de lancer le final féminin. Et là, miracle : elle sort un relais propre, rapide, et surtout elle lâche les Italiennes et les Américaines dès la première boucle. À la transmission, la France est déjà en tête avec la Norvège dans le rétroviseur.
Puis arrive Lou Jeanmonnot. Et là… honnêtement, je n’ai pas les mots assez forts. 10/10 au tir (couché et debout sans trembler), et surtout un ski de folie. Elle a repris du temps sur chaque portion, creusant un écart irrattrapable. Quand elle franchit la ligne, les bras levés, on sent que quelque chose de grand est en train de se passer cette saison.
Elle qui avait déjà été impressionnante samedi commence l’hiver avec une confiance stratosphérique. Deux petits globes l’an dernier, et là elle donne l’impression de viser beaucoup plus haut. Milan-Cortina 2026 ? On peut déjà cocher son nom en gras.
Pourquoi cette victoire est plus qu’un simple résultat
Dans le biathlon français, on a parfois eu l’habitude de briller en individuel mais de galérer en relais. Là, c’est tout l’inverse. Trois podiums en trois courses collectives ce week-end (1er femmes, 2e hommes, 1er mixte). C’est historique pour une ouverture de saison.
- Une densité jamais vue chez les filles (Braisaz-Bouchet, Jeanmonnot, Chauveau, Simon quand elle reviendra…)
- Un groupe hommes ultra-solide malgré les absences ou méformes ponctuelles
- Un staff qui semble avoir trouvé la bonne formule tactique
- Et surtout une mentalité de guerriers sur le pas de tir
Je ne vais pas vous mentir : voir la France dominer la Norvège chez elle (ou presque), ça fait un bien fou. Surtout quand on se souvient des saisons où on tremblait à chaque balle.
Et maintenant ? Le programme chargé qui attend les Bleus
La Coupe du monde ne s’arrête pas là. Prochain rendez-vous dès le week-end prochain avec les épreuves individuelles à Östersund encore, puis Hochfilzen, Annecy-Le Grand Bornand avant Noël… Autant dire que la dynamique est lancée.
Pour Lou Jeanmonnot, l’objectif est de confirmer cette forme étincelante sur les courses individuelles. Parce que si elle continue à tirer du 10/10 et à skier comme ça, le gros globe n’est plus une utopie.
Côté garçons, Jacquelin et Perrot ont montré qu’ils pouvaient assumer le leadership en l’absence de Quentin Fillon Maillet parfois en retrait en début de saison. La concurrence interne va être terrible, et c’est exactement ce qu’il faut pour progresser.
Petit aparté : l’absence de Julia Simon pèse-t-elle vraiment ?
On ne va pas se mentir, la suspension de Julia Simon laisse un vide. Double tenante du gros globe, elle est la référence mondiale. Mais force est de constater que le groupe féminin tourne à plein régime sans elle pour l’instant. Est-ce que ça dure jusqu’à son retour ? Mystère. En attendant, Justine et Lou profitent à fond, et c’est tant mieux pour l’équipe de France.
Ce qui est sûr, c’est que la concurrence interne va être féroce quand tout le monde sera là. Et en sport de haut niveau, c’est le meilleur moteur qui soit.
En résumé, ce premier relais mixte a envoyé un message clair : la France est là, elle est forte, et elle a faim. Lou Jeanmonnot en tête de gondole, mais tout un collectif qui pousse derrière. L’hiver s’annonce passionnant, et quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’en parler.
Alors oui, c’est « que » novembre. Mais quand on voit cette équipe de France voler comme ça dès l’ouverture, on a le droit de rêver grand. Très grand même.
Allez les Bleus, et rendez-vous la semaine prochaine pour la suite des aventures !
