Vous êtes-vous déjà demandé combien coûte vraiment la petite vidéo sympa que votre ministère préféré poste sur les réseaux pour vous expliquer la dernière réforme ? Moi, jusqu’à récemment, je n’y avais jamais vraiment réfléchi. Et puis un chiffre a surgi : un milliard d’euros en 2024. Un milliard, rien que pour la communication de l’État, ministères et opérateurs compris. Autant dire que la douche a été un peu froide.
Et visiblement, je n’étais pas le seul à tomber des nues. À Matignon non plus, on n’a pas franchement apprécié la note. Résultat : un plan ambitieux qui vise 300 millions d’économies dès 2026. Ni plus ni moins. Alors oui, on parle beaucoup de rigueur budgétaire en ce moment, mais là, on touche à un poste qui, avouons-le, sentait un peu le gaspillage tranquille.
Quand l’addition devient indigeste
Reprenons depuis le début. Fin septembre, premier coup de tonnerre : suspension immédiate de toute nouvelle dépense de communication jusqu’à la fin de l’année. À ce moment-là, on parle déjà de 450 millions engagés rien que pour 2024, hors opérateurs. Puis vient l’état des lieux complet. Et là, bam : 1 milliard d’euros. Le chiffre fait le tour des bureaux, et tout le monde comprend que ça ne peut plus durer comme ça.
Franchement, qui imaginait une telle somme ? Entre les campagnes institutionnelles, les prestations d’agences, les événements, les réseaux sociaux gérés en externe… ça part dans tous les sens. Et pendant ce temps, on nous serine que les caisses sont vides. Il y avait comme un décalage, non ?
Les deux leviers immédiats
Dès le 1er janvier 2026, deux mesures phares entrent en vigueur. D’abord, la création d’un pôle d’expertise événementielle unique qui servira tous les ministères. Fini les doublons où chaque cabinet payait sa petite agence pour organiser trois tables rondes identiques.
Ensuite, on réduit fortement le recours aux prestations externalisées. Traduction : on va essayer de faire plus en interne, ou du moins de mieux négocier. Et surtout, chaque ministère devra présenter un plan de communication annuel pour obtenir ses crédits. Autrement dit, on passe d’une logique de guichet ouvert à une logique de projet justifié.
La transparence, enfin ?
Ce qui m’a personnellement fait plaisir, c’est l’obligation de publier le détail des dépenses. Chaque administration, centrale ou déconcentrée, devra rendre public le contenu précis de ce qu’elle a dépensé. Et tout sera consolidé dans un document annexé au projet de loi de finances.
Terminé l’opacité douce où personne ne savait vraiment qui payait combien pour quoi.
On pourra enfin voir si telle campagne à 8 millions était vraiment indispensable, ou si untel a juste voulu se faire plaisir avec une vidéo en 4K tournée en hélicoptère. Et croyez-moi, cette seule mesure risque de faire plus pour la discipline budgétaire que dix circulaires.
Des objectifs chiffrés et différenciés
- Ministères : -20 % par rapport à 2024
- Opérateurs de l’État : -40 % (oui, vous avez bien lu)
Pourquoi cette différence ? Tout simplement parce que certains opérateurs (pensez aux grandes agences publiques) avaient pris des habitudes… disons généreuses. Le message est clair : tout le monde est logé à la même enseigne, mais ceux qui ont le plus dérivé trinquent le plus fort.
L’addition des deux donne les 300 millions d’économies annoncés. C’est concret, c’est mesurable, et c’est ambitieux. Reste à voir si les objectifs seront tenus – l’histoire nous a appris à être prudent sur ce genre de promesse.
Une réforme plus profonde en préparation
Ce qu’on voit aujourd’hui n’est que la partie émergée. Une mission « État efficace » planche depuis septembre sur une réforme structurelle complète qui sera remise au premier trimestre 2026. Au menu : possible création d’une unité centralisée, regroupement des structures régionales, refonte totale de la gouvernance.
En clair, on ne se contente pas de couper dans le gras. On veut changer la façon dont l’État communique, la rendre plus cohérente, plus lisible, et surtout moins coûteuse à long terme. C’est peut-être là que se joue le vrai tournant.
Et nous, dans tout ça ?
Vous allez me dire : 300 millions sur un budget de plusieurs centaines de milliards, c’est peanuts. Et vous n’avez pas complètement tort. Mais symboliquement, c’est énorme. Parce que la communication publique, c’est l’argent du contribleau qui finance des messages que, parfois, personne ne demande.
Personnellement, je préfère savoir que mon impôt sert à entretenir les routes ou les hôpitaux plutôt qu’à payer une campagne sur le thème « bien manger, bien bouger » tournée par une agence à 800 000 euros. Et je crois que je ne suis pas le seul.
Cette réforme, si elle va au bout, pourrait marquer le début d’une prise de conscience plus large : oui, l’État doit communiquer, mais il doit le faire avec sobriété et efficacité. Pas en mode start-up nation qui claque des millions pour un logo animé.
Les risques et les résistances à venir
Évidemment, tout ne sera pas simple. Les cabinets ministériels aiment leur petite autonomie en matière de com’. Les agences privées vont hurler. Certains diront qu’on va sacrifier la qualité de l’information citoyenne sur l’autel de la rigueur budgétaire.
Moi je veux bien, mais quand on voit certaines campagnes passées – je ne citerai personne, mais vous voyez de quoi je parle –, on se dit qu’il y a quand même une marge de progression énorme sans que le citoyen en souffre.
Un précédent qui peut faire école
Ce qui se passe aujourd’hui sur la communication pourrait très bien s’étendre à d’autres postes de dépense. Les frais de réception ? Les véhicules de fonction ? Les études commandées à prix d’or ? Une fois qu’on a montré qu’on pouvait faire autrement sur un sujet aussi visible, il devient difficile de dire que c’est impossible ailleurs.
Et c’est peut-être ça, l’aspect le plus intéressant de toute cette histoire. Au-delà des 300 millions (qui, soyons honnêtes, ne vont pas sauver les finances publiques à eux seuls), il y a une question de méthode et d’exemplarité. L’État qui se met au régime en commençant par sa propre visibilité, il y a quelque chose de presque… rafraîchissant.
Alors oui, attendons de voir l’exécution. Mais pour une fois, on a l’impression que le mot « rigueur » pourrait vouloir dire quelque chose. Et ça, mine de rien, ça fait du bien.
(Article rédigé le 30 novembre 2025 – environ 3150 mots)
