Vous savez ce moment où une équipe entre sur le terrain et, dès les premières secondes, vous comprenez que ça va être une longue soirée pour l’adversaire ? Dimanche à Bois-le-Duc, les Bleues nous ont offert exactement ça. Un récital. Une leçon. Un 47-21 qui ressemble presque à une correction entre grandes sœurs et petites nouvelles qui découvrent le très haut niveau.
Franchement, je ne m’attendais pas à autre chose. Après la balade face à la Tunisie deux jours plus tôt, on sentait que l’équipe de France avait envie de marquer les esprits. Et quand les tenantes du titre décident de passer la seconde dès le coup d’envoi, ça fait mal. Très mal.
Une domination qui ne souffre d’aucune discussion
Le score final parle de lui-même : 47 buts marqués, 21 encaissés. Vingt-six pions d’écart. En handball moderne, c’est énorme. C’est le genre de résultat qu’on voit rarement, même contre des nations réputées plus modestes. Et pourtant, tout semblait tellement… facile.
Dès les premières minutes, les Françaises posent leur patte. Défense agressive, récupérations hautes, relances éclair. Le trio arbitral n’a même pas le temps de s’installer que le tableau d’affichage s’emballe déjà. 13-4 à la quinzième minute, et là, on comprend que le suspense ne va pas durer très longtemps.
Ce qui frappe, c’est la sérénité. Pas de panique, pas de précipitation. Juste une exécution parfaite de ce que l’on appelle désormais l’identité bleu : défense étagée, jeu rapide, projection immédiate vers les ailes. Un régal pour les yeux.
Les ailières, ces tueuses silencieuses
Parlons-en, des ailes. Parce que c’est peut-être là que la France fait le plus peur en ce moment. Avec Chloé Valentini en congé maternité, on aurait pu craindre un creux. Que nenni.
Suzanne Wajoka marche sur l’eau. 7 tirs, 7 buts. Parfait. Après son 10/10 contre la Tunisie, elle enchaîne avec une nouvelle démonstration. À gauche, elle est intouchable. Anticipation, finition, sang-froid : tout y est.
Et à droite ? Nina Dury, pour sa première grande compétition internationale, claque un 5/5 qui fait plaisir à voir. Deux jeunes qui prennent la relève sans trembler. Franchement, quand je vois ça, je me dis que l’avenir du handball français est entre de très bonnes mains.
« On s’appuie sur une grosse défense et le jeu rapide, l’identité de l’équipe de France. Du coup on s’économise, et c’est aussi plaisant de faire de longues relances vers les ailières, qui se projettent vite. »
Floriane André, après la rencontre
Une gestion d’effectif déjà tournée vers la suite
Autre détail qui ne trompe pas : la rotation massive. À la quinzième minute, cinq joueuses de champ changent en même temps. C’est rare de voir ça dans un match international. Mais quand vous menez 13-4, pourquoi prendre des risques ?
Seul petit bémol du jour : la cheville de Fatou Karamoko qui fait des siennes. Déjà touchée Clarisse Mairot vendredi, ça commence à faire beaucoup sur le poste d’arrière. À suivre de très près avant le match contre la Pologne mardi.
Mais globalement, l’équipe gère. On sent une vraie maîtrise du tempo, une envie de préserver les organismes tout en envoyant un message clair : on est là pour défendre notre titre, et on ne rigole pas.
Le tour principal déjà dans la poche… et après ?
Mathématiquement, c’est acté. Avec quatre points en deux matchs, les Bleues sont qualifiées pour le tour principal avant même d’affronter la Pologne. L’objectif maintenant ? Finir premières de poule pour empocher les deux points bonus et aborder la suite avec le maximum d’avance.
Car oui, le vrai championnat commence à Rotterdam. Là-bas, les oppositions seront d’un tout autre calibre. Norvège, Pays-Bas, Suède… Les gros morceaux arrivent. Et c’est précisément pour ça que ces deux larges victoires étaient importantes : engranger de la confiance, roder les systèmes, intégrer les jeunes.
- Travailler l’attaque à deux pivots (parfaitement exécutée face à la Chine)
- Répéter les sorties de balle rapides
- Faire tourner l’effectif sans perte de qualité
- Donner du temps de jeu aux remplaçantes
- Préserver les cadres pour la seconde phase
Mission accomplie sur tous les points.
Ce que ce match nous dit vraiment sur les Bleues version 2025
Au-delà du score, ce qui impressionne, c’est la marge. Cette équipe version 2025 est jeune, très jeune même par moments. Mais elle joue déjà comme une vieille machine bien huilée. La transition entre l’ère des Gracien, Pineau, Lacrabère et celle qui arrive se fait sans accroc.
Il y a une forme de sérénité effrayante. Comme si elles savaient qu’elles allaient gagner, peu importe l’adversaire. Ce n’est pas de l’arrogance. C’est de la confiance. Celle des équipes qui ont tout gagné récemment et qui savent exactement comment faire.
Et puis il y a cette capacité à accélérer quand il le faut. Contre la Tunisie, il avait fallu dix minutes pour prendre le large. Face à la Chine ? À peine cinq. C’est le signe d’une équipe qui apprend vite, qui ajuste, qui progresse match après match.
Et maintenant, la Pologne : un dernier test avant le grand bain
Mardi, dernier match du tour préliminaire. La Pologne aussi a quatre points. Un duel pour la première place, donc. Sur le papier, les Bleues partent favorites. Mais attention : les Polonaises ont des joueuses physiques, un jeu rapide aussi, et rien à perdre.
Ce sera l’occasion parfaite de tester la solidité défensive face à une opposition plus consistante. De voir si la rotation peut tenir sur soixante minutes. De donner peut-être un peu plus de responsabilités aux cadres qui ont été préservées.
Et surtout, de continuer à construire cette dynamique positive avant d’attaquer le tour principal, là où chaque point comptera double.
Parce que oui, rêver d’un troisième titre mondial consécutif, c’est beau. Mais ça passe par des victoires comme celle-ci. Par des 47-21 qui envoient un message clair au reste de la planète handball : les Bleues sont là. Elles sont prêtes. Et elles ont faim.
Alors oui, on peut sourire devant l’écart. On peut se dire que la Chine n’était pas au niveau. Mais moi, ce que je retiens, c’est cette impression de maîtrise totale. Cette sensation qu’on assiste au début de quelque chose de grand.
Le Mondial ne fait que commencer. Et franchement ? J’ai hâte de voir la suite.
Allez les Bleues ! 🇫🇷
