Imaginez : vous scrollez distraitement sur votre téléphone et tombez sur une vidéo qui vous glace le sang. Une gamine disparue depuis cinq ans vous fixe droit dans les yeux et annonce qu’elle va enfin raconter la vérité. Sauf que cette vidéo… n’est pas réelle. Elle a été fabriquée par une intelligence artificielle. C’est exactement ce qui arrive dans La Disparue de Compostelle, la nouvelle série policière de France 2 qui a démarré hier soir. Et franchement, j’ai rarement vu un point de départ aussi glaçant et actuel.
Une enquêtrice qu’on n’oublie pas
Au cœur de tout, il y a elle : Jeanne Nogarède, cheffe de la gendarmerie du village, interprétée par Olivia Côte. Si vous avez suivi César Wagner, vous savez déjà qu’elle a une présence folle à l’écran. Ici, elle passe au niveau supérieur. Son personnage est une femme debout malgré tout : mère d’ados qui frôlent le danger, fille d’une maman atteinte d’Alzheimer, épouse d’un mari incarcéré qui se fait tabasser en prison… Et pourtant, elle avance. Inébranlable.
Olivia Côte porte la série sur ses épaules avec une justesse impressionnante. Ce n’est pas la classique enquêtrice froide et détachée. Non. Elle est humaine, trop humaine même. Elle répète « Ça va aller » comme un mantra, alors que clairement, rien ne va. Et c’est ça qui nous happe.
« Jeanne Nogarède garde le cap dans la tempête qui fait rage de toutes parts. »
Un pitch qui fait froid dans le dos
Emma, 12 ans à l’époque, a disparu il y a cinq ans sur le chemin de Compostelle. L’affaire était classée, les parents détruits, le village en deuil. Et puis cette vidéo virale, générée par IA, où l’on voit l’adolescente, vieillie numériquement, affirmer qu’elle est vivante et prête à parler. Qui a créé cette vidéo ? Dans quel but ? Pour relancer l’enquête… ou pour la parasiter définitivement ?
La série utilise à fond le thème des des deepfakes et des fermes à clics, ces usines à contenu qui inondent les réseaux pour générer des vues et de l’argent. C’est terrifiant parce que c’est déjà notre réalité quotidienne. On se demande constamment : qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ? La fiction pousse le curseur encore plus loin et, croyez-moi, ça fonctionne.
Un village où tout le monde ment
On est dans un petit village du sud de la France, le genre d’endroit où tout le monde se connaît depuis toujours. Et comme dans tout bon polar rural, personne n’est clean. La maire dévouée cache des choses, la voisine est victime de violences conjugales, les ados sniffent du protoxyde d’azote comme si c’était des bonbons… Même le prêtre a l’air suspect.
Jeanne va gratter, morceau par morceau. Elle reconstitue le puzzle avec une patience de fer. Les quatre épisodes de 52 minutes sont rythmés, les rebondissements tombent au bon moment, et la tension monte crescendo. On sent que les scénaristes ont bossé le suspense.
- Des seconds rôles solides (mention spéciale à Nicole Calfan en mère Alzheimer, déchirante)
- Une réalisation soignée, avec de beaux plans sur le chemin de Compostelle
- Une bande-son qui colle parfaitement à l’ambiance oppressante
- Des thèmes actuels : IA, désinformation, violences intrafamiliales, addiction des jeunes
Les petits défauts qui coincent un peu
Soyons honnêtes, tout n’est pas parfait. Certaines sous-intrigues frôlent parfois la caricature. Le justicier masqué du village, par exemple, on a un peu l’impression d’avoir déjà vu ça mille fois. Idem pour certains dialogues un chouia trop explicatifs. On sent que la série veut absolument cocher toutes les cases du cahier des charges « série française grand public ».
Mais franchement ? Ça passe. Parce que l’émotion est là. Parce qu’Olivia Côte est magistrale. Parce que le sujet de l’IA manipulatrice fait vraiment mouche en 2025. Et parce que le final… ah non, pas de spoiler, mais il m’a scotché au canapé.
Pourquoi vous devriez la regarder ce soir
Si vous aimez les polars qui ne vous prennent pas pour des idiots, avec une héroïne forte et cabossée, La Disparue de Compostelle est pour vous. Ce n’est pas Broadchurch ni Mare of Easttown (on va pas se mentir), mais c’est du très bon niveau pour une série du service public.
Et surtout, elle pose des questions qui nous concernent tous : jusqu’où l’intelligence artificielle peut-elle manipuler nos émotions ? Peut-on encore faire confiance à ce qu’on voit sur nos écrans ? Dans un monde où une vidéo peut détruire ou sauver une vie, qui détient vraiment le pouvoir ?
Perso, j’ai binge-watché les quatre épisodes d’une traite hier soir. Et ce matin, je me surprends encore à y penser. C’est plutôt bon signe, non ?
Une série qui fait réfléchir autant qu’elle fait frissonner. En 2025, on en a sacrément besoin.
Alors, prêt à marcher sur le chemin avec Jeanne Nogarède ? Les épisodes sont déjà tous disponibles sur la plateforme de replay. Et si vous les regardez, revenez me dire ce que vous avez vu venir le twist final. Je vous attends au tournant.
Parce qu’une chose est sûre : après La Disparue de Compostelle, vous ne regarderez plus jamais une vidéo virale de la même façon.
