Franchement, qui aurait parié là-dessus en août ? Moi le premier, je voyais encore le PSG rouler sur le championnat malgré ses galères et l’OM enfin redevenir régulier. Et puis non. À trois journées de la fin de la phase aller, c’est bien le RC Lens qui regarde tout le monde de haut. Leader. Le mot fait bizarre dans la bouche quand on parle des Sang et Or, habitués ces dernières années à jouer le ventre mou ou à se battre pour l’Europe sans jamais vraiment menacer le sommet.
Pourtant, le voilà, ce fauteuil de leader, occupé depuis dimanche soir après une victoire arrachée à Angers (1-2) avec un doublé d’un mec qu’on croyait presque fini au plus haut niveau : Florian Thauvin. Oui, le champion du monde 2018. Celui qui a flambé à Marseille, qui s’est perdu au Mexique, qui a tenté l’Italie sans convaincre, et qui, à 32 ans, renaît dans le Nord comme jamais.
Comment Lens a construit la surprise de la saison
On va être honnête : ce n’est pas un miracle tombé du ciel. C’est le fruit d’une stratégie claire, patiente, presque insolente de malice dans un marché où les gros dépensent sans compter. Lens, lui, a choisi l’intelligence.
Un recrutement qui fait école
Pendant que certains clubs claquent 50 millions sur un seul joueur, Lens a ramené des profils expérimentés, souvent libres ou à prix cassés, mais surtout ultra-motivés. Regardez la liste, elle donne le vertige quand on voit le rendement :
- Un ailier champion du monde gratuitement (Thauvin)
- Un défenseur central international polonais qui stabilise tout (Kiwior ? Non, attendez, on reste réaliste, mais le principe est là)
- Des jeunes en prêt avec option d’achat malins
- Des joueurs en fin de contrat ailleurs qui retrouvent la flamme à Bollaert
Le secret ? Le club a misé sur des garçons qui avaient quelque chose à prouver. Thauvin en tête de gondole, évidemment. Mais autour de lui, tout un collectif s’est construit sur cette idée : ici, tu vas revivre. Et ça marche.
« On ne recrute pas des CV, on recrute des âmes » – la phrase revient souvent dans l’entourage du club, et franchement, elle n’a jamais paru aussi juste.
Pierre Sage, l’homme qui a tout changé
On oublie parfois que Pierre Sage n’était même pas l’entraîneur prévu en début de saison. Il a pris l’équipe en cours de route l’an dernier, a sauvé le club du pire, et cet été, la direction a osé la continuité. Pari gagnant.
Sage, c’est le genre de coach qui parle peu mais qui voit tout. Il a imposé un 3-4-3 ultra-offensif à domicile, un 5-3-2 plus hermétique à l’extérieur, et surtout, il a redonné confiance à tout un groupe. Il connaît le vestiaire du Nord, il sait parler aux joueurs, il n’a pas peur de remettre les cadres au placard si la forme n’est pas là.
Résultat ? Une solidité défensive impressionnante (meilleure défense du championnat à mi-saison) et une attaque qui explose dès qu’on laisse un peu d’espace. C’est simple : Lens marque sur quasiment toutes ses occasions franches.
Florian Thauvin, la renaissance qu’on n’attendait plus
Revenons sur le cas Thauvin, parce que c’est le symbole parfait de cette réussite. Doublé à Angers, une frappe en lucarne magnifique, une célébration qui en dit long sur la délivrance. À 32 ans, il court comme un gamin, il provoque, il marque, il fait marquer.
En 14 journées, il est déjà à 10 buts et 6 passes décisives toutes compétitions confondues. Des chiffres fous pour un joueur qu’on disait « cuit » il y a encore un an. Le Nord lui a redonné l’envie, l’exigence quotidienne, l’amour du maillot. Et surtout, Pierre Sage lui a donné les clés : « Joue libre, amuse-toi, on couvre derrière. »
Et ça fonctionne à merveille.
Bollaert, cette arme fatale
On ne peut pas parler de Lens sans parler de son stade. Bollaert reste une forteresse. Cette saison, les Sang et Or n’ont perdu qu’une seule fois à domicile, et encore, c’était contre une grosse cylindrée dans un match fou.
Les supporters y croient à fond. L’ambiance est redevenue celle des grandes années. Quand tu joues à Bollaert, tu as l’impression que le stade te porte. Les adversaires le disent tous : c’est le pire endroit où venir jouer quand Lens est en forme.
Et maintenant, jusqu’où peuvent-ils aller ?
C’est la grande question. Leader à la trêve ? Titre en mai ? Beaucoup se moquent déjà : « Attendez le money time, ils vont craquer comme d’habitude. » Peut-être. Mais cette fois, quelque chose a changé.
Le groupe est homogène, l’entraîneur est en place, le public pousse comme jamais et les cadres sont en mission commando. Thauvin veut prouver qu’il n’est pas fini, les jeunes veulent exploser, les anciens veulent raccrocher un titre avant de partir.
Et puis soyons honnêtes : le PSG est diminué, l’OM manque de régularité, Monaco alterne le chaud et le froid, Lille et Nice sont solides mais pas encore au niveau pour tenir sur 34 journées.
Alors oui, Lens a une vraie carte à jouer. Pas favori, non. Mais outsider crédible. Le genre d’équipe qui peut créer la plus grosse surprise depuis Montpellier en 2012.
« On ne se fixe pas de limite. On joue match après match, et on verra où ça nous mène. » – Les mots de Pierre Sage après Angers résument parfaitement l’état d’esprit.
Ce qui est sûr, c’est que le vent du Nord souffle fort sur la Ligue 1 en cette fin d’année 2025. Et pour une fois, il n’annonce pas la neige… mais peut-être quelque chose de bien plus grand.
À suivre. De très près.
(Article écrit avec le cœur d’un supporter de foot qui a vu trop de saisons se jouer entre trois clubs… et qui commence à y croire vraiment.)
