Ce matin, en ouvrant les volets, j’ai eu ce petit frisson familier. Pas seulement à cause du froid qui piquait les joues, mais parce que quelque chose clochait : on est le 1er décembre et, pour la première fois depuis longtemps, le thermomètre flirtait sérieusement avec le négatif un peu partout en plaine. À Paris, 2°C. Dans le Centre, le Nord-Est, jusqu’en Dordogne ou dans le Lot, on a carrément plongé sous zéro. Et pourtant… on nous répète que les hivers deviennent plus doux. Alors, que se passe-t-il vraiment ?
Allez, on se pose cinq minutes avec un café brûlant et on regarde ça de plus près. Parce que ce n’est pas juste une anecdote météo du jour : c’est le top départ officiel de l’hiver… mais pas celui qu’on croit.
L’hiver météo commence aujourd’hui (et non le 21 décembre)
Vous savez probablement que, dans l’imaginaire collectif, l’hiver démarre au solstice, vers le 21 ou 22 décembre. C’est joli, c’est poétique, ça colle avec les marchés de Noël et les illuminations. Mais les météorologistes, eux, ne fonctionnent pas comme ça.
Pour eux, l’hiver météorologique débute ce 1er décembre et se termine fin février. Pourquoi cette date un peu arbitraire ? Simplement parce qu’elle simplifie la vie. On compare des mois entiers (décembre, janvier, février) plutôt que des périodes bancales à cheval sur deux mois. Et surtout, ça tombe pile : le cœur le plus froid de l’hiver, statistiquement, se situe mi-janvier.
Cette année, d’ailleurs, le 14 janvier avait été la journée la plus glaciale de 2024 avec une moyenne nationale à peine au-dessus de zéro. Coïncidence ? Pas vraiment. Le système est rodé.
Ce que disent les thermomètres ce matin
Concrètement, ce 1er décembre 2025, les gelées ont fait leur grand retour après une fin novembre plutôt clémente. En plaine, on a relevé entre 0 et -4°C sur une bonne partie du Centre-Val de Loire, du Grand Est, de la Bourgogne-Franche-Comté et même jusqu’au nord de l’Occitanie. En Île-de-France, seules les Yvelines, l’Essonne et la Seine-et-Marne sud ont goûté au négatif en pleine nuit. Paris s’en est sortie avec ses 2°C, mais franchement, ça pique quand même pour un réveil.
Est-ce exceptionnel ? Non. C’est même plutôt dans les normes pour un début décembre. Ce qui change, c’est qu’on avait presque oublié cette sensation ces dernières années.
Un hiver « normal » de 5,9°C… qui devient rare
En France, la température moyenne d’un hiver « normal » (période de référence 1991-2020) tourne autour de 5,9°C. Ça inclut tout : la Bretagne, la Corse, les Alpes, la plaine d’Alsace. C’est une moyenne nationale, donc.
Quatre des cinq hivers les plus doux depuis 1900 ont eu lieu lors des vingt dernières années.
– Données climatiques officielles
Cette phrase fait froid dans le dos, mais pas pour les raisons qu’on croit. Elle montre à quel point le réchauffement climatique redistribue les cartes. L’hiver 1962-1963 reste le plus glacial du XXe siècle avec 0,7°C de moyenne. À l’inverse, l’hiver 2019-2020 culmine à 8,2°C. On a gagné presque 8 degrés en un demi-siècle entre le plus froid et le plus doux. C’est énorme.
Au quotidien, ça veut dire moins de gelées matinales en plaine, moins de jours à moins de -10°C, moins de vrais hivers « à l’ancienne ». Ce matin fait donc figure d’exception… ou de souvenir d’enfance pour certains.
Et la suite de la semaine ? Pas de grand froid en vue
Spoiler : si vous espériez un Noël blanc sur tout le territoire, vous risquez d’être déçus. Dès demain, un redoux s’installe. Les températures remonteront nettement, parfois 8 à 10°C au-dessus des normales en milieu de semaine prochaine.
- Retour de la pluie, parfois forte sur la moitié nord
- Épisodes méditerranéens possibles en fin de semaine
- Neige qui remontera très haut en altitude (souvent au-dessus de 2000 m)
- Vent sensible, surtout près des côtes
Bref, l’hiver météo démarre avec un coup de froid symbolique, mais il risque de vite ressembler à ces dernières années : humide, gris, et rarement vraiment glacial.
Pourquoi ce froid soudain nous marque autant
J’ai ma petite théorie. On s’est habitués au confort. Moins de gel, moins de raclette de pare-brise à 7h du matin, moins de bonnets en laine dès novembre. Du coup, quand ça revient – même modestement – ça fait l’effet d’un électrochoc.
Et puis il y a cette dissonance cognitive : on nous parle réchauffement climatique, canicules records, et bam, un matin de décembre on grelotte. C’est le paradoxe. Le réchauffement ne supprime pas l’hiver, il le rend plus… capricieux. Moins de jours très froids, mais quand ils arrivent, ils surprennent d’autant plus.
Ce qu’il faut retenir pour les prochaines semaines
Si on devait résumer :
- Oui, on a eu du gel ce matin → c’est normal pour un 1er décembre
- Non, ça n’annonce pas un hiver sibérien → les tendances restent douces
- Le vrai froid statistique, c’est plutôt mi-janvier qu’on le sentira (ou pas)
- Le réchauffement climatique continue de grignoter nos hivers traditionnels
Personnellement, j’aime bien ces petits retours du froid vif. Ça rappelle qu’on vit dans un pays tempéré, pas sous les tropiques. Et puis, avouez-le, un café fumant quand il gèle dehors, il n’y a rien de mieux.
Prenez soin de vous, sortez les écharpes (au moins ce matin), et on se retrouve bientôt pour faire le point sur ce que nous réserve vraiment cet hiver 2025-2026. Parce qu’en météo, comme en tout, la seule certitude… c’est qu’il n’y en a pas.
À très vite,
