Imaginez que vous receviez un appel un matin d’hiver. On vous dit que l’homme qui vous a défigurée à vie vient de s’évader de prison. Et que, pour vous, c’est probablement pour finir le travail. C’est exactement ce qu’a vécu une jeune femme de la région de Dijon fin novembre. Une histoire qui donne la chair de poule et qui rappelle, une fois de plus, à quel point les violences conjugales peuvent marquer quelqu’un jusqu’au plus profond de l’âme.
Je ne vais pas tourner autour du pot : ce qui est arrivé à cette femme est terrifiant. Et pourtant, c’est la réalité de trop nombreuses victimes qui, même quand le bourreau est derrière les barreaux, ne parviennent jamais vraiment à dormir tranquilles.
Une évasion digne d’un mauvais film… qui tourne au cauchemar bien réel
Le 27 novembre, deux détenus de la maison d’arrêt de Dijon disparaissent purement et simplement. Comment ? En sciant les barreaux de leur cellule avec une lame (on se demande encore comment elle est arrivée là) et en descendant en rappel avec des draps noués. Le genre de scénario qu’on voit dans les séries et qu’on trouve presque romantique… jusqu’à ce qu’on réalise les conséquences pour les victimes.
Parmi les deux évadés, un homme de 32 ans. Son casier ? Violences conjugales aggravées. Et pas n’importe lesquelles. Il est accusé d’avoir planté une fourchette dans l’œil de son ex-compagne. Oui, vous avez bien lu. Une fourchette. Un objet du quotidien transformé en arme de torture. Elle a perdu l’usage de cet œil. À vie.
Le matin où tout a basculé… encore une fois
Vers 9 heures, elle est au travail. Son téléphone sonne. On lui annonce l’évasion. Immédiatement, son sang se glace. Sa première pensée ? « Il s’est évadé pour moi. Pour me retrouver. Pour m’achever. » Pas paranoïa. Réalité. Quand on a déjà subi ce qu’elle a subi, on sait de quoi l’autre est capable.
En quelques minutes, elle quitte son poste, récupère son enfant à l’école, et disparaît. Plan de mise en sécurité activé. Parce que oui, en France, quand un détenu dangereux pour violences conjugales s’évade, on a des protocoles. Mais franchement, est-ce que ça suffit à calmer la terreur ? J’en doute.
« Elle a été stupéfaite qu’on puisse s’évader aussi facilement. »
Son avocate, quelques jours après les faits
Cette phrase résonne. Parce qu’on se dit tous la même chose : comment est-ce encore possible en 2025 ? Des barreaux qu’on scie, des draps, une fuite à l’ancienne… On a l’impression de revenir cinquante ans en arrière.
Vingt-quatre heures de cavale et une interpellation express
Le lendemain, vendredi 28 novembre, l’homme de 32 ans est retrouvé. Où ? Dans un bar de campagne, à Bey, un petit village près de Dijon. Ambiance presque comique si la situation n’était pas aussi grave. Il sirote tranquillement un verre pendant que son ex-compagne vit cachée, terrifiée.
La brigade de recherche intervient, l’interpelle sans résistance notable. Fin de l’épisode pour lui. Retour direct en détention, mais dans une autre prison cette fois. On prend quand même quelques précautions.
Pour elle, c’est un immense soulagement… teinté d’amertume. Parce que pendant ces vingt-quatre heures, elle a revécu l’enfer.
Et l’autre fugitif ? Toujours dans la nature
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le deuxième évadé, lui, court toujours. 19 ans à peine, déjà une dizaine de condamnations, considéré comme particulièrement dangereux. Tentative d’assassinat, association de malfaiteurs… Un parcours qui fait froid dans le dos.
On l’a repéré à Besançon, dans un quartier sensible. Opération policière massive, une trentaine d’hommes mobilisés. Raté. Il s’échappe encore. On arrête un proche, un ancien codétenu. On découvre aussi qu’une jeune femme de 25 ans aurait récupéré les deux évadés en voiture juste après leur fuite. Elle jure qu’on lui a dit qu’ils étaient libérés légalement. Difficile à croire, mais elle écope quand même de détention provisoire pour complicité.
Les violences conjugales : une menace qui ne s’éteint jamais vraiment
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est la peur viscérale qui reste. Même quand l’agresseur est en prison, la victime vit avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et quand il s’évade… tout explose.
Elle a perdu un œil. Elle élève seule son fils. Elle essaie de reconstruire une vie. Et en une matinée, tout s’effondre à nouveau. Combien de femmes vivent ça, sans qu’on en parle ?
- En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint.
- Les auteurs de violences graves sont souvent récidivistes.
- Le sentiment d’insécurité persiste des années après la séparation.
- Les évasions, même rares, ravivent instantanément la terreur.
Cette histoire est un rappel brutal : la prison, aussi nécessaire soit-elle, n’efface pas la menace aux yeux des victimes. Et parfois, elle ne suffit même pas à la contenir.
Comment en est-on encore là en 2025 ?
Franchement, la question mérite d’être posée. Des barreaux qu’on scie avec une lame introduite on ne sait comment. Des draps en guise de corde. Une évasion à 7 heures du matin sans que personne ne remarque rien avant. On se croirait dans un vieux polar.
Évidemment, les enquêtes sont en cours. Introduction d’objets interdits, complicité interne ou externe, drones peut-être (oui, on en a retrouvé chez la complice présumée)… Tout ça pose question. Nos prisons sont-elles encore adaptées face à des détenus déterminés ?
Et surtout : que fait-on pour protéger réellement les victimes quand ce genre de scénario catastrophe se produit ? Un coup de fil, une mise à l’abri… c’est bien. Mais est-ce suffisant face à une peur aussi profonde ?
Ce que cette affaire nous dit de notre société
Au-delà du fait divers spectaculaire, il y a quelque chose de plus profond. Cette femme n’a pas juste eu peur. Elle a été replongée dans l’horreur. Et ça, personne ne devrait avoir à le vivre.
On parle beaucoup de féminicide, de bracelets électroniques, de téléphones grand danger. Mais quand un homme s’évade après avoir crevé l’œil de son ex avec une fourchette… on réalise que tout ça reste terriblement fragile.
Cette affaire est un électrochoc. Elle nous rappelle qu’on a beau enfermer les bourreaux, la menace, elle, continue parfois de planer. Et que les victimes, elles, n’ont jamais vraiment de répit.
Aujourd’hui, l’homme de 32 ans est de nouveau derrière les barreaux. Le second fugitif court toujours. Et quelque part, une femme et son enfant essaient de retrouver un semblant de calme. En espérant que, cette fois, ce soit vraiment fini.
Des histoires comme celle-ci, on préférerait ne jamais en entendre parler. Mais elles existent. Et tant qu’elles existeront, il faudra continuer à en parler. Haut et fort.
