Dimanche après-midi, quand l’arbitre a brandi ce carton rouge sous le nez de Moises Caicedo à la 38e minute, j’ai cru que c’était fini. Arsenal menait déjà 0-1, jouait bien, et se retrouvait à onze contre dix face à une équipe qui pressait haut depuis le début. Franchement, qui aurait misé un centime sur Chelsea pour prendre ne serait-ce qu’un point ? Et pourtant… Ce 1-1 final ressemble presque à une victoire tant les Blues ont été impressionnants de maturité.
Ce match m’a rappelé pourquoi j’adore le foot anglais : même quand tout semble plié, une équipe peut renverser la logique grâce à une organisation millimétrée et une envie folle. Allez, on décortique ensemble comment Chelsea a réussi ce petit exploit tactique.
Une expulsion qui change tout… ou presque
Reprenons depuis le début. Chelsea démarre fort, récupère haut, met la pression. Pedro Neto ouvre le score sur une merveille d’action collective. Tout va bien. Et puis arrive ce tacle un peu trop engagé de Caicedo sur Merino. Rouge direct. Rideau ? Pas vraiment.
Enzo Maresca, dès le banc de touche, envoie immédiatement les consignes : on redescend, on ferme les couloirs, on fait bloc. Plus question de presser dans le camp adverse. Le plan devient clair : tenir et contrer quand l’occasion se présente.
Et là, la première chose qui frappe, c’est la discipline collective. Pas un joueur qui sort de sa zone, pas un espace laissé béant. On sent que les automatismes ont été répétés des dizaines de fois à l’entraînement.
Les ailiers sacrifiés pour le bien commun
Le premier ajustement majeur arrive à la mi-temps. Estevao, étincelant techniquement mais encore tendre défensivement, laisse la place à Alejandro Garnacho. Choix fort. Le Brésilien de 18 ans découvrait vraiment la Premier League à ce niveau d’intensité, et sur le côté droit Arsenal commençait à trouver des espaces.
Garnacho entre et change tout. Moins flamboyant balle au pied, mais quel abattage ! Il colle Saka dès qu’il reçoit, oblige l’Anglais à jouer dos au but ou à repiquer à l’intérieur où esperent Fofana et Chalobah. Résultat : Saka, d’habitude intenable en un-contre-un, passe une seconde période très calme.
De l’autre côté, Pedro Neto fait le même boulot ingrat sur Martinelli ou Timber. Les ailiers de Chelsea deviennent des pistons défensifs. C’est moche à voir pour les amoureux du beau jeu, mais diablement efficace.
- Garnacho : 11 duels défensifs gagnés en 45 minutes
- Neto : 8 interventions dans son propre camp
- Saka : 0 dribble réussi en seconde période
Les latéraux d’Arsenal pris au piège
Arsenal adore les dédoublements. Timber ou Lewis-Skelly (entré à la pause) montent très haut et viennent se placer dans le demi-espace pour offrir une solution intérieure pendant que l’ailier écarte. Classique Arteta.
Mais Chelsea avait prévu le coup. Dès qu’un latéral adverse montait, l’ailier blue redescendait immédiatement pour former un 2-contre-1 avec le latéral. Et derrière, les centraux lisaient parfaitement le mouvement.
Exemple parfait : une séquence où Lewis-Skelly monte dans l’axe. Malo Gusto reste calme, attend que Fofana soit assez proche pour prendre le relais, puis sort enfin sur le porteur. Madueke, surpris, doit jouer en retrait. Rien. Zéro danger.
« On a travaillé ça toute la semaine. On savait qu’ils allaient chercher les couloirs. On a juste appliqué. »
Wesley Fofana, après le match
Le piège du hors-jeu : arme fatale
Ce qui m’a le plus impressionné, c’est la ligne défensive. À dix, beaucoup d’équipes paniquent et reculent trop. Chelsea, non. Ils ont gardé une ligne haute (à l’entrée de la surface) et ont utilisé le piège du hors-jeu avec une précision chirurgicale.
Deux fois seulement Arsenal a été pris au piège, mais l’important n’est pas là. C’est l’effet dissuasif. Les attaquants d’Arsenal hésitaient à partir en profondeur parce qu’ils savaient que la ligne allait monter au bon moment. Du coup, ils restaient trop bas, et les milieux n’avaient plus de solution devant.
Regardez la séquence du but de Merino : c’est l’une des rares fois où Garnacho se fait aspirer à l’intérieur, laissant Cucurella seul. Saka accélère enfin, centre, égalisation. Preuve que quand le plan est respecté à la lettre, même Arsenal galère.
Une solidité mentale rare
Parce qu’au-delà de la tactique, il y a l’état d’esprit. À dix, pendant plus d’une heure (avec le temps additionnel), Chelsea n’a encaissé qu’un seul tir cadré. Un seul. C’est énorme.
Les joueurs couraient les uns pour les autres. Cucurella, déjà averti, a fait un match de titan. Fofana a gagné tous ses duels aériens. Chalobah a lu les trajectoires comme un livre ouvert. Même Robert Sánchez, souvent critiqué, a sorti deux parades décisives.
On sent une équipe qui croit en son coach, qui accepte de souffrir ensemble. Ça, ça ne s’achète pas. Ça se construit.
Et Arsenal dans tout ça ?
Pour être honnête, les Gunners m’ont déçu. Beaucoup de possession (presque 70 %), mais trop stérile. Peu de mouvements sans ballon, peu de prises de projection après récupération. Merino a été le seul à vraiment se proposer dans la surface.
Arteta a tenté le tout pour le tout avec les entrées de Trossard et Jesus, mais trop tard et trop prévisible. Quand vous jouez contre un bloc aussi bas et discipliné, il faut des appels croisés, des une-deux rapides, des frappes de loin. On a vu très peu de ça.
Ce match rappelle celui contre Manchester City l’année dernière : Arsenal domine, mais ne gagne pas. Ça commence à faire beaucoup.
Ce que ce match nous dit pour la suite
Pour Chelsea, c’est une immense bouffée d’oxygène. Maresca montre qu’il peut s’adapter, que son équipe a du caractère. Avec le retour de Reece James et les progrès de Lavia au milieu, les Blues peuvent viser plus haut que la 6-7e place qu’on leur promettait en début de saison.
Pour Arsenal, c’est un coup d’arrêt. Perdre des points contre un rival direct à dix, ça fait mal. Surtout quand Liverpool et City gagnent dans le même temps additionnel le même week-end. La course au titre se complique.
Et pour nous, amoureux du foot, c’est juste un régal. Une leçon : dans le football moderne, le talent ne suffit plus. Il faut du mental, de l’organisation, et parfois un peu de vice à l’italienne. Maresca, ancien adjoint de Pep, a appris auprès du maître, mais il ajoute sa patte : pragmatisme et solidité.
Alors oui, ce n’était « que » un point. Mais ce point-là vaut de l’or. Parce qu’il a été gagné dans la douleur, ensemble, avec les tripes. Et ça, ça ne s’oublie pas.
Et vous, vous en pensez quoi ? Chelsea a-t-il volé ce point ou mérite-t-il carrément les trois ? Dites-moi tout en commentaire, j’adore lire vos avis (et je réponds à presque toujours).
