Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe quand un pays demande à son roi de faire comme tout le monde et de couper dans ses dépenses ? En Belgique, c’est exactement ce qui vient d’arriver. Et franchement, l’idée que même la Couronne doive participer à l’effort national a quelque chose de… rafraîchissant, non ?
On en parle peu, mais la petite monarchie belge traverse un moment historique. Le gouvernement fédéral, fraîchement installé, a décidé qu’absolument personne n’échapperait à la cure d’austérité. Pas même ceux qui vivent sous les dorures du Palais de Bruxelles.
Quand le Palais doit rentrer dans le rang budgétaire
Imaginez la scène : le Premier ministre, connu pour son franc-parler et sa rigueur budgétaire, annonce dix milliards d’économies. Et quand un journaliste lui demande si « tout le monde » est vraiment concerné, il répond sans hésiter que oui. Vraiment tout le monde. Quelques jours plus tard, le Palais reçoit la note : deux millions d’euros à trouver en quatre ans.
Deux millions, dit comme ça, ça peut paraître dérisoire quand on parle d’un État. Mais rapporté au budget de la monarchie, c’est une coupe franche : près de 4,6 % du train de vie royal. Et pour une institution qui a toujours veillé à rester discrète et mesurée, c’est un sacré signal.
Un budget royal déjà parmi les plus modestes d’Europe
Il faut le dire clairement : la monarchie belge n’a jamais été du genre clinquant. Contrairement à certaines cours voisines où les têtes couronnées font la une des magazines people chaque semaine, ici, on cultive la sobriété. Pas de mugs à l’effigie du roi dans les boutiques de souvenirs, pas de produits dérivés, rien. La neutralité politique impose aux membres actifs de la famille royale de ne pas travailler à côté. Donc pas de revenus complémentaires possibles.
Le coût total de la monarchie pour 2025 ? 43,5 millions d’euros. Oui, vous avez bien lu. C’est moins que ce que coûte certains ministères. Et pourtant, cette enveloppe couvre :
- Les dotations du roi, de l’ancien roi et de certains princes et princesses
- L’entretien des palais (Bruxelles, Laeken, Ciergnon…)
- Le personnel (plus de 300 personnes quand même)
- Les déplacements officiels et réceptions
- L’ouverture estivale du palais au public
- La promotion culturelle du pays à l’étranger
Depuis 2013 et l’arrivée de Philippe sur le trône, tout est transparent. Les comptes sont publiés, contrôlés par la Cour des comptes, et le roi paie des impôts comme n’importe quel citoyen. En fait, la Belgique est souvent citée en exemple pour sa gestion rigoureuse de la monarchie.
Qui touche quoi dans la famille royale ?
Petit tour d’horizon, parce que c’est toujours intéressant de comprendre comment ça fonctionne vraiment.
Le roi Philippe touche la plus grosse dotation – logique, c’est lui le chef de l’État. La reine Mathilde en reçoit une aussi, plus modeste. L’ancien roi Albert, malgré ses démêlés passés, bénéficie toujours d’une enveloppe conséquente (même s’il passe une bonne partie de l’année dans le sud de la France). La princesse Astrid et le prince Laurent, frère et sœur du roi, perçoivent également des dotations, souvent critiquées parce qu’ils sont perçus comme moins actifs.
Et puis il y a la princesse Élisabeth, l’héritière. À sa majorité, elle aurait pu toucher une dotation immédiatement. Elle a choisi de terminer ses études d’abord – un choix salué partout. Elle devrait commencer à en bénéficier à l’été prochain, mais avec les nouvelles restrictions… on peut se demander si le montant sera revu à la baisse.
La famille royale a toujours essayé de montrer l’exemple en matière de transparence et de modération. Cette fois, elle va devoir aller encore plus loin.
Quelles pistes d’économies sur la table ?
Le Palais ne s’est pas contenté de dire « oui chef ». Des discussions sont en cours avec le gouvernement pour trouver des solutions structurelles. L’idée : faire en sorte que ces deux millions ne soient plus nécessaires à long terme.
Parmi les pistes sérieusement envisagées :
- Réduire l’ouverture estivale du palais de Bruxelles au public (qui coûte cher en sécurité et logistique)
- Diminuer certaines actions de promotion culturelle à l’étranger
- Repenser l’organisation du personnel et des services
- Peut-être mutualiser davantage certains frais avec d’autres institutions
Ce qui est intéressant, c’est que personne ne parle de toucher aux salaires des employés du Palais. L’idée est plutôt de faire plus efficace avec moins. Un peu comme quand vous décidez de faire vos courses chez Lidl plutôt que chez Rob le week-end – pardon pour l’image, mais avouez qu’elle parle à tout le monde.
Et les Belges, qu’en pensent-ils ?
Question légitime. Dans un pays où la monarchie reste globalement populaire (les sondages tournent autour de 60-65 % de soutien), cette décision passe plutôt bien. Beaucoup y voient une preuve que « personne n’est au-dessus des lois » – ou en tout cas, du budget.
Il y a bien quelques voix, surtout dans les milieux républicains flamands, qui estiment que c’est un premier pas… mais qu’on pourrait aller beaucoup plus loin. Voire supprimer carrément la monarchie. Mais pour l’instant, ces voix restent minoritaires.
Ce qui frappe, c’est le contraste avec d’autres monarchies européennes. Au Royaume-Uni, la famille royale génère des revenus touristiques colossaux. En Espagne ou aux Pays-Bas, le débat sur le coût de la Couronne revient régulièrement, mais rarement avec autant de concret.
Une monarchie qui évolue avec son temps
Ce qui est passionnant dans cette histoire, c’est qu’elle dit beaucoup sur la Belgique d’aujourd’hui. Un pays complexe, avec ses tensions communautaires, ses gouvernements compliqués à former, et pourtant capable de faire asseoir tout le monde à la même table – même le roi – pour parler argent.
Philippe et Mathilde, depuis douze ans, ont imposé un style : discret, travailleur, proche des gens. Cette nouvelle épreuve pourrait paradoxalement renforcer leur image. Après tout, un roi qui accepte de faire des efforts quand son pays en demande, c’est plutôt une bonne publicité pour la monarchie, non ?
Et puis il y a Élisabeth. La future reine, qui grandit dans ce contexte de rigueur budgétaire dès le départ. Ça forge un caractère. Et peut-être une vision plus moderne encore de ce que doit être une monarchie au 21e siècle.
Au final, deux millions d’euros, ce n’est pas grand-chose dans le budget d’un État. Mais symboliquement, c’est énorme. C’est la preuve qu’en Belgique, même le Palais n’est pas intouchable. Et quelque part, dans un monde où les élites semblent souvent déconnectées, ça fait du bien.
Alors oui, le roi Philippe va devoir faire quelques économies. Peut-être moins de réceptions fastueuses, peut-être un peu moins de personnel. Mais il restera le roi des Belges. Et peut-être, paradoxalement, un roi encore plus proche de son peuple.
Parce qu’au fond, c’est ça aussi la monarchie belge : une institution qui essaie, tant bien que mal, de rester dans le coup. Et en 2025, rester dans le coup, ça veut dire accepter de se serrer la ceinture. Comme tout le monde.
