Vous est-ce déjà arrivé de tomber sur une photo ou une odeur qui vous ramène vingt, trente ans en arrière en une fraction de seconde ? Moi, c’est la Viennetta. Cette bûche glacée aux vagues parfaites de chocolat croquant sur de la vanille aérienne. L’autre jour, en ouvrant mon congélateur, j’ai souri bêtement : elle était là, à moins de trois euros, comme si le temps n’avait jamais passé.
Et pourtant, quelque chose a changé. Ce dessert que l’on sortait autrefois pour les grandes occasions est aujourd’hui partout sur les écrans. Des adolescents la découvrent, des quadras pleurent de joie, des influenceurs la découpent en slow-motion. Comment une glace lancée il y a plus de quarante ans fait-elle un retour aussi fracassant ? C’est l’histoire que je voulais vous raconter aujourd’hui.
La Viennetta, ou comment un produit « ringard » est devenu ultra désirable
Reprenons depuis le début. Apparue en France au milieu des années 80, la Viennetta était alors le summum du chic surgelé. Ses couches alternées de crème glacée et de chocolat craquant, son look ondulé façon mille-feuille glacé, tout criait « luxe accessible ». On la réservait aux anniversaires, aux repas de Noël ou quand les cousins venaient dormir.
Puis les années 90 et 2000 sont passées par là. Les pâtissiers individuels, les macarons, les glaces artisanales ont pris le pouvoir. La bûche toute faite est devenue l’exemple même du dessert « has-been ». Et pourtant… elle n’a jamais quitté les rayons. Discrète, presque honteuse, à côté des Ben & Jerry’s et des Häagen-Dazs, elle attendait son heure.
L’effet boule de neige des réseaux sociaux
Et cette heure est arrivée avec la vague nostalgie qui déferle depuis quelques années. D’abord timidement, quelques vidéos « unboxing » de produits rétro. Puis des comptes spécialisés dans les madeleines de Proust alimentaires. Et là, c’est l’explosion.
On voit des jeunes de vingt ans ouvrir leur première Viennetta comme s’ils découvraient un trésor. Des trentenaires la servir à des amis et filmer les cris : « Attends, tu te souviens ? Ma mère en mettait toujours une au congé pour Noël ! » Les commentaires pleuvent : « J’ai 38 ans et j’ai pleuré », « Mon dessert d’enfance préféré », « Pourquoi c’est aussi bon ?! ».
« Je l’ai achetée par nostalgie… et tout le monde a hurlé de joie autour de la table. On aurait dit que je venais de sortir un gâteau de grand chef pâtissier. »
– Une lectrice qui a tenté l’expérience récemment
Le plus drôle ? Dans certains pays où elle n’est pas commercialisée, les gens sont prêts à payer des fortunes pour se la faire expédier. On voit des vidéos d’Américains en larmes en goûtant enfin « the famous European ice cream cake ». La rareté crée le désir.
Pourquoi ÇA marche si bien aujourd’hui ?
Plusieurs raisons se combinent, et franchement, c’est fascinant à observer.
- Le prix imbattable – À moins de 3 euros pour 650 ml, elle écrase toute la concurrence sur le ratio plaisir/prix. Dans un contexte où tout augmente, c’est un argument massue.
- Le facteur madeleine de Proust – Toute une génération (celle des 35-50 ans) la redécouvre et la partage avec ses enfants ou ses amis. Effet émotionnel garanti.
- L’esthétique parfaite pour les réseaux – Ces vagues chocolatées qui craquent, la découpe nette, le contraste blanc/marron… c’est de la pure pornfood visuelle.
- La simplicité régressive – Pas besoin de talent en pâtisserie, pas de vaisselle compliquée, on sort, on coupe, on régale 8 personnes. Dans une époque où on cherche à simplifier la vie, c’est parfait.
J’ai moi-même testé l’expérience il y a quinze jours. Invités à dîner improvisés, pas le temps de faire un dessert compliqué. J’ai sorti la Viennetta. Silence autour de la table… puis explosion : « Non mais attends, t’es sérieux ?! J’adore ça ! » Dix minutes plus tard, tout le monde filmait la découpe. J’avoue, j’ai ri intérieurement : qui aurait cru que mon joker de congélateur deviendrait la star de la soirée ?
Un phénomène qui dépasse largement la France
Ce qui est dingue, c’est que le buzz est mondial. Au Royaume-Uni, elle n’a jamais vraiment disparu et reste un classique. En Italie ou en Espagne, même combat. Mais dans les pays où elle était moins présente, c’est la folie. Des groupes Facebook se créent pour organiser des imports, des recettes de Viennetta maison fleurissent, des influenceurs la revisitent en version matcha ou spéculoos.
Et les marques l’ont bien compris. On commence à voir des éditions limitées, des formats mini, des versions sans lactose… Le produit qui dormait tranquillement depuis trente ans se réveille en star marketing.
Et demain ? Vers une Viennetta 2.0 ?
Ce qui est intéressant, c’est que ce retour n’est pas seulement nostalgique. Il dit quelque chose de notre époque : on a envie de plaisir simple, de souvenirs heureux, de rapport qualité-prix honnête. Dans un monde où tout va trop vite, ressortir un dessert des années 80 qui fait sourire tout le monde, c’est presque un acte de résistance douce.
Personnellement, je trouve ça plutôt réconfortant. Ça prouve que parfois, les meilleures choses ne nécessitent pas d’innovation folle. Juste de rappeler aux gens qu’elles existent encore.
Alors la prochaine fois que vous passerez devant le rayon surgelés, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Prenez-en deux : une pour maintenant, une pour quand vous aurez besoin d’un sourire garanti. Parce que oui, la Viennetta est bel et bien revenue. Et cette fois, elle n’est pas près de repartir.
Et vous, quel est votre dessert d’enfance qui mérite un grand retour ? Dites-le moi en commentaire, je suis curieux de savoir si on a les mêmes madeleines de Proust glacées…
