Vous est-il déjà arrivé de vous demander ce qui peut pousser quelqu’un à fuir ceux qui tentent de le sauver ? Dimanche 30 novembre, en pleine nuit, sur une autoroute anglaise battue par la pluie, un événement aussi brutal qu’incompréhensible a coûté la vie à un jeune homme de 18 ans. Et pourtant, il était entre les mains des secours.
Je crois qu’on n’est jamais vraiment prêt à lire ce genre d’histoire. On se dit que les ambulances, c’est le dernier rempart, le lieu où, quoi qu’il arrive, on est en sécurité. Et puis il y a ces rares moments où tout bascule en quelques secondes.
Un trajet médical qui vire au cauchemar
Vers 23 heures, l’ambulance roule sur la M5, direction sud, pas loin de Bristol. À bord, un adolescent de 18 ans que les secours transportent vers l’hôpital. Les raisons précises de cette prise en charge restent confidentielles – on parle souvent de crise aiguë, parfois psychiatrique, parfois médicale lourde – mais ce qui est sûr, c’est que l’état du jeune nécessite une intervention en urgence.
À un moment, l’équipage décide de s’arrêter sur la bande d’urgence. Peut-être pour réévaluer l’état du patient, peut-être pour administrer un traitement, peut-être parce que la situation à l’intérieur du véhicule devenait ingérable. On ne le saura probablement jamais avec certitude. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que la porte arrière s’ouvre et que le jeune homme jaillit dehors.
En quelques instants, il se retrouve au milieu des voies. L’autoroute n’est pas déserte. Les voitures filent à plus de 110 km/h dans l’obscurité. Les ambulanciers réalisent immédiatement la gravité de la situation et alertent la police dans la foulée.
« Nos équipes ont tout tenté, elles ont même mis leur propre sécurité en danger pour tenter de le protéger et d’alerter les automobilistes »
Responsable du service d’ambulances du sud-ouest de l’Angleterre
Une handful de minutes qui changent tout
Les témoignages convergent : il ne s’est écoulé que très peu de temps entre l’évasion et l’impact. Trop peu pour que quiconque puisse intervenir efficacement sur une autoroute en pleine circulation nocturne. Un véhicule arrive, le conducteur n’a aucune chance de voir la silhouette avant qu’il ne soit trop tard. Le choc est inévitable.
Le jeune homme décède sur place. L’autoroute est fermée dans les deux sens pendant près de dix heures. Les enquêteurs passent la nuit à relever les indices, à comprendre la chronologie exacte, à recueillir les premiers témoignages.
Et derrière les gyrophares, il y a des hommes et des femmes profondément choqués. Les ambulanciers, les policiers, mais aussi le conducteur du véhicule impliqué, qui n’a rien pu faire.
Pourquoi fuir ceux qui vous sauvent ?
C’est la question qui revient le plus souvent, presque instinctivement. Et la réponse n’est jamais simple. Quand une personne est en pleine crise – qu’elle soit psychiatrique, sous l’effet de substances ou en état de panique extrême – la notion même de « sécurité » peut se retourner complètement.
J’ai échangé, au fil des années, avec suffisamment de secouristes pour savoir que ces situations, bien que rares, ne sont pas totalement inédites. Parfois le patient se sent enfermé, menacé, persuadé qu’on veut lui faire du mal. Parfois c’est la maladie qui dicte les réactions. Parfois c’est un mélange explosif de tout ça.
- La peur irrationnelle peut prendre le dessus en quelques secondes
- Le confinement de l’ambulance devient insupportable
- La nuit, l’autoroute apparaît comme une issue, même illusoire
- Le cerveau en détresse ne calcule plus le danger réel
On a beau former les équipes, leur apprendre les techniques de contention douce, leur répéter les protocoles, il reste une part d’imprévisible. Et c’est peut-être ce qui rend ces drames si difficiles à accepter.
L’impact invisible sur les secours
On parle beaucoup de la victime – à juste titre – mais rarement de ceux qui restent sur le bord de la route avec ce souvenir gravé à jamais. Les ambulanciers qui ont ouvert cette porte arrière savent qu’ils ont fait tout ce qui était humainement possible. Et pourtant.
Dans les heures qui suivent, les cellules psychologiques se mettent en place. Pas seulement pour la famille du jeune homme, mais aussi pour l’équipage, pour les policiers arrivés en premier, pour le conducteur qui a tout tenté pour éviter l’inévitable.
« Cet événement a eu un impact considérable sur nos agents. Ils sont, à juste titre, extrêmement bouleversés. »
Cheffe adjointe de la police locale
Je me souviens d’un urgentiste qui m’avait confié, après un drame similaire : « On se prépare à perdre des patients à l’hôpital, pas sur le bord de l’autoroute en essayant de les y amener. » Cette phrase me hante encore.
Et maintenant ? Les questions qui restent
Une enquête est en cours, bien entendu. Elle devra déterminer si tout a été fait dans les règles, si des dispositifs de sécurité supplémentaires auraient pu changer quelque chose, si le protocole d’immobilisation était adapté à la situation.
Mais au-delà des conclusions officielles, cet accident remet sur la table des débats plus larges :
- Comment transporter en toute sécurité des patients en crise aiguë ?
- Les ambulances classiques sont-elles suffisamment équipées ?
- Faut-il systématiser l’escorte policière dans certains cas ?
- Et surtout : comment mieux former les équipes à ces situations extrêmes ?
Il n’y a pas de réponse miracle. Chaque cas est unique. Mais chaque drame de ce type pousse, petit à petit, les services d’urgence à revoir leurs pratiques. C’est déjà ça.
Un thought pour tous ceux qui restent
Ce soir-là, une famille a perdu un fils de 18 ans. Des secouristes ont vu voler en éclats des années de vocation. Un conducteur lambda rentrera chez lui avec un poids qu’il portera toute sa vie.
Et nous, on lit ça entre deux cafés, on secoue la tête, on se dit « c’est terrible », puis on passe à autre chose. Sauf que non. Des fois, il faut s’arrêter deux minutes. Prendre conscience de la fragilité de tout ça.
Parce que derrière les gyrophares et les titres choc, il y a des vies brisées en quelques secondes. Et parfois, la seule chose qu’on puisse faire, c’est ne pas oublier.
Si vous avez été témoin ou proche de situations similaires, n’hésitez pas à partager (anonymement si vous préférez) dans les commentaires. Ces témoignages aident parfois plus qu’on ne le croit.
