Il y a des moments où un entraîneur doit sortir du bois. Pas pour justifier des choix tactiques ou parler de rotation, non. Parfois, il faut simplement rappeler à tout le monde qui porte vraiment l’équipe quand les résultats vacillent. Hier, à la veille du déplacement périlleux à Bilbao, Xabi Alonso a choisi ce moment-là pour parler de Kylian Mbappé. Et franchement, on sentait que ça lui tenait à cœur.
On va être honnête : le Real Madrid n’est pas au mieux. Trois nuls de suite en Liga, la première place qui file chez le rival barcelonais, des critiques qui pleuvent sur l’attaquant français comme à chaque fois que l’équipe tousse. Et pourtant, quand on regarde les chiffres froids, on se demande bien de quoi on parle.
Quand Xabi Alonso pose les choses très clairement
En conférence de presse, le coach basque n’a pas tourné autour du pot. Il a commencé par balayer l’idée que Mbappé serait le « coupable » de la mini-crise :
« Kylian a déjà fait une saison pleine ici. Depuis trois mois, il a un rendement individuel exceptionnel, il aide beaucoup l’équipe tant en Liga qu’en Ligue des champions. Vous voyez bien son état de forme du moment. »
Et puis il a lâché la phrase qui résume tout :
« Son rôle va au-delà de marquer des buts. Il fait beaucoup d’autres choses fondamentales pour l’équipe, par son leadership, sa manière d’aider ses coéquipiers au quotidien. »
Xabi Alonso
Ça, c’est du lourd. Parce qu’on parle quand même d’un joueur arrivé il y a quelques mois seulement, dans un vestiaire rempli d’egos et de stars, et qui est déjà perçu comme un leader par son entraîneur. Pas juste un buteur. Un leader.
Des chiffres qui donnent le vertige
Parlons peu, parlons stats. Parce que parfois, les chiffres parlent mieux que n’importe quel discours.
- 14 buts en 14 journées de Liga
- 9 buts en seulement 5 matchs de Ligue des champions (dont un quadruplé historique)
- 53 buts toutes compétitions confondues en 2025
- À 6 unités du record absolu de Cristiano Ronaldo sur une année civile (59 en 2013)
- Et il reste 6 matchs d’ici la fin de l’année…
Difficile de faire mieux comme carte de visite. Et pourtant, dès que le Real ne gagne pas, c’est lui qui prend. Pourquoi ? Parce qu’il est la star, parce qu’on attend de lui qu’il porte l’équipe à chaque match, parce qu’il a coûté cher, parce qu’il est français, parce qu’il a quitté Paris… Choisissez votre raison, il y en a pour tous les goûts.
Le leadership, ce truc qu’on ne voit pas à la télé
Mais Xabi Alonso, lui, il voit autre chose. Il voit l’entraînement, les vestiaires, les discussions dans le couloir, les mots justes au bon moment. Et il a tenu à le dire publiquement : Mbappé n’est pas juste un finisseur. Il est déjà un cadre.
J’ai repensé à ces images après le match à Gérone, quand on l’a vu engueuler le quatrième arbitre avec une intensité rarement vue. Certains y ont vu de l’énervement. Moi j’y ai vu un mec qui refuse de perdre, même quand tout part en vrille. Ce genre de caractère, ça ne s’achète pas. Ça se révèle dans l’adversité.
Et dans un vestiaire du Real où cohabitent Vinicius, Bellingham, Rodrygo, Camavinga, Tchouaméni… il faut une sacrée personnalité pour se faire respecter en si peu de temps. Apparemment, c’est fait.
Le piège du « tout repose sur Mbappé »
Xabi Alonso l’a dit aussi, et c’est peut-être le passage le plus important :
« Les buts ne peuvent pas tous venir de Kylian. »
Traduction : arrêtez de tout mettre sur ses épaules. Le Real a une attaque de dingue sur le papier, mais pour l’instant, c’est surtout le Français qui score. Vinicius traverse une période compliquée, Bellingham est moins tranchant qu’en 2024, Rodrygo alterne le chaud et le très chaud. Résultat ? Quand Mbappé ne marque pas, l’équipe a du mal.
C’est là tout le paradoxe. On reproche à Mbappé de ne pas faire gagner l’équipe à lui tout seul… mais quand il plante 23 buts en trois mois, on dit que les autres ne suivent pas. Il est coincé dans une attente impossible.
Et maintenant ? Bilbao, puis la fin d’année folle
Mercredi soir, direction San Mamés. Un stade bouillant, une équipe de Bilbao qui joue le haut de tableau, une pelouse compliquée, une ambiance hostile. Le genre de match où un leader se révèle.
Si Mbappé marque là-bas, on dira qu’il répond présent dans les grands rendez-vous. S’il ne marque pas mais que le Real gagne, on parlera enfin collectif. Et s’il ne marque pas et que le Real perd… eh bien on ressortira les vieilles rengaines.
Moi je parie qu’il va encore faire parler. Parce que c’est ce qu’il fait depuis qu’il a 17 ans : il répond quand on doute de lui. Et quelque part, Xabi Alonso vient de lui tendre un micro encore plus grand.
Le record de Ronaldo dans le viseur
Petit aparté qui a son importance : avec 53 buts en 2025, Mbappé n’est plus qu’à six longueurs du record de Cristiano Ronaldo. Six matchs restants : Bilbao, deux en Ligue des champions, trois en Liga. On parle d’un joueur qui vient de mettre un quadruplé en Grèce et qui reste sur 11 matchs consécutifs avec au moins un but toutes compétitions confondues.
Franchement, vous y croyez vous qu’il ne va pas aller le chercher, ce record ? Moi je signe tout de suite.
Conclusion : un entraîneur qui protège son joueur
En prenant la parole comme il l’a fait, Xabi Alonso a fait quelque chose de rare : il a publiquement blindé son joueur star. Pas en disant qu’il était intouchable ou en tapant sur les journalistes. Non, en parlant foot, en parlant leadership, en parlant réalité du vestiaire.
Et quelque part, c’est peut-être le plus beau compliment qu’un entraîneur puisse faire à son attaquant : lui rappeler que même quand les résultats ne suivent pas, lui, il fait le job. Et même plus que le job.
Alors oui, le Real est deuxième. Oui, il y a urgence avant Bilbao. Mais non, Mbappé n’est pas le problème. Il fait partie de la solution. Et Xabi Alonso vient de le rappeler à tout le monde, avec la classe qu’on lui connaît.
Maintenant, place au terrain. Et quelque chose me dit que le Français va encore nous faire taire. Comme d’habitude.
