Vous savez cette sensation quand vous pensez que c’est plié, que la médaille est dans la poche… et que tout bascule en quelques minutes ? C’est exactement ce qu’ont vécu les supporters des Bleues mardi soir à Stockholm. Un scénario complètement dingue, presque cruel, mais qui finit bien. Ou presque.
Une soirée de folie pour conclure la Ligue des Nations féminine
Partie avec un petit but d’avance après le 2-1 de Reims, l’équipe de France féminine se déplaçait en Suède pour la petite finale. Objectif : sécuriser la troisième place et ramener une médaille de bronze, la première dans cette compétition encore jeune. Et franchement, on y croyait tous.
Un match à sens unique… jusqu’à la 84e minute
Pendant une heure, les joueuses de Laurent Bonadei ont récité leur football. Possession écrasante, occasions en pagaille, mais cette efficacité qui manque parfois terriblement devant le but. Il a fallu attendre la 58e minute et une inspiration géniale de Clara Matéo, la Parisienne, pour voir enfin le ballon au fond. 1-0 sur place, 3-1 cumulé. À ce moment-là, on se disait : « Allez, c’est bon, on tient le bronze. »
Mais le football, surtout le féminin ces dernières années, adore nous rappeler qu’il ne respecte aucune logique écrite d’avance.
Huit minutes de cauchemar suédois
84e minute : Evelyn Ijeh surgit et égalise. Le stade explose, les Bleues se regardent, un peu sonnées. On se dit que ça va piquer mais qu’on peut tenir. Et puis non. 90e+2 : Rosa Kafaji, entrée en jeu, plante un deuxième but. 2-1. 3-3 cumulé. Prolongation. Frisson garanti dans le salon.
Honnêtement, à ce moment-là, j’ai cru que le ciel nous tombait sur la tête. Voir un avantage de deux buts s’évaporer comme ça, en pleine fin de match… c’est le genre de scénario qui laisse des traces.
Les trente minutes supplémentaires ont été tendues, physiques, presque irrespirables. Et puis est arrivée Kelly Gago. Entrée à la 101e, l’attaquante d’Everton n’a eu besoin que de cinq minutes pour placer une frappe clinique. 2-2 sur le match, 4-3 cumulé. Cette fois, plus personne n’y a cru côté suédois. La France tient sa médaille de bronze. Soulagement immense.
L’Espagne, elle, ne tremble jamais
Pendant que les Bleues livraient une bataille épique dans le froid nordique, l’Espagne jouait sa finale à domicile, au Metropolitano de Madrid, devant 55 000 spectateurs et même le roi en personne. Ambiance royale, au sens propre.
Après le 0-0 de l’aller en Allemagne, la Roja a tout simplement déroulé : 3-0 sans discussion. Doublé de Claudia Pina, but de la jeune Vicky López, et une maîtrise collective impressionnante. Championnes du monde en titre, vice-championnes d’Europe, et maintenant doubles tenantes du titre en Ligue des Nations. On commence à manquer de superlatifs.
- 2023 : première édition → Espagne vainqueure
- 2025 : deuxième édition → Espagne vainqueure encore
- Entre les deux ? Un Mondial remporté haut la main.
Le football féminin espagnol vit une ère dorée, et ça ne semble pas près de s’arrêter.
Et maintenant, qu’est-ce que ça veut dire pour les Bleues ?
Objectivement, cette troisième place a un goût étrange. D’un côté, c’est une médaille, la première dans cette compétition, et elle a été gagnée dans la douleur, ce qui lui donne une saveur particulière. De l’autre, on sent la frustration. Parce que les Bleues ont montré qu’elles pouvaient rivaliser avec les meilleures, mais qu’elles retombent souvent dans leurs vieux démons : manque de réalisme, fébrilité en fin de match, difficulté à tuer les rencontres.
J’ai personnellement trouvé le discours d’après-match de Laurent Bonadei assez lucide. Il a parlé d’« erreurs » mais aussi de progression. Et il a été conforté jusqu’en 2027. C’est un signal fort : on croit au projet, même si les résultats en tournoi restent en dents de scie.
On construit quelque chose. Cette médaille, même en bronze, c’est une étape. On va continuer à travailler, à progresser, pour être prêtes quand il faudra aller chercher l’or.
– Laurent Bonadei, sélectionneur
Les joueuses qui ont marqué cette campagne
Impossible de passer à côté de certaines performances individuelles qui ont illuminé cette Ligue des Nations.
- Clara Matéo : but décisif au retour, abnégation, elle incarne la nouvelle génération qui pousse.
- Kelly Gago : entrée salvatrice, sang-froid incroyable, elle a justifié tous les espoirs placés en elle.
- Grace Geyoro : au milieu, elle a tout ratissé, tout récupéré, discrète mais indispensable.
- Pauline Peyraud-Magnin : malgré les buts encaissés, quelques arrêts décisifs qui ont maintenu l’équipe en vie.
Et puis il y a celles qui reviendront plus fortes : Wendie Renard, blessée, a manqué cruellement dans les duels aériens en fin de match. Son retour sera précieux.
Le foot féminin européen n’a jamais été aussi dense
Ce qui frappe à l’issue de cette édition, c’est l’écart qui se réduit à une vitesse folle. L’Espagne domine, ok. Mais derrière, la France, l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas, la Suède… tout le monde peut battre tout le monde. Les matchs sont plus intenses, plus techniques, plus spectaculaires.
Et ça, c’est une excellente nouvelle pour la discipline. Plus de suspense, plus d’enjeux, plus de visibilité. Les stades se remplissent (55 000 à Madrid, c’est énorme), les diffuseurs suivent, les sponsors arrivent. On est en train de vivre la vraie montée en puissance du football féminin en Europe.
Prochain grand rendez-vous : l’Euro 2026
Maintenant, les regards se tournent déjà vers l’Euro 2026 en Suisse. Les Bleues seront attendues. Cette médaille de bronze peut être un tremplin ou un plafond de verre. Tout dépendra du travail effectué d’ici là.
Personnellement, je reste optimiste. Cette génération a du caractère, du talent, et surtout elle apprend de ses échecs. La route est encore longue, mais elle est clairement tracée.
En attendant, bravo aux filles pour ce bronze arraché dans la douleur. Et respect à l’Espagne, qui continue d’écrire l’histoire à l’encre dorée.
Et vous, vous avez suivi ce match retour complètement fou ? Vous mettez la médaille de bronze dans la case « exploit » ou « minimum syndical » ? Dites-moi tout en commentaire, j’ai hâte de lire vos réactions après une soirée pareille.
