Vous est-il déjà arrivé de suivre un débat budgétaire à 3 heures du matin en vous demandant qui, au final, va payer l’addition ? Hier soir, l’Assemblée nationale a vécu exactement ce genre de moment. Un texte présenté comme « technique » par le gouvernement a failli passer à la trappe… avant d’être sauvé par quatre petites voix. Derrière les apparences d’un simple ajustement de fin d’année se cache en réalité une mini-révolution dans la répartition des derniers milliards de 2025.
Et franchement, quand on regarde les chiffres de plus près, on se dit que certains ont dû pousser un sacré ouf de soulagement tandis que d’autres ont serré les dents.
Un vote à suspense digne d’un thriller parlementaire
217 voix pour, 213 contre. À ce niveau-là, on ne parle plus de majorité, on parle de survie. Le gouvernement a réussi à faire adopter son projet de loi de finances de fin de gestion 2025 grâce aux abstentions salvatrices des socialistes et des écologistes, et au soutien du groupe centriste. Sans eux, c’était la douche froide.
Le texte doit maintenant passer au Sénat ce mercredi, mais l’essentiel est acquis : les derniers ajustements budgétaires de l’année sont validés. Et ils ne sont pas neutres.
« Nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce niveau de déficit », a reconnu la ministre des Comptes publics, tout en se félicitant que l’objectif de 5,4 % soit tenu.
Traduction : on reste dans les clous… mais à quel prix ?
Les grands gagnants : ceux qui décrochent des crédits supplémentaires
Commençons par les bonnes nouvelles. Parce qu’il y en a, et elles sont loin d’être symboliques.
- Hébergement d’urgence : des crédits supplémentaires débloqués en urgence. Dans un contexte où les places manquent cruellement, chaque million compte. Les associations de terrain vont pouvoir souffler un peu.
- Outre-mer : +190 millions d’euros pour la sécurité et la lutte contre les incendies. Quand on sait les tensions sociales et les risques climatiques auxquels font face certains territoires, ce n’est pas du luxe.
- Viticulteurs : aides renforcées après une année particulièrement difficile (gel, mildiou, sécheresse). Un geste bienvenu qui montre que le monde agricole reste dans le radar.
- La Poste : missions de service public mieux financées. On oublie souvent que derrière nos colis et nos recommandés, il y a des missions d’intérêt général qui coûtent cher.
Ces renforts ne sortent pas de nulle part : ils ont été négociés en commission mixte paritaire, ce qui montre que le dialogue entre députés et sénateurs peut encore aboutir à des compromis concrets.
Les perdants : là où l’on coupe dans le vif
Maintenant, la face moins reluisante. Parce qu’un budget, c’est toujours une histoire de vases communicants.
Le grand sacrifié ? Le programme France 2030. Pas moins de 1,6 milliard d’euros annulés. Officiellement, il s’agit de crédits non consommés ou reportés. En réalité, c’est un coup dur pour les investissements d’avenir dans l’industrie, la recherche, la transition énergétique.
J’ai beau retourner le communiqué dans tous les sens, difficile de ne pas y voir un signal préoccupant : quand il faut faire des économies rapidement, c’est souvent l’avenir qui trinque en premier.
D’autres secteurs ont aussi été touchés par des annulations ou des gels, même si les montants restent plus discrets. Et puis il y a ces crédits pour les énergies renouvelables que certains dénoncent comme « excessifs » – plus d’un milliard selon certains calculs. Tout dépend du point de vue, évidemment.
Pourquoi ce texte a failli ne jamais passer
Revenons une seconde sur l’ambiance à l’Assemblée. Le Rassemblement national et ses alliés ont voté contre. La gauche de la gauche aussi. Les communistes également. À gauche comme à l’extrême droite, on accuse le gouvernement d’avoir déjà réalisé 36,5 milliards d’euros de coupes dans l’année par décret. Ce texte viendrait juste valider l’addition.
« Voter pour, c’est avaliser des coupes déjà réalisées », a tonné un député de l’opposition.
De l’autre côté, les écologistes et les socialistes ont choisi l’abstention, essentiellement pour ne pas bloquer les crédits d’urgence sur l’hébergement. « On ne joue pas avec la détresse humaine », a résumé une responsable verte. Un pragmatisme qui a sauvé la mise au gouvernement… pour cette fois.
Et maintenant ? Le budget de la Sécu, prochain round
Ce vote n’était qu’une mise en bouche. La vraie bagarre commence cette semaine avec le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Et là, les alliances risquent d’être bien différentes.
Les Républicains et une partie de la majorité ont prévenu : ils trouvent le texte trop généreux sur certains points et trop influencé par la gauche. Sans leur soutien, le gouvernement devra encore marcher sur des œufs.
On le voit bien : chaque voix compte, chaque abstention pèse. Nous sommes dans une période où plus rien n’est acquis à l’avance. Et ça, finalement, ce n’est peut-être pas une si mauvaise nouvelle pour la démocratie.
Ce que ce mini-budget nous dit de la situation réelle des finances publiques
Derrière les chiffres, il y a une réalité brutale : la France termine 2025 avec un déficit de 5,4 % du PIB. C’est exactement l’objectif fixé… mais c’est aussi très loin des 3 % que Bruxelles nous demande. Chaque euro dépensé aujourd’hui est un euro que nos enfants rembourseront demain.
En même temps, fermer le robinet complètement aurait été socialement explosif. Entre la crise du logement, les territoires ultramarins sous tension et un secteur agricole à bout de souffle, il y avait des urgences absolues.
Ce texte est donc un compromis bancal, mais peut-être le seul possible dans le contexte actuel. Il dit beaucoup de choses sur notre pays en 2025 : on sait qu’il faut se serrer la ceinture, mais on n’est pas encore prêts à se priver de tout.
Au final, cette loi de fin de gestion ressemble à un miroir de notre époque : des arbitrages douloureux, des compromis arrachés au forceps, et l’impression persistante qu’on gagne du temps plus qu’on ne résout les problèmes de fond.
Mais dans l’immédiat, certains dorment un peu mieux ce soir : les sans-abri qui auront un toit cet hiver, les pompiers ultramarins qui auront des moyens supplémentaires, les viticulteurs qui tiendront peut-être une année de plus.
Quant aux investissements d’avenir… eh bien, ils attendront. Comme souvent.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Ce genre de compromis à l’arraché vous semble-t-il tenable sur la durée ? Les commentaires sont ouverts, j’ai hâte de lire vos réactions.
