Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, en plein cœur de Paris, on croise plus de valises à roulettes que de poussettes certains week-ends ? Moi oui, souvent. Et visiblement, Emmanuel Grégoire aussi. Le candidat socialiste qui rêve de succéder à Anne Hidalgo en 2026 vient de lâcher une bombe : il veut purement et simplement interdire les meublés touristiques utilisés toute l’année. Finis les appartements transformés en hôtels permanents. On ne garderait que les locations saisonnières, quand les Parisiens partent en vacances. Rien de moins.
Franchement, l’idée fait mouche. Quand on sait qu’il y a plus de 3 500 personnes qui dorment dans la rue et des milliers de logements vides, on se dit qu’il y a comme un bug dans la matrice parisienne. Grégoire, lui, parle de « situation critique » et promet d’agir fort. Très fort même.
Le logement, la priorité absolue d’un candidat qui n’a plus rien à perdre
Emmanuel Grégoire n’y va pas avec le dos de la cuillère. L’ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo, celui qui gérait les finances de la ville pendant huit ans, connaît les chiffres par cœur. Et ils sont effrayants. Des millions de mètres carrés de bureaux vides, des appartements inoccupés depuis des lustres, et en face, des familles qui galèrent à se loger décemment.
Son plan ? Deux axes majeurs, clairs et nets.
1. Réquisitionner massivement les logements et bureaux vacants
Oui, vous avez bien lu : réquisitionner. Pas juste menacer, pas juste discuter avec les propriétaires. Grégoire veut passer à l’acte. Il évoque des surfaces entières laissées à l’abandon pendant que des gens dorment sous les ponts. Le message est brutal, presque révolutionnaire pour un socialiste qui a passé des années à gérer la ville en bon père de famille.
« C’est intolérable d’imaginer qu’il y a 3 500 personnes qui dorment dans la rue alors qu’on a des millions de mètres carrés vides. »
Emmanuel Grégoire, candidat aux municipales 2026
On sent la colère. Une colère maîtrisée, mais bien réelle. Celle d’un homme qui a vu de l’intérieur les limites du système et qui, maintenant libre de toute contrainte exécutive, peut enfin dire ce qu’il pense vraiment.
2. Interdire les meublés touristiques permanents : le coup de grâce contre Airbnb
C’est peut-être LA mesure qui va faire le plus de bruit. Grégoire veut limiter la location touristique aux périodes où les propriétaires sont réellement absents – vacances, week-ends prolongés, etc. Le reste du temps ? L’appartement doit redevenir un logement classique, pour un résident permanent.
Concrètement, cela signifierait la mort des investisseurs qui achètent des studios entiers pour les louer 365 jours par an à des touristes. Et tant pis si certains crient à l’atteinte à la propriété privée. Pour Grégoire, la priorité est claire : un logement, c’est fait pour loger des Parisiens, pas pour faire du rendement financier.
- Seuls les vrais résidents pourraient louer leur logement principal pendant leurs absences
- Finies les sociétés qui gèrent des portefeuilles entiers d’appartements Airbnb
- Retour à la « vocation initiale » du parc immobilier parisien
Est-ce que ça marchera ? Juridiquement, c’est compliqué. Politiquement, c’est explosif. Mais électoralement ? Ça peut faire un carton auprès de tous ceux qui n’en peuvent plus de voir leur immeuble transformé en hall d’hôtel low cost.
L’union de la gauche… mais sans La France insoumise
Autre annonce qui ne passe pas inaperçue : il n’y aura (quasiment) pas de LFI dans la future liste de gauche. Grégoire l’assume totalement. Les discussions seraient « bien avancées » avec les écologistes, les communistes, et même certains macronistes repentis. Mais pas avec les Insoumis.
Pourquoi ? Parce que les deux camps se détestent cordialement. Et parce que certains cadres insoumis ont publiquement déclaré vouloir empêcher l’élection d’un maire socialiste. Difficile de faire plus clair.
Du coup, Grégoire joue la carte du rassemblement « raisonnable ». Une gauche de gouvernement, capable de gérer la ville sans les excès rhétoriques de LFI. Stratégiquement, c’est malin. Reste à voir si les électeurs suivront.
Rachida Dati dans le viseur : l’attaque frontale
On ne présente plus l’affrontement à venir. D’un côté, l’héritier Hidalgo. De l’autre, la ministre de la Culture qui rêve de conquérir Paris. Et Grégoire n’y va pas avec des pincettes.
Son argument massue ? Le cumul des mandats. Selon lui, Rachida Dati utilise son ministère comme une machine de guerre électorale. Et il demande carrément sa démission. Rien que ça.
« Elle doit démissionner. Elle se croit dans une impunité totale. Elle a tort, la justice va lui rappeler. »
Il y a aussi l’histoire du logement social de la sœur de la ministre, alors que cette dernière promet de ne plus en construire. Grégoire parle de « duplicité ». Le mot est lâché. On est clairement dans la phase où les gants sont tombés.
Et Anne Hidalgo dans tout ça ?
Relation compliquée. Très compliquée. Hidalgo avait soutenu son rival lors de la primaire socialiste. Grégoire, lui, dit qu’il n’attend plus « sa tendresse ». Il est reconnaissant du bilan passé, mais lucide sur ce qu’il faut changer.
En clair : il prend ses distances. Pas de rupture brutale, mais une émancipation assumée. Il sait qu’une partie de l’électorat en a assez de l’ère Hidalgo. Et il veut incarner le renouvellement… sans renier totalement le passé. L’exercice est périlleux.
Une stratégie qui vise large
Ce qui est intéressant, c’est que Grégoire ne veut pas se contenter du socle traditionnel de la gauche parisienne. Il le dit lui-même : il faut séduire ceux qui ont voté Mélenchon en 2022, mais aussi ceux qui ont choisi Macron. Voire certains électeurs de droite modérée déçus.
Son seul adversaire ? La droite incarnée par Rachida Dati. Tout le reste est négociable. C’est une stratégie de triangulation classique, mais qui peut fonctionner dans une ville où l’électorat est très volatile d’une élection à l’autre.
Alors, Emmanuel Grégoire a-t-il trouvé la bonne recette pour 2026 ? Interdire les Airbnb permanents, réquisitionner, rassembler la gauche sans les extrêmes et taper fort sur Rachida Dati… c’est audacieux. Peut-être même risqué.
Mais une chose est sûre : il a décidé de jouer le tout pour le tout. Parce qu’à Paris, en matière de logement, les demi-mesures ne passent plus. Les Parisiens veulent du concret. Et vite.
Les 15 et 22 mars 2026, on saura si le pari était le bon. En attendant, une chose est certaine : la campagne est lancée. Et elle promet d’être intense.
(Article mis à jour le 3 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
