Vous vous souvenez de ce sentiment, juste après un quart de finale perdu, quand on se dit que la prochaine fois sera la bonne ? Moi oui. Très bien même. Et ce mercredi 3 décembre 2025, quand le tirage au sort de la Coupe du monde 2027 en Australie a été dévoilé, j’ai senti comme un frisson d’espoir traverser tout le rugby français. Parce que, soyons honnêtes, on a souvent eu la poisse ces dernières années. Cette fois, les dieux du ballon ovale semblent nous avoir écoutés.
Le XV de France tombe dans la poule E avec le Japon, les États-Unis et les Samoa. Sur le papier ? Un groupe plutôt clément. Voire très clément. Mais dans le rugby moderne, le papier ne veut plus dire grand-chose. Alors prenons le temps de décortiquer tout ça, tranquillement, comme on aime le faire entre passionnés.
Un tirage qui fait du bien au moral
Depuis 2011, les Bleus n’ont jamais passé le cap des quarts de finale en Coupe du monde. Trois éditions, trois désillusions. La dernière en date, à domicile, contre l’Afrique du Sud, reste encore dans toutes les gorges. Alors quand on voit ce groupe 2027, on ne peut pas s’empêcher de sourire. Un peu.
Pas d’Afrique du Sud, pas de Nouvelle-Zélande, pas d’Irlande dans la même poule. Les têtes de série ont été respectées, et la France, cinquième nation mondiale au moment du tirage, a évité les gros poissons du chapeau 1 et du chapeau 2 les plus effrayants. C’est déjà une immense victoire psychologique.
Le Japon : le vrai test du groupe
On va commencer par le morceau le plus sérieux : le Japon. Oui, celui qui nous a battus en match de préparation avant le Mondial 2023 (remember le 34-34 à Toulouse ?). Les Brave Blossoms ne sont plus une surprise. Depuis 2015 et leur exploit contre les Springboks, puis 2019 où ils atteignent les quarts à domicile, le rugby japonais a franchi un cap irréversible.
Ils jouent vite, très vite. Un rugby de mouvement, ultra-discipliné, avec une mêlée qui tient la route et une défense agressive. Jamie Joseph a laissé la place, mais le système reste. Et attention : en 2027, ils auront encore progressé. Leur championnat, la League One, attire de plus en plus de stars étrangères. Leurs joueurs évoluent dans les meilleurs clubs européens. Ce ne sera pas une promenade de santé.
« Le Japon, c’est l’équipe la plus dangereuse du chapeau 2. Si on les prend à la légère, on peut le payer très cher. »
Un ancien international français, en off, juste après le tirage
Et pourtant… quelque part, ce match sent la revanche. Les Bleus leur doivent une correction après les émotions contradictoires de ces dernières années. Ce sera probablement le choc d’ouverture ou de clôture de poule. Un rendez-vous à ne pas rater.
Les Samoa : la puissance brute à respecter
Ah les Samoa… Quand on parle de rugby du Pacifique, on parle d’intensité, de physique, de guerre des rucks. Les Samoans, c’est simple : ils cognent. Fort. Très fort. Et ils n’abandonnent jamais. Souvenez-vous du match de 2023 en phase de poule : 30-26 pour la France, mais au prix de combien de bleus (littéralement) ?
En 2027, ils risquent d’être encore plus dangereux. Beaucoup de leurs joueurs évoluent en Top 14 ou en Premiership. Leur culture rugby est intacte, leur fierté aussi. Et surtout, ils joueront probablement ce match comme une finale. Parce que pour eux, battre la France, c’est rentrer dans l’histoire.
- Points forts samoans : impact physique monstrueux, défense agressive, individualités capables de tout faire basculer (pensez à un certain Seilala Mapusua version 2.0)
- Points faibles : parfois un manque de discipline, des cartons qui peuvent coûter cher
- Clé du match pour les Bleus : tenir le rythme en première période, user leur banc limité, accélérer après la 60e minute
Les États-Unis : l’outsider qui monte
Sur le papier, c’est l’adversaire le plus faible. Mais attention à ne pas tomber dans le piège de l’arrogance. Les Eagles progressent à vitesse grand V. La Major League Rugby attire de plus en plus de talents. Des joueurs comme AJ MacGinty ou Cam Dolan connaissent parfaitement le rugby européen.
Et puis, il y a un facteur X : l’engouement. Aux États-Unis, le rugby explose. Les matchs de Coupe du monde seront diffusés en prime time. Les stades seront pleins. L’ambiance risque d’être folle. Un peu comme l’Argentine en 2007. Personne ne les voyait, et pourtant…
Pour la France, ce match doit être gagné avec le bonus offensif. Pas le choix. Parce que la différence de points pourrait compter en cas d’égalité. Et on sait que ça arrive souvent dans ces poules déséquilibrées.
Et les autres poules ? Petit tour d’horizon
Pendant que les Bleus respirent, certains vont déjà se mettre la pression maximale. Regardez la poule A : Australie – Nouvelle-Zélande dès le match d’ouverture. Un classique qui sent la poudre. L’Afrique du Sud, double tenante du titre, tombe avec l’Irlande. Un remake du quart 2023, mais dès la phase de poules. Ça promet.
Le Pays de Galles avec l’Argentine et les Fidji ? Une poule de la mort déguisée. L’Écosse avec les Tonga et l’Italie ? Plus équilibré qu’il n’y paraît. Bref, le tableau est magnifique. Du suspense partout. Sauf… chez nous. Et c’est tant mieux.
| Poule | Équipes | Niveau de danger |
| A | Australie, Nouvelle-Zélande, … | ★★★★★ |
| B | Afrique du Sud, Irlande, … | ★★★★★ |
| E (France) | France, Japon, Samoa, USA | ★★★☆☆ |
Les vrais enjeux pour les Bleus : au-delà de la poule
Sortir premier de poule, c’est bien. Mais après ? Tout dépend du classement final. Si la France termine première, elle évitera probablement un cador en quart. Si elle termine deuxième… bonjour le mur. On pourrait retrouver les All Blacks, les Springboks ou l’Irlande dès les quarts. Et là, plus de cadeau.
D’où l’importance de prendre les 15 points (ou presque) dans cette poule. Bonus offensif contre les États-Unis et les Samoa si possible. Une victoire propre contre le Japon. Tout doit être calculé. Le rugby moderne, c’est aussi ça : la gestion du tableau.
Et puis il y a l’histoire. Depuis 1987, la France n’a jamais remporté la Coupe du monde. Trois finales, zéro titre. En 2027, beaucoup des cadres actuels (Dupont, Ntamack, Alldritt…) seront encore là. Peut-être la dernière chance pour cette génération dorée ? L’Australie, terre de tous les possibles. Souvenez-vous de 1987… déjà finaliste là-bas.
Le chemin semble dégagé jusqu’aux quarts. Après, tout sera possible. Mais pour la première fois depuis longtemps, on a le droit de rêver. Vraiment.
Alors oui, ce tirage est une bonne nouvelle. Peut-être la meilleure depuis longtemps. Mais dans le rugby, rien n’est jamais acquis. Le Japon nous l’a prouvé. Les Samoa aussi. Même les États-Unis pourraient créer la surprise un jour.
Moi, je retiens une chose : pour la première fois depuis 2011, les Bleus ont un vrai coup à jouer. Pas de fatalité. Pas de montagne dès les poules. Juste du travail, de l’envie, et un peu de chance – celle qu’on n’a pas eue ces dernières années.
Rendez-vous le 1er octobre 2027 à Perth, Brisbane ou Sydney. Le coq va chanter fort. Très fort. Et cette fois, personne ne pourra nous arrêter.
Allez les Bleus.
