Imaginez la scène : vous êtes dans la salle du Cabinet, l’air est chargé d’électricité, les caméras tournent, et le président des États-Unis lâche une phrase qui fait l’effet d’une petite bombe. « Ce ne sera pas moi. » Trois ans avant l’échéance, Donald Trump enterre définitivement l’idée d’un troisième mandat en 2028. La Constitution est formelle, deux mandats maximum. Mais ce qui retient vraiment l’attention, c’est la suite : son successeur est déjà là, assis autour de cette même table.
Finies les spéculations sur un hypothétique comeback. Le message est clair, presque brutal dans sa simplicité. Et pourtant, derrière cette annonce presque anodine se dessine déjà la prochaine grande bataille politique américaine. Parce que quand Trump parle, le Parti républicain écoute. Et quand il désigne une direction, tout le monde se met au garde-à-vous.
La passation de pouvoir a déjà commencé
Ce n’était pas une conférence de presse classique. C’était une sorte de sacre informel. En pointant du doigt les membres de son administration réunis autour de lui, Trump a transformé une simple réunion de cabinet en véritable lancement de campagne… pour quelqu’un d’autre. « Ce sera probablement quelqu’un qui est assis ici », a-t-il glissé, un sourire en coin. Traduction : l’héritier est déjà choisi, ou du moins fortement encouragé.
Et la photo prise ce jour-là vaut de l’or. On y voit clairement les visages qui comptent désormais :
- JD Vance, le vice-président, calme et déterminé
- Marco Rubio, secrétaire d’État, tout en finesse
- Pete Hegseth, à la Défense, incarnation du trumpisme pur
- Kristi Noem, Sécurité intérieure, chouchoute de la base
- Pam Bondi, Justice, fidèle parmi les fidèles
- Scott Bessent au Trésor, et même Robert Kennedy Jr à la Santé
Cette image, c’est déjà la couverture du futur livre d’histoire politique 2025-2028.
JD Vance, le dauphin évident
Difficile de faire plus clair. Depuis des mois, Trump répète que son vice-président est l’homme de la situation. En août déjà, il avait laissé entendre que Vance avait toutes les chances de prendre la relève. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : à mi-novembre, il caracolait à plus de 52 % dans les intentions de vote pour les primaires républicaines. Plus de quarante points d’avance sur le deuxième. C’est énorme.
Ce qui frappe avec Vance, c’est sa trajectoire. L’auteur de Hillbilly Elegy, ancien critique virulent de Trump, reconverti en disciple absolu. Il a su incarner le renouveau du Parti républicain : jeune (41 ans), issu de la classe ouvrière, ancien Marine, et surtout capable de parler à la fois à la base populiste et aux conservateurs plus traditionnels. Son discours lors de la campagne 2024 avait déjà marqué les esprits. On sent qu’il a été choisi pour ça.
« C’est fort probable… c’est le vice-président »
– Donald Trump, quelques mois plus tôt
Et quand Trump dit ça, ce n’est pas une simple politesse. C’est une consigne de vote.
Marco Rubio, l’outsider qui monte très haut
Mais il y a un hic. Et ce hic s’appelle Marco Rubio. Le sénateur de Floride, ancien rival de Trump en 2016, reconverti en fidèle lieutenant au Département d’État, revient en force. Ces dernières semaines, Trump a multiplié les compliments à son égard. Il a même évoqué publiquement l’idée d’un ticket Vance-Rubio. Oui, vous avez bien lu : président Vance, vice-président Rubio. Ou l’inverse ? Le flou est savamment entretenu.
Rubio apporte ce que Vance n’a pas encore complètement : l’expérience internationale, la maîtrise parfaite des dossiers de politique étrangère, et surtout une capacité à parler aux modérés et aux Latinos (il est d’origine cubaine). En 2016, il avait déjà montré qu’il savait tenir tête à Trump sur un débat. Aujourd’hui, il a retourné sa veste avec une certaine élégance. Et ça marche.
D’ailleurs, Trump l’a dit sans détour : un tandem Vance-Rubio serait « inarrêtable ». Le mot est fort. Et dans la bouche de Trump, ça pèse.
Les autres prétendants dans l’ombre
Mais restons prudents. L’histoire des primaires républicaines nous a appris une chose : rien n’est jamais écrit d’avance. Surtout quand Trump est dans les parages.
Plusieurs noms circulent encore avec insistance :
- Ron DeSantis – Le gouverneur de Floride n’a jamais vraiment digéré sa défaite en 2024. Il a les moyens, l’organisation, et une base solide.
- Nikki Haley – L’ancienne ambassadrice à l’ONU reste populaire chez les républicains plus modérés. Elle pourrait jouer les trouble-fête.
- Greg Abbott – Le gouverneur du Texas incarne la ligne dure sur l’immigration. Un thème qui parle toujours à la base.
- Kristi Noem – La gouverneure du Dakota du Sud a le profil de la conservatrice pure et dure. Très appréciée des évangéliques.
- Pete Hegseth – Le nouveau secrétaire à la Défense plaît énormément à l’aile populiste et aux vétérans.
Et puis il y a Donald Trump Jr. Oui, le fils. Il flirte avec les 10 % dans certains sondages. Dynastie, quand tu nous tiens…
Pourquoi cette annonce tombe maintenant
On pourrait se demander : pourquoi Trump clarifie les choses dès décembre 2025 ? La réponse est simple. Il veut structurer la succession. Éviter le chaos de 2024, où une dizaine de candidats s’étaient déchirés pendant des mois. Cette fois, il pose ses pions très tôt. Et en désignant Vance et Rubio, il envoie un message clair aux autres : alignez-vous, ou préparez-vous à une guerre.
C’est du Trump tout craché. Il part, mais il ne lâche rien. Il restera le kingmaker. Celui qui, d’un tweet ou d’un dîner à Mar-a-Lago, pourra faire basculer une primaire. L’homme ne quittera jamais vraiment la scène.
Ce que ça change pour le Parti républicain
À court terme ? Pas grand-chose. Trump reste ultra-populaire. Sa marque domine toujours. Mais à moyen terme, c’est une autre histoire. Le trumpisme sans Trump, ça tient la route ? Vance et Rubio incarnent deux versions légèrement différentes du mouvement : l’un plus populiste et protectionniste, l’autre plus interventionniste à l’international et ouvert sur certains sujets sociétaux.
La grande question, c’est de savoir si la base suivra un candidat qui n’a pas le charisme brut de Trump. Parce que soyons honnêtes : personne ne remplace vraiment Donald Trump. Il est unique. Son style, son énergie, sa capacité à remplir des stades… tout ça va cruellement manquer en 2028.
Mais en politique, le vide appelle toujours un remplaçant. Et cette fois, il y a du lourd sur la ligne de départ.
Et les démocrates dans tout ça ?
Ils regardent, amusés et inquiets à la fois. Amusés parce que voir les républicains se mettre déjà en ordre de bataille alors que le mandat vient à peine de commencer, ça sent la division. Inquiets parce qu’un ticket Vance-Rubio bien huilé, soutenu par Trump jusqu’au bout, ça reste un cauchemar électoral.
Pour l’instant, personne ne se bouscule vraiment côté démocrate. Kamala Harris ? Gavin Newsom ? Gretchen Whitmer ? Tout le monde attend de voir comment tourne le mandat Trump 2.0. Mais une chose est sûre : la campagne 2028 a déjà commencé. Et elle promet d’être historique.
Conclusion : l’héritage plus fort que l’homme ?
En disant « ce ne sera pas moi », Trump n’a pas fermé une porte. Il en a ouvert une immense. Celle d’un Parti républicain qui va devoir prouver qu’il n’est pas qu’un homme, mais bien un mouvement. Que le MAGA peut survivre à son fondateur.
J’ai personnellement toujours pensé que le vrai test du leadership, c’est la succession. Reagan avait réussi avec Bush père. Bush père avait échoué avec la suite. Obama avait laissé un parti en miettes. Trump, lui, a une chance unique : désigner et imposer son héritier avant même de partir.
S’il y arrive, il entrera dans une catégorie à part. Celle des leaders qui ont non seulement gagné des élections, mais qui ont durablement transformé leur camp. Et ça, même ses pires ennemis devront le reconnaître.
2028, ce n’est plus dans trois ans. C’est demain.
Et quelque part, autour de cette table ovale, l’avenir de l’Amérique est déjà en train de s’écrire.
